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Citations sur L'agression (20)

Le chaînon entre l'animal et l'homme vraiment humain, ce chaînon c'est nous !
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Le premier obstacle est la ressemblance primitive du chimpanzé avec l'homme [...] le second obstacle qui s'oppose à la connaissance de nous-même est une certaine aversion sentimentale à admettre que nos propres faits et gestes puissent être causés par les lois de la nature. C'est ce que Bernhard Hassenstein appelle le "jugement de valeur anticausal" qui provient sans doute d'un besoin justifié de pouvoir vouloir librement et du désir de sentir que nos actes ne sont pas déterminés par des causes accidentelles, mais par des buts supérieurs [...] Un troisième grand obstacle à la connaissance de soi-même est l'héritage de la philosophie idéaliste : il provient d'une division du monde en un monde extérieur des choses, par principe de valeur neutre pour la pensée idéaliste, et en un monde intérieur de la pensée et de la raison humaine, le seul auquel soient attribuées des valeurs [...] Dans la pensée occidentale, il est devenu courant de considérer comme étranger au monde des valeurs tout ce qui peut être expliqué par les lois de la nature. Être scientifiquement explicable équivaut à une dévalorisation.
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Quel bon exercice matinal pour un savant que de liquider tous les jours, avant le petit déjeuner, une de ses hypothèses préférées !
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L'iconoclaste se trompe en prenant la pompe du rite pour quelque chose de non seulement accidentel mais même nuisible, empêchant un véritable approfondissement de l'essence de la chose symbolisée. Parmi les fonctions communes au rite d'origine culturelle et à celui d'origine phylogénétique, une des plus importantes, sinon la plus importante, est que tous les deux agissent comme des pulsions autonomes et actives du comportement social. Pour que nous aimions tout ce qui nous est transmis par la tradition, il faut que tous ces détails pittoresques qui entourent une vieille coutume – comme la décoration de l'arbre de Noël et l'acte solennel d'allumer ses petites bougies – nous fassent plaisir. C'est de la chaleur de ce sentiment que dépend la fidélité que nous sommes capables de vouer au symbole et à tout ce qu'il représente.
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Sur le grand arbre généalogique de tous les êtres vivants, plusieurs branches ou rameaux ont souvent trouvé, indépendamment et plusieurs fois, une même solution constructive particulièrement efficace. L'aile, par exemple, a été inventée successivement par les insectes, les poissons, les oiseaux et les chauves-souris. [...] Nous ne nous étonnerons donc pas outre mesure d'apprendre que les mécanismes de comportement dont le principe est la réorganisation ritualisée de l’agression se trouvent, sous une forme analogue, chez des espèces très différentes.
Voici, par exemple, le merveilleux cérémonial d'apaisement appelé en général la "danse" des grues et que, une fois le symbolisme de ses modes de mouvements compris, on est vraiment tenté de traduire en langage humain. L'un des oiseaux se dresse, haut et menaçant, devant un autre et déploie ses ailes puissantes, en pointant son bec vers lui et en le fixant de son regard aigu. Cela donne l'impression d'une menace sérieuse et, jusqu'à ce point, le geste d'apaisement ressemble à s'y méprendre à la préparation d'une attaque. Mais dans l'instant qui suit l'oiseau détourne de son vis-à-vis cette image terrifiante : en virant sur un angle de 180°, il lui présente maintenant, les ailes toujours déployées, sa nuque sans défense qui, comme on sait, s'orne chez la grue d’Europe et beaucoup d'autres espèces d'une très jolie petite calotte rubis. Pendant plusieurs secondes, l'oiseau "dansant" reste ostensiblement dans cette position, exprimant ainsi par un symbolisme compréhensible que sa menace d'attaque ne vise pas le partenaire, mais tout au contraire le méchant monde extérieur; le motif de la défense de l'ami y apparaît déjà en filigrane. Aussitôt, la grue se tourne de nouveau vers l'ami, répétant en face de lui les manifestations de se force et de sa vigueur, puis, en se détournant immédiatement de lui, elle simule – chose significative! – une attaque contre un quelconque objet de remplacement, de préférence une grue non amie se trouvant là par hasard, mais aussi bien une oie innocente et même, à la rigueur un bout de bois ou un caillou qu'elle saisit, dans ce cas, avec le bec et lance trois ou quatre fois en l'air. Tout cela exprime aussi clairement que des paroles humaines : " Je suis grand et terrible, mais pas contre toi, non, contre l'autre, cet autre-là."
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La plus grande et la plus précieuse liberté de l'homme s'identifie avec la loi morale qui est en lui.
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À elle seule, la raison peut tout au plus inventer des moyens pour réaliser des buts autrement fixés; elle ne peut nous donner ni des buts, ni des ordres. Abandonnée à elle-même, la raison ressemble à un ordinateur à qui on n'aurait donné aucune information digne d'intérêt, pouvant recevoir une réponse importante. Bien que toutes ses opérations puissent être logiquement justes, ce n'est là qu'un merveilleux système de rouages, sans moteur pour le faire fonctionner. La force motrice qui l'actionnerait, provient de mécanismes de comportement instinctif bien plus anciens que la raison, et qui ne sont pas directement accessible s à l'auto-observation rationnelle. C'est eux qui sont la source de l'amour et de l'amitié, de toute chaleur affective, de l'appréciation de la beauté, du besoin de création artistique, de l'insatiable curiosité aspirant à la connaissance scientifique. La dynamique de ces couches au plus profond de la personne humaine ne diffère pas beaucoup des instincts des animaux. Mais sur leur base, la culture humaine a édifié toute cette énorme superstructure des normes et des rites sociaux dont la fonction est si étroitement analogue à celle de la ritualisation phylogénétique. Qu'elles aient évolué par la phylogenèse ou par la culture, les normes de comportement représentent pour chaque être humain normal des motivations et sont ressenties par lui comme des valeurs. Elles sont imbriquées dans un système d'interactions immensément compliqué et d'autant plus difficile à analyser que la plupart des processus se déroulent dans le subconscient et ne sont point accessibles à l'auto-observation. Et pourtant il est indispensable de comprendre la dynamique de ce système, car seule la compréhension de la nature des valeurs nous offre quelque espoir de pouvoir jamais créer les nouvelles valeurs et les idéaux si terriblement nécessaires dans notre situation actuelle.
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Le danger que, dans une partie du biotope disponible, une population trop dense d'une seule espèce d'animaux épuise toutes les ressources alimentaires, est éliminé de la façon la plus simple si ces animaux d'une même espèce éprouvent de la répugnance les uns envers les autres.

Tel est, exprimé en quelques mots secs, le rôle le plus important que joue l'agression pour la conservation de l'espèce.
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Comme nous le savons par le chapitre VIII, il y a des animaux qui ignorent complètement l'agression intraspécifique et qui vivent toute leur vie en bandes compactes. On pourrait croire de tels êtres prédestinés à l'amitié durable et à la solidarité fraternelle entre individus. Mais c'est précisément parmi ces paisibles animaux de troupeau que l'on observe jamais rien de tel. Leur solidarité a toujours un caractère absolument anonyme. Le lien personnel, l'amitié individuelle se trouvent UNIQUEMENT [Je mets en majuscules ce qui est en italique] chez des animaux dont l'agressivité intraspécifique est très développée. Le lien est même d'autant plus ferme que l'espèce est plus agressive; peu de poissons sont plus agressifs que les cichlides, peu d'oiseaux le sont plus que les oies; et le mammifère dont l'agressivité est proverbiale, la bestia senza pace de Dante, le loup, est le meilleur et le plus fidèle des amis. Chez des animaux qui, au gré des saisons sont alternativement ou territoriaux et agressifs, ou non agressifs et sociaux, le lien personnel éventuel se limite aux périodes d'agressivité.
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Dans la nature n'existe pas seulement ce qui sert à la conservation de l'espèce, mais aussi bien des choses qui ne sont pas suffisamment contraires à ce but pour mettre la conservation de l'espèce en danger.
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