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Critique de pasiondelalectura


Près du coeur sauvage (1944) est son premier roman, écrit paraît-il à l'âge de 17 ans et publié seulement en 1944. le titre émane du livre de James Joyce A portrait of the Artist as a Young Man de 1916 , livre cité en épigraphe du roman.
C'est une lecture qui m'a coûté beaucoup d'effort pour tenir jusqu'à la fin.

C'est un plongeon dans un monde introspectif, dans la conscience d'un être dont les contours sont flous, avec discours auto-centré et incohérent et peu d'action pour aller nulle part. Joana est le personnage principal, une femme jeune , pas trop jolie, avec une enfance difficile, qui va se marier avec Otavio, puis se séparer, qui aura (ce n'est pas sûr) une liaison avec « l'homme » (est-ce un rêve?); la protagoniste passe son temps à se penser, s'analyser, a émettre des digressions répétitives. Il y a énormément de répétitions dans le texte. Par moments j'avais l'impression d'avoir à faire à une personnalité multiple, un peu schizoïde, impossible à cerner. C'est une lecture qui dérange, qui promène le lecteur par des chemins détournés.

J'avoue avoir cherché des éclairages sur ce livre parce que toute seule je n'arrivais pas à conclure.

Dans ce que j'ai pu lire à droite et à gauche, j'ai lu que Lispector aurait un style a rapprocher de celui de Joyce et de Virginia Woolf avec une discontinuité narrative, une rupture avec le principe de causalité, un monologue intérieur omniprésent, une intériorisation de l'action romanesque; le tout donnerait une vague idée de ce qui est la conscience individuelle.

Dans un excellent article de Marc Weitzmann, il est écrit que Madame Lispector se présentait ainsi : « J'ai d'abord voulu être les autres afin de connaître ce que je n'étais pas. Alors j'ai compris que j'avais déjà été les autres et c'était facile. Ma plus grande expérience serait le tréfonds des autres, et le tréfonds des autres, c'était moi ».

C'est une écriture assez abstraite, introspective en permanence avec quelqu'un qui s'analyse tout le temps et qui voit le monde de façon si impersonnelle, comme détachée. Cette écriture exsude de l'angoisse, l'angoisse du quotidien, les doutes à tous les niveaux, mais il faut lui reconnaître un certain raffinement.

J'ai lu aussi que Clarice Lispector aurait été la première à faire de son corps et de ses sensations, la conscience de son écriture et la matière de son style. Elle aurait eu la prétention de rendre sur le papier le flux de la conscience.

Dès la première page apparaît la mort, c'est un vocable répété plusieurs fois dans le livre; c'est un texte assez noir. Ce qui me paraît stupéfiant, c'est que l'auteure ait pu écrire un texte de cette teneur à 17 ans ! Mais d'où a-t-elle tiré le côté métaphysique de ce texte (qui n'est pas une histoire)?. Elle avait lu Joyce, puisqu'elle le cite et en prend une phrase pour le titre. Lire et comprendre Joyce à 17 ans ?(une étrange prouesse).

La publication de ce texte est à situer dans le climat littéraire brésilien de 1940, dit de la « génération de 45 » qui baigne dans le post modernisme (=rupture avec le réalisme du XIX avec un style « courant de conscience » à la façon de V Woolf). Étonnant.
Merci à Babelio et aux Editions des femmes pour leur confiance.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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