Conversation en Wallonie : Intéressant, mais je n'ai pas accroché du tout. L'auteur présente vraiment bien l'évolution du personnage principal au cours de sa vie, ses interrogations sur lui-même et sur la société en général, représentant ainsi l'histoire de toute une génération ou presque. L'histoire se déroule en Wallonie, comme l'indique le titre, dans une famille d'ouvriers : le fils unique, le personnage principal, est poussé par ses parents à réussir à l'école et à faire des études pour « devenir quelqu'un » et ne pas finir comme eux. Il remplit ces ambitions, mais, vieillissant, s'interroge sur ses valeurs et son identité : est-il un professeur, quelqu'un de la haute société, ou un fils d'ouvrier, de basse extraction ?
Jean Louvet pose ce problème qui, en dehors de son ancrage wallon de l'après-guerre dans cette pièce, nous concerne tous et, peut-être, nous pousse à y réfléchir.
Ce qui m'a dérangée dans cette pièce est avant tout la narration et la forme : certains dialogues sont étranges, artificiels, surtout au début, et certaines scènes sont assez confuses, surtout à la fin. L'enchaînement des flash-back, des souvenirs, des retours de personnages morts (sans doute dans l'imagination du personnage avec qui il parle) rendent la pièce emmêlée et difficile à suivre. Sans doute est-ce plus facile à suivre sur scène, mais à la lecture, j'ai trouvé ça assez désagréable.
Un
Faust : Étrange et assez inégal à mon goût : certains passages m'ont beaucoup plu et touché, tandis que d'autres étaient assez obscurs et tirés en longueur. La pièce semble reposer sur une bonne connaissance – ou au moins dans les grandes lignes – du mythe de
Faust : il y a plusieurs références, comme le pacte ou le rôle des personnages, qui ne sont pas explicitées du tout, mais qui ont une grande importance dans le texte. Mes souvenirs étant assez flous, peut-être cela a-t-il joué en partie dans mon incompréhension de certains passages et du « message » de la pièce dans son ensemble.
Comparaison avec
Faust de
Goethe : les deux pièces ont en commun de longs monologues, Louvet les allongeant encore par rapport à
Goethe et les rendant plus subversifs. Par leur ancrage historique et leur choix esthétique (le classicisme pour
Goethe par exemple), les deux auteurs ont traité cette pièce
Faust d'une manière assez différente. Chez Louvet, la sexualité est beaucoup plus présente et moins implicite: Marguerite par exemple n'est pas l'innocente jeune fille du
Faust de
Goethe et Méphistophélès est bien loin de sembler asexué. Cela a un impact sur leur langage, beaucoup plus libre que chez
Goethe, mais aussi plus grossier. Dans la pièce de Louvet, Baucis et Philémon ont un rôle majeur tout au long de la pièce: n'ayant lu que le premier
Faust de
Goethe qui ne les fait pas encore apparaître, je n'ai pas beaucoup d'éléments de comparaison, mais de ce que j'ai lu dans la préface, le rôle que leur assigne Louvet est très différent de celui de
Goethe.
Je préfère de loin l'univers classique de
Goethe à celui de Louvet, plus subversif et contemporain.