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EAN : 9782330080938
320 pages
Actes Sud (03/05/2017)
3.93/5   192 notes
Résumé :
Lorsqu’en 1893 le phylloxéra s’abat sur les vignes catalanes, Maria a vingt ans et, pour son malheur, quatre frères. L’avenir de la famille se jouera désormais à Barcelone, où le patriarche a commencé d’établir ses fils. La décision est irrévocable et Maria le sait : nulle place pour elle dans ce plan. Elle restera au village pour porter haut les couleurs de la famille, condamnée à dépérir auprès des ceps infectés. Pour prix du sacrifice, lui reviendront en héritage... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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Décidément, cette littérature espagnole recèle d'excellents auteurs avec lesquels, je prends un réel plaisir de lecture à cheminer en leur compagnie.

Après « Les yeux fardés » dont le récit m'avait particulièrement enthousiasmée, émue, racontant ce quartier populaire de la Barceloneta au moment où Barcelone bascule dans la guerre civile, je me suis délectée de la lecture de ces femmes de la Principal. L'auteur confirme son talent mais dans un registre différent même si le cadre historique est toujours le même.

Lluis LLach n'en finit pas de nous parler de cette époque où l'Espagne courbe l'échine sous le franquisme et de toutes les passions qui accompagnent cette période. Il y a des moments où l'ambiance devient, en fond de narration, comme oppressante si la sensibilité de la lectrice ou du lecteur s'y prête.

L'héroïne de ce roman c'est la Principal, un domaine viticole situé à Pous, en région catalane. le récit démarre en 1893. le propriétaire, Andreu Roderich, cède le vignoble atteint du phyloxéra à son unique fille, Maria, vingt ans. Quant à ses quatre fils, bien dotés, ils deviennent des notables barcelonais. Maria donne naissance à une lignée de Maria, trois générations de femmes aux caractères bien trempés, possédant des personnalités différentes, bigote, franquiste, ou bien passionnée, clairvoyante, avisée, pour terminer en 2001 avec la dernière Maria totalement émancipée en femme de son époque. Et puis il y a Ursula, nourrice, qui traversera toutes les crises, toutes les victoires des Maria sans jamais baisser les bras, grande protectrice de ses « petite ou gamine ». Ce sont leurs combats que nous racontent Lluis LLach pour maintenir cette propriété en pleine activité et leurs luttes incessantes dans un monde viticole masculin.

Afin de rendre très attractive cette lecture, l'auteur pimente son roman d'une énigme policière. Un crime atroce qui a eu lieu la veille de la guerre civile, évincé par les évènements, et resté sans suite. Mais en 1940, un inspecteur, très inspiré par Agatha Christie, particulièrement consciencieux et conscient de ses prérogatives, décide de rouvrir le dossier et de remonter le temps. C'est un peu le fil rouge de la narration, ce qui permet de remonter le temps tout en donnant une cohésion au récit et d'appréhender la société de l'époque.

C'est une histoire passionnante, romanesque, très fluide, très agréable à lire tout en restant très consistante sur les particularités de ce régime unique : les abus de pouvoir et les relations qui en découlent, l'injustice, les apparences et la religion catholique instituée en religion d'État. Les personnalités sont très bien travaillées et donnent du relief à l'histoire de la Principal. C'est une lecture parfaite pour s'offrir un moment de détente tout en restant au plus près de l'histoire de cette période trouble.


J'y ai aussi trouvé quelques messages sous jacents que chacune, chacun interprétera à sa façon, selon sa philosophie.

J'ai retrouvé les thèmes chers à Lluis LLach qui figuraient aussi dans « Les Yeux fardés » : l'homosexualité, la résistance, l'église, le désir.

Je souligne ici la très belle photographie de Jacques Henri Lartigue qui attire de suite le regard comme celle des « Yeux fardés » que j'avais aussi remarquée.


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Deuxième livre de cet auteur
Un magnifique essai transformé :
Deux lectures passionnantes !
Un clin d'oeil fardé à l'ami Babelio
Qui m'a permis de découvrir cet auteur
Hasta la littérature siempre !

LIuis LIach souffle dans ses livres le vent puissant de l'histoire, de sa plume libérée ses convictions humanistes et nous emporte ainsi dans sa création littéraire.
Un hommages aux femmes de sa lignée !
Dans un paysage humain, social et politique, il raconte l'histoire de ces femmes dans le monde rural, comment elles devaient gérer la vie, les rapports sociaux même les rapports sexuels… survivre au machisme, à la morale catholique et civique et se défendre de tous les dangers de cette époque sous le franquisme !

Au coeur de la Catalogne, la Principal immense domaine viticole qui fait vivre la région et enrichit ses propriétaires. Elle appartient à la famille Roderich.
Les femmes de la Principal
Elles s'appellent toutes Maria, trois générations de femmes qui vont s'imposer dans ce milieu masculin de la vigne.
En 1893 la première Maria a vingt ans lorsque le phylloxéra s'abat sur les vignes catalanes.
Son père visionnaire, a établi ses quatre frères à Barcelone afin qu'ils terminent leurs études et démarrent des carrières de notables.
Maria qui n'est que la fille de cette fratrie restera au village, condamnée à dépérir auprès des ceps infectés, enterrée vivante sous les pierres de cette maison, simplement parce qu'elle est une femme !
Sauf si son père ne lui dit pas tout …
Elle n'a que vingt ans et elle est surnommée « la vieille ». Elle va se battre et redonner au domaine ses lettres de noblesse.
Une Maria courageuse, fière, intelligente dotée d'un caractère bien trempé.
Si je ne devais retenir qu'un passage de ce livre, ce serait cette inoubliable scène chez le notaire, au moment de l'héritage.
Une revanche sublimée pour cette fille face à ses frères.
Jubilatoire : je l'ai lu deux fois !!
Elle épouse Narcis Magi un esthète cultivé, romantique, différent des autres avec ses valeurs singulières pour l'époque. S'il n'a pas comblé son attente « la volupté des corps », il lui a ouvert un espace abstrait de liberté et à sa mort les fenêtres se sont refermées : elle a terminé sa vie seule franquiste et bigote.

Ils auront une fille Maria « la senyora » libérale, émancipée, elle reprend le flambeau, méprise toutes les règles mais continue de s'en servir et en profiter.
Elle est amoureuse d'un « indéfini », un bisexuel LIorenç - personnage émouvant - et pour satisfaire son désir et son amour tumultueux, elle va se rebeller, tourner le dos à toutes les règles établies et prendre le risque d'écouter ses sentiments.

La troisième Maria contemporaine recueillera l'héritage et les écrits de son père.

Et puis il y a la force tranquille de cette maison Ursula, la nourrice, engagée à l'âge de quatorze ans comme « bonne à tout faire » et amenée « à tout faire » avec Mr Andreu !!!
Elle sera là pour les deux premières Maria « ses gamines » leur offrira un dévouement sans faille .
Un personnage attachant, perspicace : la sagesse contenue.

Cet univers bourgeois, ces femmes fortes, intelligentes, fières, excentriques, indépendantes et belles :
c'est déjà beaucoup !
Mais en plus très riches, ça aide !
J'ai craint un instant la caricature mais l'habileté de l'auteur est d'entretenir une certaine ambiguïté, l'ambivalence de ses personnages.
Il mène de front cette saga et l'enquête policière : une intrigue qui tient et captive le lecteur de bout en bout.
C'est le second souffle à ce récit !
L'inspecteur Recader à qui il donne le mauvais rôle car du mauvais côté : celui du pouvoir franquiste et répressif. Mais il se révèle intelligent et sensible !
LIuis LIach est dans la nuance et le suspens !

J'ai aimé traverser ce siècle guidée par cette voix, ce visage qui incarne la lutte, la résistance contre le fascisme, contre le franquisme, imprégnée des quelques notes égrenées par son piano .....









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Trois femmes puissantes, ces Maria, mère, fille, & petite fille, qui dirigent avec maestria le domaine viticole de la Principal. La Vieille et la Senyora surtout sont de beaux personnages féminins, originaux et surprenants - la dernière Maria, nettement moins étonnante, plus bavarde, fait à vrai dire un peu pâlotte à côté.
Mais il y a d'autres personnages qui m'ont beaucoup plu - c'est peut-être même le petit défaut de ce livre, d'avoir trop de bons personnages, on n'a pas suffisamment le temps de s'attacher à chacun d'eux autant qu'il le mériterait - c'est qu'elles ont bon goût les Maria, du moins la Vieille et la Senyora, elles savent choisir un mari. Comment ne pas être, comme la Vieille, sensible au charme de Narcis Magis, exerçant consciencement et avec raffinement ce qui chez lui s'apparente à une vraie profession (pour laquelle je me sentirais comme une profonde vocation): ne rien faire, si ce n'est lire, se promener, réfléchir? Et, du début à la fin, au charme de la belle folie des amours de la Senyora, si loin du convenu et de l'attendu?
Surtout que cette histoire d'amour participe avec piquant et de façon bien ingénieuse et réjouissante à l'intrigue policière. Et aussi à la dimension anti-franquisme, anti-hypocrisie que Lluís Llach, auteur de l'Estaca, hymne catalan de résistance à Franco, sait construire de façon très habile et prenante.
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Les femmes de La Principal, propriété viticole mise à mal par le phylloxéra en 1893, sont au coeur de cette intrigue qu'elles dominent de bout en bout.

Ce sont les trois « Maria » :
Maria Roderich, fille d'Amadeu Roderich et Blanca Basses, qui hérite de la propriété « La Principal » à la mort de son père, surnommée « la Vieille » par tout le village alors qu'elle n'a que 20 ans.
« Nul doute que cette femme possédait un fort caractère et menait l'hacienda comme si elle avait géré une caserne."
Elle se choisira pour mari Narcîs Magì, fils unique de commerçants de Rius, homme paisible, cultivé, pour lequel « ne rien faire se révéla une véritable profession ». Il amènera à La Principal son piano à queue noir et des livres.

Sa fille Maria Basilla Magì i Roderich née en 1910, surnommée la Senyora, va braver tous les interdits en prenant pour amant Llorenç fils de Neus la cuisinière qui aime aussi bien les hommes que les femmes. Elle finira par l'épouser.

Quant à la petite fille Maria Costa, fille de Llorenç Costa, femme d'affaires efficace, elle poursuit le développement des ventes à l'exportation de vins Carignan de La Principal et préfère par-dessus tout son indépendance. Même si elle aurait aimé avoir elle-aussi une fille, son désir de rester libre et indépendante l'a emporté
Elle entretient une belle complicité avec son père Llorenç.

Aux trois Maria on peut ajouter Ursula la nourrice qui a eu une fille qui ressemblait étrangement à Amadeu Roderich, et Neus Costa, la cuisinière mère de Llorenç. Elles ont toute la confiance de leurs maîtresses, et font, d'une certaine manière, partie de la famille. Ursula, Neus, Llorenç et Caterina sa soeur sont les seuls domestiques autorisés à dormir dans la maison.

On sent la joie malicieuse de l'auteur qui prend un malin plaisir à se glisser dans la personnalité des trois Maria qu'il admire et aime. Trois femmes qui savent louvoyer pour prendre et garder la main dans ce monde d'hommes. Trois femmes qui se jouent de tous les pouvoirs qu'ils soient familial, politique, policier ou ecclésiastique.
Trois femmes libres qui, sous des dehors autoritaires et indépendants, sont par-dessus tout de grandes amoureuses de leur terre et des hommes qu'elles se choisissent en toute liberté, sans se préoccuper du qu'en dira-t-on qui pourtant va bon train dans le petit village de Pous situé dans la région viticole de l'Abadia dont Amadeu le second contremaître dit « c'est un petit village ici et la jalousie est une pourriture qui se glisse dans toutes les maisons. »
Tout le village vit au rythme de La Principal et de la famille possédante.
Des scènes burlesques et des dialogues satiriques offrent un côté théâtral baroque correspondant parfaitement aux représentants de l'état, à ceux de l'église et aux riches propriétaires qui sont en représentation permanente. Ils jouent le rôle qui correspond à leur rang, ils en épousent les règles. le visage offert au public n'est pas celui de l'intimité.
Dans un échange plein de sincérité avec son père Llorenç, Maria Costa analyse parfaitement le fonctionnement de sa grand-mère et de sa mère :
«… la Vieille acceptait de se plier à toutes les règles qui assuraient en retour les privilèges des puissants, car au-delà d'y croire fermement, l'atmosphère du pouvoir la protégeait en tant que femme. Plus tard, ma mère a méprisé toutes ces règles et s'en est bien moquée, mais elle a continué à s'en servir et à en profiter au maximum. Et si je devais être cohérente, au moins une fois dans ma vie, je pourrais admettre que moi-même, je les critique farouchement et j'en bénéficie à mon tour. »

La vie bien hiérarchisée de tout ce petit monde, que l'auteur tourne en dérision, va être bousculée par une enquête policière concernant le meurtre du contremaître de la Principal, Ricard Nebot, commis à Pous le 18 juillet 1936. Son corps mutilé a été abandonné sur le banc de pierre devant l'entrée de la Principal. L'inspecteur Lluis Recader, grand lecteur d'Agatha Christie, avait ouvert un dossier à cette époque mais il avait été contraint par les circonstances d'abandonner cette enquête qu'il reprend le jeudi 7 novembre 1940, bien décidé cette fois à trouver le coupable….

Le ton souvent railleur parfois même mordant, les passions et la sensualité qui l'habitent, plusieurs retournements habiles de situation et un dénouement surprenant, font de ce roman une belle réussite.
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J'ai toujours eu un faible pour certains auteurs espagnols contemporains comme :
Ildefonso Falcones, Antonio Garrido, Matilde Asensi ou Eduardo Mendoza.
Aujourd'hui, Lluis Llach vient enfler de son souffle épique le gonfalon de mes inclinations littéraires.
Son roman est ancré aussi profond que les ceps centenaires de la propriété viticole de la Principal au coeur de la fière Catalogne administrée par trois générations de femmes d'exception.
Sa plume est encrée dans le sang de la vigne et s'écoule fluide et bouillonnante sur les pages de ce roman truffé de secrets, de non-dits et de oui-faits, de nobles causes et de minables manigances.
Une touche de grandiloquence dans mon commentaire pour amplifier les comportements chevaleresques et les miteuses trahisons dans cette Espagne de la fin du 19ème siècle jusqu'à la sortie de la guerre civile, gangrénée par le Franquisme débutant mais jamais balbutiant fort de ses certitudes et de ses outrances.
Toute la puissance de ces intrigues noueuses est exacerbée par la faille prodigieuse entre les détenteurs du pouvoir : militaires, ecclésiastiques, propriétaires terriens se permettant tous les excès, tous les abus en toute impunité et les asservis, ces reliquats de « républicains » accusés de tous les maux sans savoir s'en absoudre.

La volonté phénoménale et la superbe audace de ces trois femmes inflexibles vont déjouer toutes sortes de sordides complots allant du phallocentrisme à la pédophilie.

Ce concentré de souvenirs qui sent le terreau et la terreur, les graves et la gravité avec ces tranches épaisses de fratries fracturées qui empoisonnent les vies sont un bonheur de lecture où les choses qui vont sans se dire vont tellement mieux en les disant…En les lisant !



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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
A tous ces problèmes, s'en ajoutait un autre, loin d'être négligeable et qu'elle ne pouvait partager avec personne : Elle était une femme et le vin était le sang d'un monde d'hommes et la plupart du temps de mâles nerveux. Les tractations commerciales étaient des écueils peuplés de requins et un parfum de femme pouvait éveiller les pires instincts chez les négociants. La plupart de ces commerçants prenaient comme une offense de devoir traiter avec elle. Mais ce n'était pas tout. A sa condition de femme s'ajoutait le fait qu'elle n'avait encore que vingt ans et, de plus, un caractère bien trempé, qu'elle savait parfaitement ce qu'elle voulait et ne lâchait jamais rien. Tout cela était insupportablement humiliant pour cette catégorie d'hommes, si tant est qu'il en existât une autre.
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C'est alors que Maria, debout, le fixant dans les yeux et avec un surprenant regard d'acier pour ses frères, prononça ces mots qui sonnaient le début d'une nouvelle ère :

- Robert Roderich, si j'ai bien compris, notre père m'a sacrifiée en m'enfermant dans la Principal, pour que de votre côté vous puissiez aller vivre à Barcelone pour votre travail, vos études et pour entamer une existence qu'on m'avait tout bonnement refusée. Il a jugé, sans doute à tort, que, vu les circonstances, c'était mieux pour la famille. Et vous les mâles du clan, vous avez trouvé parfaitement normal que la fille de la maison acceptât de se faire emprisonner à vie entre les quatre murs d'une bâtisse luxueuse et ruinée pour surveiller un cellier rempli de richesses qui devaient vous revenir.

Maître Pagès l'écoutait, fasciné. Voilà l'intelligence de sa mère et l'autorité de son père réunis dans une jeune femme apparemment fragile mais qui à présent, juste en cet instant, était en train de déployer ses ailes pour prendre son envol.

Page 112 - Hiver 1893 - ouverture du testament chez le notaire, un grand moment du récit!
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Ces policiers passaient du bon temps à spéculer, à déduire et à découvrir comment et pourquoi un être humain devient un jour un assassin. À deviner le mobile lorsqu’il semble ne pas y en avoir, à chercher une logique dans les comportements, parmi le chaos des sentiments et de la raison, puis à imaginer en fonction de tout cela une partie d’échecs où l’enquêteur ne soutient aucun des deux camps, mais garde plutôt une vision verticale de l’échiquier. Le plaisir de ces policiers ne consiste pas à prendre l’initiative mais, en partant de la façon dont sont placées les pièces après l’échec et mat, à flairer, à rechercher, à déduire et à analyser les déplacements réalisés par les concurrents pour arriver au mouvement final, la mort. Parfois, on pourrait croire qu’un des belligérants, la victime, est resté passif, mais rien dans les traces de son jeu ne peut alors laisser supposer qu’elle ait eu conscience de la faux qui la poursuivait. Souvent la victime est également un des acteurs principaux de la partie, sachant parfaitement qu’elle risque sa peau. C’est cette lutte, au-delà de ses sanglantes conséquences, qui le passionnait.
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Lorsque Maria Magí (fille de Maria Roderich dite la Vieille) prit la tête de la Principal, les messes pour son père continuèrent avec de nettes améliorations, dont la plus appréciée fut la distribution de pain trempé dans du vin sucré pour tout le monde, autant pour les personnes qui l'accompagnaient que pour les journaliers de passage qui les avaient rejoints au Mas Gran. Les métayers avaient l'ordre de commencer la distribution dès que la Porteuse apparaissait. à l'horizon.
Elle ne le faisait pas par générosité mais pour des raisons plus sournoises : il s'agissait de transformer l'existence de l'abbé Salvador en véritable calvaire. A l'époque, il était interdit de communier si l'on n'était pas rigoureusement à jeun depuis la veille au soir. Ainsi, grâce à son action apparemment généreuse, elle provoquait une désertion massive de communiants et libérait la plupart de ces gens de tant d'hypocrisie. Mais il y avait également une raison que l'on pourrait dire plus scénographique, c'était une façon de se mettre elle-même en scène.
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C'est alors que Maria, debout, le fixant dans les yeux et avec un surprenant regard d'acier pour ses frères, prononça ces mots qui sonnaient le début d'une nouvelle ère :
- Robert Roderich, si j'ai bien compris, notre père m'a sacrifiée en m'enfermant dans la Principal, pour que de votre côté vous puissiez aller vivre à Barcelone pour votre travail, vos études et pour entamer une existence qu'on m'avait tout bonnement refusée. Il a jugé, sans doute à tort, que, vu les circonstances, c'était mieux pour la famille. Et vous, les mâles du clan, vous avez trouvé parfaitement normal que la fille de la maison acceptât de se faire emprisonner à vie entre les quatre murs d'une bâtisse luxueuse et ruinée pour surveiller un cellier rempli de richesses qui devaient vous revenir.
Maître Pagès l'écoutait fasciné. Voilà l'intelligence de sa mère et l'autorité de son père réunis dans une jeune femme apparemment fragile, mais qui à présent, juste à cet instant, était entrain de déployer ses ailes pour prendre son envol.
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