Le douzième chapitre

L'assassin n'est pas obligatoirement celui qui tue. C'est aussi celui qui l'y encourage.

Et d'ailleurs qu'est ce qu'il devient le David?
-Toujours pareil, écrivain.
Mouais...Je m'en doutais, que c'était un fainéant.

Dans son esprit, il visualisait déjà les regards implorants de ses salariés lorsqu’il leur annoncerait la nouvelle. L’incompréhension, la peur, la colère. Perdre son emploi dans une région comme le Limousin condamnait souvent l’ex-travailleur à des années d’errance dans le système. De plus, la majeure partie de son personnel était non qualifiée. Retrouver un emploi digne de ce nom serait une tâche bien difficile et beaucoup resteraient sur le carreau.

Car les grandes amitiés naissent ainsi, en un simple sourire.

Les souvenirs sont assassins, David. Ils obscurcissent l'esprit, ils ralentissent le coeur et fanent les sourires...

- Alzheimer est une maladie vicieuse. Ce n'est pas quand elle vous serre dans ses bras qu'elle est douloureuse, mais quand elle vous relâche. Ma femme n'entendait les murmures du passé que lorsque sa maladie desserrait son étreinte.

Nous demeurâmes silencieux et ce mutisme n'imposa aucune gêne. Nous étions deux naufragés s'agrippant à une planche, nous fiant du ressac qui nous baladait entre le passé et le présent, ne sachant exactement à quel moment nous toucherions terre.

Les souvenirs sont très dangereux pour quelqu'un qui les perd lentement car lorsqu'ils reviennent, on sait que l'on risque de ne plus jamais les retrouver.

La mort n'est pas crédible pour un enfant. Ce n'est qu'une ombre qui ne possède aucune substance réelle, une anomalie qui n'a pas sa place dans l'imaginaire d'un gosse de douze ans.

Il n'est jamais bon de ramener les fantômes à la vie...