Citations sur Mississippi (13)
À quoi ça ressemble un homme du XIXe siècle ? Comment ça bouge dans son corps ? Comment ça épouse le paysage ? Comment il s'arrange, ce paysan, de ses sabots, de son chapeau large bord, de ses vêtements sur les tissus de la crasse ?
Boum boum boum, le sol se soulève et Rebecca rouge vole et verte la musique sous ses pieds (talons aiguilles) (le talent de danser en talons) (ça donne une allure), orange et bleu, cordes, cuivres et grosse caisse, tourner, se déhancher, glisser sur la piste, vibre sous le poids des corps (...) .
Je suis le fils de Mississippi. C'est mon nom, quelle force avait bien pu pousser Impatient sur les rives du Mississippi, il n'en sait toujours foutre rien, lui fils de vignerons, d'un village franc-comtois...
Jamais n’oubliera le Mississippi, jamais, et la toute première rencontre avec le fleuve effaça l’enfer de la traversée, et l’enfer du retour de fit dans les souvenirs du fleuve […] Impatient, déployé dans tous ses sens, jamais n’oubliera, tout blaireau qu’il fut ( et ce ne fut pas la mer qui l’impressionna, il en avait même senti l’odeur de mort mais) le fleuve, comme une rencontre avec quelqu’un, le Mississippi est une personne, c’est ça se murmure-y-il, et ce qui coule dans mes veines n’est pas le sang de mon père mais l’eau du Mississippi, je suis le fils de Mississippi, C’est mon nom […]
Tu es confiant. Tu te construis. Tu construis ta vie pierre par pierre. Pas à pas. On ne t'arrêtera pas. Obstiné. Tu possèdes la force de ceux qui ont tout perdu. Qui repartent de rien. Et parce qu'ils ont déjà tout perdu, ils n'ont pas peur de perdre de nouveau.
(...) on a dit qu'on était des sorcières pour nous chasser, pour pas qu'on se réunisse entre femmes, on leur faisait peur aux hommes, tout ce pouvoir qui a pris tellement de place (...).
Je saurais pas dire quand je suis morte, on me fait parler en 1896, mais qu'est-ce que j'en sais du jour de ma mort, moi qui n'ai jamais su vraiment écrire (...).
La rumeur finit par s’essouffler, mais il en resta quelque chose dans les regards et dans les gestes. Mais pas un mot, et cela pesa sans doute plus lourd.
Comment il tient, Impatient, dans ce paysage. Par la résistance. Il a résisté à ce pays. A sa famille. Il a résisté aux vignes, aux plaines, aux forêts, à la rivière; à la Grand'Rue. Mais Impatient est revenu. Et à présent c'est tout le pays qui lui résiste. Qui ne cède pas à sa demande d'homme. Exister. Ici.
Après ça, après le grand voyage, l’essai manqué d’un nouveau départ, Martha hoqueta sa vie,d’une ville à l’autre, d’un homme à l’autre, Anna dans son ombre, Anna sacrifiée, Anna de l’ordre dans tout ça. Coupa.