Crois-tu que je sois le seul assassin dans toute cette histoire ? L’assassin n’est pas obligatoirement celui qui tue. C’est aussi celui qui l’y encourage. Par sa présence. Par son silence. Ils étaient tous des assassins. Julie n’avait aucune chance !
Ce soir-là David comprit que passé une certaine frontière de malheur, les adultes n'arrivaient simplement plus à mentir.
Et sans m'en douter, juste en me penchant pour attraper cette enveloppe à l'apparence inoffensive, je saisis à pleines mains mes malheurs les plus précieux.
Les étoiles apparurent les unes après les autres, pixélisant la voûte céleste d'étincelles d'éternité.
Les souvenirs sont faussés par le temps, mais des souvenirs provenant de trois personnes différentes ne peuvent que déboucher sur la vérité.
Ce soir-là David comprit que passé une certaine frontière de malheur, les adultes n'arrivaient simplement plus à mentir.
Chacun possède en lui des souvenirs oubliés qui ressurgissent de temps à autre, que ce soit par une odeur, un goût, un son, des événements précis que l'on rencontre et qui nous replongent alors dans le passé. Ne vous fiez pas à ces réminiscences ni à celles de votre ami. Elles peuvent parfois apporter plus de souffrance que de soulagement...
(…) les enfants se persuadent qu'une punition est souvent méritée. Ils le font pour eux, afin qu'elle se termine et qu'ils puissent retourner à leurs occupations, mais aussi pour ceux qu'ils aiment et qu'ils ont contrariés. Car le plus grand désir à ce moment-là n'est pas d'échapper à la punition mais qu'elle soit rapide et que la vie reprenne comme avant la sentence. Et tant pis pour la douleur. Pense à autre chose. Pense aux gestes du matin. Le premier sourire. Le chocolat chaud que ta mère te prépare avec amour. A la main de ton père te caressant les cheveux. A son visage d'adulte qui sera un jour le tien. A cette impression que tu as d'être à leurs yeux une source de joie perpétuelle...
«L'assassin n'est pas obligatoirement celui qui tue. C'est aussi celui qui l'y encourage» (p.331)
Ce ne fut pas les peurs des enfants qui forgèrent la figure du Rouquin dangereux et sanguinaire. Mais celle des adultes. Car à plusieurs reprises les enfants s'en étaient rendu compte : tous le craignaient. Comme une meute face au loup alpha. Même le beau-père de David se mettait en retrait en sa présence. Idem pour Fabien, qui avait un jour, le visage blême, prévenu son frère de ne pas trop s'en approcher. Aucune raison précise n'avait été annoncée. Juste un avertissement. Presque une requête.