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Citations sur Le Passeur (107)

Papa? Maman? demanda timidement Jonas après le repas du soir. J'ai une question que j'aimerais vous poser.

- Qu'est-ce que c'est? demanda son père.

Il se força à prononcer les mots bien qu'il se sentît rougir de gêne. Il les avait répétés pendant tout le chemin du retour.

- Est-ce que vous m'aimez?

Il y eut pendant quelques instants un silence embarrassé. Puis Papa émit un petit gloussement.

- Jonas! Toi! Et la précision du langage, alors?

- Qu'est-ce que tu veux dire? demanda Jonas.

Une réaction amusée n'était pas du tout ce à quoi il s'attendait.

- Ton père veut dire que tu as utilisé un terme très général, tellement dénué de sens qu'il est pratiquement tombé en désuétude, expliqua sa mère avec soin.

Jonas les regarda d'un air ébahi. Denué de sens? Jamais auparavant il n'avait ressenti quelque chose d'aussi riche de sens que ce souvenir.

- Et bien entendu, notre communauté ne peut pas fonctionner correctement si les gens n'emploient pas un langage précis. Tu pourrais demander: "Est-ce que vous appréciez ma présence?" Et la réponse est oui.

- Ou bien, suggéra son père: "Est-ce que vous êtes fiers de mes réalisations?" Et la réponse est oui, de tout coeur!

- Est-ce que tu comprends pourquoi c'est impropre d'utiliser un mot comme "aimer"? demanda Maman.

Jonas hocha la tête.

- Oui, merci, je comprends, répondit-il lentement.

Ce fut la première fois qu'il mentit à ses parents.
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Mais je les veux ! dit Jonas avec colère. Ce n'est pas juste que rien n'ait de couleur !

- Pas juste ?

Le Passeur regarda Jonas avec curiosité.

- Explique moi ce que tu veux dire.

- Eh bien... Si tout est pareil, on n'a plus de choix. Je veux pouvoir me lever le matin et faire des choix. Une tunique bleue ou une tunique rouge ?

Il baissa les yeux sur le tissu terne de son habit.

- Mais c'est toujours la même chose.

Puis il rit doucement.

- Je sais que ça n'a pas d'importance, ce que l'on porte. Cela ne compte pas. Mais...

- C'est le fait de choisir qui compte, n'est-ce pas ? lui demanda le Passeur.

Jonas acquiesça.
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- Papa ? Maman ? demanda timidement Jonas après le repas du soir. J'ai une question que j'aimerais vous poser.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda son père.
Il se força à prononcer les mots bien qu'il se sentît rougir de gêne. Il les avait répétés pendant tout le chemin du retour.
- Est-ce que vous m'aimez ?
Il y eut pendant quelques instants un silence embarrassé. Puis Papa émit un petit gloussement.
- Jonas ! Toi ! Et la précision du langage, alors ?
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda Jonas.
Une réaction amusée n'était pas du tout ce à quoi il s'attendait.
- Ton père veut dire que tu as utilisé un terme très général, tellement dénué de sens qu'il est pratiquement tombé en désuétude, expliqua sa mère avec soin.
Jonas les regarda d'un air ébahi. Dénué de sens ? Jamais auparavant il n'avait ressenti quelque chose d'aussi riche de sens que ce souvenir.
- Et bien entendu, notre communauté ne peut pas fonctionner correctement si les gens n'emploient pas un langage précis. Tu pourrais demander : "Est-ce que vous appréciez ma présence ?" Et la réponse est oui.
- Ou bien, suggéra son père : "Est-ce que vous êtes fiers de mes réalisations ?" Et la réponse est oui, de tout cœur !
- Est-ce que tu comprends pourquoi c'est impropre d'utiliser un mot comme "aimer" ? demanda Maman.
Jonas hocha la tête.
- Oui, merci, je comprends, répondit-il lentement.

Ce fut la première fois qu'il mentit à ses parents.
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À l'aube, la vie ordonnée et disciplinée qu'il avait toujours connue continuerait sans lui. La vie où il ne se passait jamais rien d'inattendu. Ni d'importun. Ni d'inhabituel. La vie sans couleur, sans douleur, sans passé.
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Tout cela était nouveau pour lui. Après avoir passé toute sa vie dans l'Identique et le prévisible, il était éberlué par les surprises qui l'attendaient à chaque tournant de la route. Il ralentissait sans cesse pour contempler avec émerveillement les fleurs sauvages, pour écouter le roucoulement guttural d'un nouvel oiseau, ou simplement pour regarder les feuilles des arbres soulevées par le vent. Durant ses douze années de vie dans la communauté, il n'avait jamais éprouvé de tels moments de bonheur parfait.
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La vie ne consistait-elle pas en des actes qu'on fait tous les jours ? À part ça, il n'y avait vraiment pas grand-chose.
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Il se mettait souvent en colère maintenant ; une colère irrationnelle contre ses camarades de groupe parce qu'ils se satisfaisaient de leurs vies qui n'avaient rien de l'intensité que la sienne était en train de connaître. Et il était en colère contre lui-même de ne rien pouvoir pour eux.
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- J'ai donc bien raison, dit le passeur. Tu commences à voir la couleur rouge.
- La quoi ?
Le passeur soupira.
- Comment expliquer ? Jadis, à l'époque de ces souvenirs, toutes les choses avaient une forme et une taille, comme elles en ont encore, mais elles avaient aussi une qualité appelée couleur. Il y avait beaucoup de couleurs, et l'une d'entre elles s'appelait le rouge. C'est celle que tu commences à voir.
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- Je ne sais même pas bien nager, dit-il. Mon instructeur dit que c'est parce que je n'ai pas la bonne flatulence ou quelque chose comme ça.
- Corpulence, le reprit Jonas.
- Peu importe. Je ne l'ai pas. Je coule.
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Jonas ne voulait plus y retourner. Il ne voulait plus des souvenirs, il ne voulait plus de l’honneur, il ne voulait plus de la sagesse, il ne voulait plus de la souffrance. Il voulait son enfance, ses genoux écorchés et son ballon. Assis seul dans son habitation, il regardait par la fenêtre et voyait les enfants jouer et les citoyens rentrer chez eux après une journée sans surprises ; des vies ordinaires débarrassées de toute angoisse parce qu’il avait été sélectionné, comme d’autres avant lui, pour porter leur fardeau.
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