Citations sur Embrasse tes petits pour moi (23)
Désormais, ton corps n’existe plus, sous aucune forme matérielle. Peut-être aurais-tu souhaité que ton nom soit écrit quelque part, qu’une trace perdure au-delà de ta mort.
Sache qu’elle en nous papa, bien vivante.
(page 232)
Celui-ci (le médecin) se leva et accompagna mon père à la table d’auscultation. Il lui palpa délicatement le ventre à mains nues, et par ce geste, ce peau à peau, j’eus la sensation qu’il me caressait l’âme tant son humanité me réconforta.
(page 175)
Sa vie s’effaçait au fur et à mesure qu’il la vivait, sans qu’il en soit affecté. Je lui demandai tout de même :
- Tu ne regrettes pas d’avoir tout oublié ?
- Ah quoi bon, je l’ai fait. C’est le principal !
(page 163)
J’en fus troublée, c’était la première fois que j’entendais dire du bien de mon père. Me revint à l’esprit l’homme charmeur, fantasque et généreux qu’il avait été, avant de sombrer dans l’alcoolisme.
(page 159)
Il ressemblait à un vieux sage hindou, des pupilles noires, d’épais sourcils, des cheveux longs, une moustache et une longue barbe en plastron. Cette masse blanche longue et lumineuse encadrait un visage dont les traits fins et lisses laissaient à penser que le temps comme les excès avaient peu de prise sur lui.
(pages 95-96)
Au fur et à mesure de la discussion, j’ai compris le sens du mot « inquiétude ». Il m’a fallu du temps pour l’intégrer. C’était une amorce en douceur pour intégrer le choc à venir ; ton espérance de vie se comptait désormais en jours ou en semaines peut-être. Ton cancer trop avancé ne serait pas soigné.
(page 86)
Diana était menue, les cheveux châtains coupés courts et portait de grandes lunettes cerclées de métal qui lui affinaient encore plus le visage. Elle s’excusait souvent, craignant toujours de déranger, et sa délicatesse contrastait avec le caractère bourru de mon père.
(page 23)
Derrière un mur s’élevaient des lilas. Au printemps, les feuillages se teintaient de rose, de mauve et de blanc en exhalant leur parfum sucré qui venait jusque dans ma chambre.
(page 10)
Un soir, tu m'avais demandé si tu devais acheter un caveau pour nous trois. Ça te travaillait. Je n'en voyais pas la nécessité. Mon souhait était d'être incinérée comme maman, il était hors de question que je me fasse bouffer par les vers, et je t'avais dit que ce serait bien pour toi aussi.
Désormais, ton corps n'existe plus, sous aucune forme matérielle.
Peut-être aurais-tu souhaité que ton nom soit écrit quelque part, qu'une trace perdure au-delà de la mort.
Sache qu'elle est en nous papa, bien vivante.
Désormais, un seul verre suffisait à entraîner mon père dans un puits fangeux dont il émergeait difficilement. Je pouvais présager son état au nombre de sonneries de téléphone claironnant dans le vide et lorsqu'il décrochait enfin, sa voix pâteuse me faisait regretter mon appel car elle augmentait ma peine. je poursuivais ce rituel de mauvaise grâce, le prix à payer pour le savoir vivant.