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J'ai adoré et dévoré ce magnifique roman.
Point de manichéisme. On y croise des grands acteurs du conflit. Une trame originale nous fait voyager des torpeurs algéroises à l'hystérie de la libération en Bretagne. Des scènes très fortes, un personnage central tiraillé entre son engagement politique et l'amour pour Fanny.... On pourra lui reprocher son apparente mollesse mais elle souligne avec force la difficulté du choix !!!
Je ne sais si l'auteur à écrit d'autres livres, mais voilà sans aucun doute une plume généreuse pour une écriture ciselée et efficace.

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"Le temps de rêver est bien court" en référence à Aragon fait preuve d'une grande maturité dans l'écriture, et sans exagérer on peut parfois être surpris par une narration proche d'Hemingway dans "Pour qui sonne le glas". Je pense à quelques scènes de combat ou d'attente dans le djebel algérien, ou dans la ville d'Alger elle-même. Une écriture à la fois cinématographique et intime qui interroge : les descriptions sont parfois tellement précises qu'on se demande si l'auteur n'en a pas vécu une part.

La guerre d'Algérie est le coeur du roman pour aborder la question du rapport complexe de l'individu à L Histoire. Les acteurs sont nombreux avec des intérêts divergents : les Algériens, le FLN (aux multiples branches) favorables à l'indépendance, les colons, l'OAS qui s'y opposent, l'Armée française, les forces de l'ordre... le personnage principal lui-même est torturé entre son adhésion à un communisme pacifiste et internationaliste et son amitié avec des membres de l'OAS, son amour avec Fanny aussi.
Les soldats de base de l'armée sont profondément marqués par le doute (scènes de "déplacements" massifs de population) quant à leur soit-disante "action civilisatrice" (p. 63).
Il n'y a pas d'autre jugement de valeur que celui adressé aux cadres français qui ont torturé.

L'indépendance, c'est aussi celle de ces deux jeunes gens, Fanny et Edgar, au milieu de ces événements violents. Leur amour est certainement ce qui les sauve.
L'indépendance c'est encore celle revendiquée par la soeur d'Edgar : celle de la Bretagne en opposition avec la France. Mais ce point-là est peut-être le moins pertinent dans le propos de Bertrand Longuespé. L'indépendance de la Bretagne ne pèse pas bien lourd par rapport à celle de l'Algérie. Qu'il souligne l'inhumanité de l'épisode des femmes tondues au sortir de la Libération en 1944 me semble beaucoup plus intéressant. La violence de la guerre, c'est aussi après la guerre : la violence des règlements de comptes.

Bref c'est un roman profond, très beau, où la violence n'est jamais crue ni un effet de style
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" Je viens de lire le temps de rêver est bien court. C'est un roman superbe ! A la fois sobre et prenant. Je n'ai pas pu le lâcher. Je me suis très vite immergée dans cette atmosphère, en découvrant derrière ce conflit les hommes et les femmes qui se trouvent pris dans la complexité de l'histoire, qui sont tout à la fois uniques, singuliers, et les pions d'un système, pris entre deux forces de leur identité qui s'opposent. L'amour d'Edgar Grion, jeune appelé animé au départ par l'idéal communiste de la décolonisation, et de Fanny Lénan, algéroise se battant pour l'Algérie française, est là pour nous le rappeler avec beaucoup de finesse et d'humanité.
L'auteur réussit le tour de force de nous faire vivre cette période de guerre, sans jugement, à travers l'esprit libre de son narrateur.
Le roman de Bertrand Longuespé est magnifiquement écrit, non qu'il joue d'effets d'écriture, il est au contraire merveilleux par sa fluidité, sa simplicité, sa maîtrise. Il décrit un monde dans lequel nous entrons comme s'il était, ou pouvait être, le nôtre.
Pour moi, c'est un grand roman, qui procure un vrai plaisir de lecture et ouvre une dimension propre à la réflexion sur le rapport de l'homme à l'histoire. "
Blog HuffingtonPost
Lien : http://www.huffingtonpost.fr..
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" Cinquante ans après les accords d'Évian, notre vision de la guerre d'Algérie est moins manichéenne qu'au temps où s'affrontaient de manière inexpugnable les partisans de l'indépendance algérienne et ceux de l'Algérie française. le roman de Bertrand Longuespé vient à souhait nous rappeler la complexité des choses. Telle est bien la nécessité du roman, dire ce que l'histoire laisse d'inconnu de la conscience et de l'inconscience des hommes et des femmes qui la font. le récit de Bertrand Longuespé n'est pas un exercice de mémoire : il est né huit ans après la fin de la guerre d'Algérie. Sa force est de nous plonger dans le drame opaque de cette guerre, en laissant de côté tout jugement, toute transparence rétrospective.

Ce roman remarquable, fluide et prenant, se déroule à la frontière de l'histoire, ne la brouille pas, la respecte même scrupuleusement, mais pour mieux explorer sa part "obscure et difficile", là où l'individuel et le collectif se recoupent sans coïncider. "

Michel Winock
Le Huffington Post, 5 avril 2012
Lien : http://www.huffingtonpost.fr..
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Ce beau titre est tiré d'un vers d'un poème de louis Aragon, poème d'ailleurs repris en chanson par Léo Férré.
Edgar Grion est un jeune appelé français et part faire son service militaire en Algérie. Nous sommes en 1958. Il est alors confronté à la guerre. Pendant une permission, il rencontre Bernard qui est, depuis plusieurs générations, installé en Algérie. Son père est propriétaire d'une exploitation agricole dans le Sud Algérien. Edgar, communiste, pensait pouvoir distiller ses idées dans l'armée et dans la société algérienne, mais il va être capté par les événements historiques mais aussi personnels. Nous sommes pendant les « événements » et chacun essaie de trouver sa place et essaie de comprendre ce qui se passe.
Le roman se déroule du 12 juillet 1958 au 11 juin 1962. Nous suivons la vie du jeune appelé, pendant son service, son retour en France, au chevet de son père dans sa Bretagne natale où il va affronter l'histoire de sa famille et surtout le comportement de son père et sa soeur pendant l'occupation allemande. Lui était trop jeune pour comprendre ses événements de l'occupation. Puis il va revenir en Algérie pour tenter de vivre une histoire d'amour avec la jeune soeur de Bernard.
On croise aussi dans ce roman des personnages réels, comme Germaine Tillion, le temps d'un dîner chez un vieux professeur progressiste, Mouloud Feraoun, écrivain algérien et instituteur de la république française.
A travers des personnes fictifs, on croise une jeune juive installée en Algérie, des pieds noirs, des militaires appelés ou de carrière, des parachutistes, quelques militants de l'OAS….
Des pages sont terribles, quand l'auteur décrit les opérations militaires de l'armée française avec, en particulier, les déplacements des populations indigènes, les séances de torture que va subir Edgar après son retour.
Ce livre est une description dure de cette guerre de décolonisation. Je regrette un peu le manque de personnes arabes, à part le portrait d'un bistroquet, celui de l'écrivain algérien et quelques employés de l'exploitation agricoles.
J'ai lu ce livre, après « Alger sans Mozart » et vu, la même semaine, l'adaptation théâtrale de « où j'ai laissé mon âme » de Ferrari et chacune de ses adaptations apporte un point de vue sur la guerre d'Algérie et la suite.
Période trop peu abordée, et le fait de l'aborder grâce au romanesque permet d'appréhender cette période.
Ce roman, avec une écriture fluide nous permet d'appréhender la complexité de ce conflit et le rôle de chacun avec ses doutes et ses espoirs.
Un roman coup de poing, avec des pages terribles mais écrit de façon si réaliste et qui n'éducolore aucune situation.
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J'ai aimé le ton juste, un certain recul face au conflit où il n'y a ni bons ni méchants, juste la violence, la cruauté parfois, dans les deux camps.

Edgar arrive de la métropole et dans le conflit naissant, on le sent penché vers les Algériens. Cas de conscience face à ce que l'armée lui demande, exige de lui, partagé entre le refus des ordres qui signifierait une trahison ou obéir et fermer les yeux.
Au début, il ne comprend pas non plus la vision des colons, attachés à cette terre qu'ils ont fait leur mais peu à peu, à travers les relations d'amitié et d'amour qu'ils tissent avec la famille Lénan, sa position se fait moins tranchée...

Un beau roman, loin du manichéisme que l'on retrouve souvent lorsque il y a plongée dans un conflit. Il reflète bien ce tiraillement entre l'humanité, les valeurs et le sentiment de devoir et la spirale de violence et de loi du talion qui s'instaure dans ce genre de situation. Aucune leçon de morale, juste des hommes qui cherchent leur place et prennent position dans une situation d'extrême violence.
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C'est un beau récit sur ce qu'on a appelé longtemps "Les évènements d'Algérie", racontés ici par Edgar Grion, un jeune breton qui a fait son service militaire comme sous-officier, entre 1958 et 1962. Il appartient à une famille de la région paimpolaise qui milite pour l'indépendance de la Bretagne, ayant collaboré pour cela avec les Allemands mais lui-même, devenu sympathisant communiste, se sent en porte-à-faux dans cette nouvelle guerre et remet en question toutes ses certitudes. Cependant il tombe amoureux de Fanny et fréquente sa famille de colons proches de l'OAS. Rien ne lui semble simple. Il se remet en question pendant qu'un vent de folie, de meurtres et d'attentats se déchaîne de part et d'autre.

Rien de caricatural dans ce récit dont j'ai beaucoup aimé la lecture. C'est écrit simplement dans une belle langue classique. le jeune militaire est très attachant, plongé dans des situations qui le dépassent sans cesse, à l'intersection entre la grande Histoire, celle de sa génération et la petite, la sienne, intime et personnelle, familiale et sentimentale: c'est émouvant et passionnant. A lire et même à relire!
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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Le roman de Bertrand Longuespé est magnifique (...). Un hymne à la pensée libre dans le respect de l'histoire de chacun et surtout un hymne fort bienvenu à la complexité des mondes qui se rencontrent et parfois se dévorent. Superbe !
TournezLesPages

Lien : http://tournezlespages.wordp..
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Je n'ai rien appris, a proprement parler, sur cette période que j'ai vécue mais j'ai retrouvé, bien rendue, l'atmosphère de ces années 1960-1962. La compléxité de cette guerre est bien rendue. La fin de la guerre, la lutte désespérée de l'OAS, la torture, les assassinats dans les deux camps et, enfin le départ. Tout cela est bien rendu.
Et ce roman est écrit par un auteur né en 1970 qui n'a donc pas connu cette période. Voilà le miracle de la littérature !
Jean-Pierre RYF

Lien : http://jpryf-actualitsvoyage..
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Ce livre où se côtoient l'amour et la haine, où l'on croise Mouloud Feraoun et Germaine Tillon, où la solidarité se mêle à la cruauté, nous renvoie à la complexité du dernier conflit colonial et nous éclaire un peu plus sur la difficile relation qui perdure entre les anciens peuples frères... Un jeune auteur nous offre aujourd'hui une belle leçon d'histoire au parfum méditerranéen, il serait fou de s'en priver... "

H. Cazalesi
Radio Association, 22 juin 2012
Lien : http://radioassociation.20mi..
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