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Citations sur Les Yeux fardés (52)

David et moi étions très motivés par notre nouvelle tâche. Nulle fatigue n'aurait pu nous empêcher de nous rendre à la gare pour accueillir tous les réfugiés que nous pourrions trouver.
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Germinal, il y a quelques années j'ai lu un livre où on raconte que souvent, trop souvent, les pères meurent sans avoir dit à leurs enfants combien ils les aiment. Je sais que je ne me suis pas toujours bien occupé de toi, avec tout ce travail sur les quais et pour ce militantisme de merde, mais à présent, avant d'y aller, je voudrais te le dire. Mieux encore, je voudrais que tu m'entendes te le dire : je t'aime Germinal. Tu es ce que j'aime le plus au monde. Je voudrais que ça reste gravé dans ta tête, aussi vide que la mienne, me dit-il en souriant et en caressant mes cheveux.
Tu es mon fils, la personne que j'aime le plus au monde.
Je compris qu'il était en train de me faire ses adieux au cas où il ne reviendrait pas. Je ne pus éviter de fondre en larmes, à mon grand dam, car je voulais qu'il me voie à ses côtés comme un garçon courageux, et pas comme un petit pleurnicheur à la manque.
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Soudain, voyez-vous, nous apprîmes à jauger l'honneur à l'aide de nouvelles mesures. Nous commencions à comprendre que, dans très peu de temps, nous allions complètement assimiler le fameux "ça-aurait-pu-être-pire" qui, désormais, deviendrait une clé pour survivre aux pleurs les plus intimes de notre esprit. Ce n'étaient certainement pas les premiers morts que nous voyions, David et moi. Le jour du soulèvement des putschistes, nous en avions déjà vu beaucoup, mais il y avait cependant une différence, car la position qu'avaient conservée leurs corps dans la mort attestait qu'ils avaient lutté pour une chose qu'ils considéraient comme importante. Cette fois-ci, non. On adoptait brusquement une nouvelle méthode pour tuer des gens qui ne savaient pas pour quelle raison ils mourraient, qui mourraient pour rien. C'était ce qu'on appelle cyniquement aujourd'hui des victimes collatérales, dont tout le monde sait qu'elles sont devenues la marchandise la plus prisée de la guerre moderne : l'élimination massive de la population civile qui se trouve loin du front et des combats. Je crois bien que tout cela a été inventé pendant la guerre civile espagnole, en 1936. Guernica en est le symbole et ma ville Barcelone un champ d'expérimentation pour ces assassins.
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C’est souvent pendant les cataclysmes de l’humanité, Monsieur le réalisateur -vous permettez que je vous appelle Lluís ? -, que la noirceur et l’égarement intimident le monde, et que surgit la lumière solitaire des gens. Et ces petites, ces infimes particules de toute une collectivité prennent une dimension épique qui se répand avec une puissance inédite et finit par illuminer l’existence de ceux qui les entourent et, de temps en temps, de l’humanité tout entière.
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Et de l’autre, je vais être sincère avec vous : jamais jusqu’à aujourd’hui, je n’ai entendu la voix des fascistes qui ont gouverné l’Espagne pendant quarante ans par le sang de cette guerre demander pardon pour leur responsabilité dans tous ces massacres, qui se prolongèrent longtemps après la victoire. Jamais. Et je n’ai jamais entendu le moindre regret des catholiques non plus, ni une mise au point critique des communistes, ni des républicains de telle ou telle tendance, qui furent cependant souvent responsables d’incroyables atrocités. Alors ce n'est pas moi qui vais me mettre à présent à rendre responsables les miens, les groupes libertaires, de tout ce qui s’est passé. Pendant plus de Soixante ans, tous les acteurs de cette époque ont transformé le mouvement anarchiste en une grandiose décharge où chacun est venu déverser ses propres immondices, pour mieux les cacher. Et il faudrait que ce soit moi qui vienne maintenant y épandre mes propres remords ? non ! il n'en est pas question.
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Ma mère l'écoutait absolument fascinée. Elle prit conscience de son idéalisme politique dès le premier jour où elle l'apercut, avec ses yeux bleus remplis d'horizon inatteignables, assis discrètement là, dans un coin du Paradis, beau et insolent, lui commandant café sur café, tandis que de son côté elle n'arrêtait pas de rouler des hanches pour lui signifier qu'elle aimait les hommes dans son genre.
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Les senteurs de la mer étaient là, dans notre quartier, suspendues dans l'air et toujours prêtes à ce que n'importe quelle brise les fasse circuler le long du réseau des ruelles, passer par les minuscules portes des maisons, grimper les escaliers modestes et sombres jusqu'à nos étages, pour pénétrer dans les appartements et prendre possession des objets, des armoires, des tapis, des draps... Mais c'est surtout de nous qu'elles prenaient possession.
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Dans ces conditions, on ne peut pas s'étonner que, même s'ils se sentaient menacés depuis quelques temps, à partir de ces évènements, les existences de mon père et Sylvestre n'aient plus eu la moindre valeur. Les radicaux d'extrême droite comprirent qu'ils avaient désormais le champ libre et, se sachant protégés par les hautes sphères du pouvoir, entreprirent de persécuter et d'éliminer tous les gens fichés. C'est ainsi que mon père commença à regarder attentivement avec les yeux qu'il avait derrière la tête.
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L'autorité de la connaissance s'imposait par la conviction plutôt que par la coercition. Je me souviens... Comment était-ce déjà ?... Ah oui. La devise de l'école était la suivante : "Apprendre à Penser, à Ressentir, à Aimer".
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Je suis tombé sur ce livre laissé par une amie lors de son séjour chez moi. Je l'ai dévorée en me retrouvant dans l'époque de prédilection de mes lectures depuis plusieurs années: la guerre civile espagnole. J'ai dévoré l'histoire de Germinal et son enfance dans la Barceloneta, avec ses amis, sa famille, le dur travail au port, les années lumineuses de l'école de la mer. J'ai vécu avec ces familles amies de toujours et dont les liens sont solides. J'ai aussi vécu au plus profond de ce quartier et de ces protagonistes la lutte pour la liberté et le non au fascisme; j'ai compris comment les évènements ont été vécus par les habitants de Barcelone et le pourquoi des antagonismes entre les forces qui luttaient pour la république...Merci à Lluis LLache pour ce beau roman. Je félicite au passage Serge Mestre, le traducteur, je m'étais déjà régalée avec la lecture de sa traduction du Bourreau de Gaudi (de Aro Sainz de la Maza). Pour ne pas quitter trop vite cette belle histoire, je me suis replongée dans la lecture du roman de Serge Mestre La lumière et l'Oubli, qui traite de la suite de l'histoire (post-guerre) à travers la vie de deux adolescentes. Et puis je viens de trouver Les femmes de la Principal de Lluis LLach, qui m'a ravit aussi.
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