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Face aux dessinateurs de mangas qui sortent 48 pages en 2 semaines et face aux dessinateurs de comics qui sortent 48 pages en 2 mois, il est difficile de fidéliser un public avec des dessinateurs de bandes dessinées qui font 48 pages en 2 ans… Donc de plus en plus d'éditeurs ont opté pour la formule gagnante de la collection thématique où interviennent plusieurs auteurs (les puristes crient à l'hérésie, mais il fallait bien trouver une solution pour ne pas dépérir encore davantage face à la concurrence). C'est dans cette optique que Vent d'Ouest après avoir lancé la collection « J'ai Tué » lance la collection « Communardes ! » dédié aux figures féminines de la Commune (les classes populaires abandonnées par les élites durant le dur siège de la capitale entre septembre 1870 et janvier 1871, ont refusé la reddition d'un gouvernement autoritaire, conservateur et quasi royaliste, pour s'autogérer sur un modèle socialiste entre mars et mai 1871… avant la boucherie ordonnée par cette ordure d'Adolphe Thiers !)
J'observe depuis quelques années une forme de radicalisation de la culture populaire avec une forte résurgence des thématiques liées à lutte des classes dans tous les médias, et je suis persuadé que cette collection appartient à ce mouvement. Car après tout, la Commune est un lieu de mémoire tellement fort qu'il a su plus que résister à l'aseptisation MEDEF-compatible de l'enseignement de l'Histoire (ce qui génère à chaque génération des « hein, on nous aurait menti à l'insu de notre plein gré ? »)…


Toujours service minimum dans la contextualisation de la Commune (un comble !), et pas vraiment convaincu pas ce tome 3 qui pour moi est à la limite du aussitôt lu aussitôt oublié (mais c'est vraiment perso hein !)…
L'histoire est divisée en 3 temps :
- Avant la Commune, en 1858, la domestique Marie Bréban assiste à la déchéance de Mademoiselle Eugénie Jeaujard que ses parents préfèrent faire cloitrer et avorter de force plutôt que de risquer une mésalliance…
- Pendant la Commune, la soldate Marie Bréban retrouve son ancienne maîtresse en plein déliquescence physique et psychique au fin fond d'une geôle obscure et crasseuse du couvent de Picpus, et tente tant bien que mal de lui redonner une vie plus décente
- Après la Commune, en juin 1871, la criminelle Marie Bréban reste muette à son procès avant d'être déportée dans un bagne outre-mer…

Les tomes précédents se suffisaient à eux-mêmes, mais ici notre laconique héroïne croise Victorine et Élisabeth Dmitrieff sur les barricades et certaines scènes ne font sens que si on a lu auparavant "L'Aristocrate fantôme"…
Alors oui, je vois bien que le fil rouge est cette histoire d'amitié entre une rentière et une prolétaire, la prolétaire allant jusqu'au bout pour protéger son amie abandonnée par sa famille bien-pensante à un sort peut-être pire que la mort… Mais j'aurais mieux aimé qu'on nous la développe cette histoire d'amitié car j'ai bien peur qu'une nouvelle fois l'auteur ait donné priorité à ses idées et à ses messages plutôt qu'à ses personnages : du haut de leurs tours d'ivoire les crevards donnent des leçons de morale au commun des mortels, avant de se loler de leurs difficulté et de leurs malheurs. le clou du spectacle étant le procès de Marie, véritable bal des faux-culs où se succèdent comme soi-disant témoins de moralité des traîtres, des collaborateurs, des profiteurs, des bourreaux et des tortionnaires… C'est assez gerbant, et plus les choses changent et plus elles semblent rester les mêmes : les forts exploitent les faible d'une manière ou d'une autre, et les élites autoproclamées expliquent que There Is No Alternative (d'après eux c'est ça, ou la Corée du Nord)… J'ai en mémoire cette très bourgeoise famille de Reims qui ne perdait pas une occasion de cracher son venin sur le manque de valeurs de la plèbe avant d'être lourdement condamnée pour esclavagisme…

Je n'ai pas accroché plus que ça aux graphismes semi-caricaturaux de Xavier Fourquemin, quelque part entre Régis Loisel et Thierry Gioux. Ils auraient pu me plaire, mais il y a quelques inégalités qui m'ont sorti du truc. Par contre le travail de colorisation d'Anouk Bell m'a semblé pas mal du tout et je retiendrai son nom à l'avenir…


Je suis un peu honteux de mettre 2 étoiles seulement, mais faute de demies-étoiles je ne pouvais pas mettre 3 étoiles à un bande dessinée qui ne m'a pas trop parlé et qui m'a déçu car j'en attendais beaucoup plus au vu des opus précédents… Mais vu que les pétroleuses les plus célèbres n'ont pas encore été abordées par la série, je garde bon espoir pour les opus suivants si l'aventure "Communardes !" se poursuit…
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C'est le premier tome de la série "Communardes" que je lis. le bilan est clair : pas déçu, mais pas emballé non plus !
J'ai attaqué par ce tome 3 car, si j'ai bien compris, chaque opus est un one-shot, scénarisé par Lupano et dont le dessinateur change à chaque fois. Cette idée de mettre en avant les figures féminines de la Commune me semblait intéressante, aussi m'y suis-je plongé sans a priori.

Nous suivons le parcours de Marie Bréban, selon un scénar divisé en trois partie.
Avant la Commune (1858), Marie est domestique chez la famille du colonel Jeaujard. Elle a alors 14 ans. Elle est très liée avec la fille, Eugénie Jeaujard, qui va se retrouver placée de force au couvent, car enceinte d'un petit artisan relieur sans prestige. Marie va vivre cet événement comme un traumatisme.
On bascule ensuite pendant la Commune, Marie a grandi et a décidé de se venger des bourgeois, de l'église etc...
Puis vient le temps du procès de Marie, juste après l'insurrection.

Finalement, j'ai bien aimé le concept, la période historique envisagée, mais moins la mise en oeuvre. On a le sentiment que Lupano n'avait en tête que de mettre en avant la troisième partie, celle du procès, et du coup, le reste de la bd apparaît survolée. Les personnages me semble avoir du potentiel, mais ne sont pas assez développés. La Commune n'apparaît que comme un décors, le contexte, les causes ne sont pas vraiment explicités et c'est bien dommage pour ceux qui ne sont pas très au fait de l'Histoire.

Cet album aurait pu être une belle histoire de vengeance, écrite dans un cadre historique plus détaillé, mais finalement il se transforme presque en pamphlet. Pourquoi pas mais je m'attendais à autre chose. A la décharge de Lupano, il faut dire que l'art de bâtir un bon one-shot est compliqué. Je me demande si ce concept ne se serait pas davantage épanoui dans le cadre d'une série classique. Je finirai sur les dessins de Xavier Fourquemin qui évoque un peu ceux de Loisel, en moins bien quand même.
Néanmoins, tout cela ne m'empêchera pas de me pencher sur les autres tomes de "Communardes".
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Marie est une jeune domestique au service de la famille Jeaujard. La fille cadette, Eugénie, est sa meilleure amie et tout va basculer quand ses parents vont apprendre qu'elle est enceinte d'un simple roturier. Voilà la pauvre Eugénie répudiée, enfermée au couvent, et Marie sans amie, sans travail. 13 ans après c'est la commune de Paris. Marie est au front, sur les barricades, à cotés des blessés. Sa rage pour l'aristocratie trouve ici un défouloir.

Lupano va donc nous livrer un nouvel opus de Communardes. "Nous ne dirons rien de nos femelles" va plus s'attacher à la place des femmes et à la lutte des classes que vraiment à la commune de Paris qui reste plutôt une toile de fond. Sur la commune de Paris on apprend peut de chose même si au fur et à mesure des albums nous nous représentons un mieux plus à chaque fois cet épisode de l'histoire. Ici "Nous ne dirons rien de leur femelle" permet d'en savoir plus sur la fin, le dénouement. Des terribles tueries et massacres aux ersatz de procès qui ont suivis.

Marie est une héroïne un peu brute mais tellement attachante. Ce n'est pas une intellectuelle, elle n'est pas à fond féministe ni vraiment une grande militante. C'est juste une femme qui a subit la différence des classes et son injustice, qui en a nourrit une grande rage et haine, et que la commune de Paris est un bon exécutoire à cela.
Certains passages nécessitent d'avoir lu le tome 2, notamment celui où Marie va découvrir le stock d'armes. Mais il ne gène pas franchement la lecture, je pense, pour ceux qui ne saurait pas exactement de quoi il retourne.

On reconnait bien dans les dessins la patte de Fourquemin, qui décidément aime que ses héroïnes soient rousses!! Par contre je souligne une colorisation très délicate qui est très agréable.
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J'ai découvert cette saga lors de la journée internationale des droits des femmes, alors que je cherchais des livres à mettre en avant dans la médiathèque… Après l'avoir feuilletée puis mise en avant quelques jours, j'ai décidé d'emprunter les deux tomes disponibles afin de les lire tranquillement. Je ne suis pas déçue par l'histoire de Marie, car elle m'a permis de voir certaines facettes de 1871 : j'ignorais que les femmes avaient joué un tel rôle dans l'Histoire et qu'il existait l'Union des femmes, un groupe féministe qui est au service de la commune. C'est typiquement le genre de BD historique que j'affectionne, car cela me permet d'apprendre des choses sans devoir consulter un documentaire. Il s'agit d'une première approche fictive qui permet de titiller la curiosité du lecteur… Et ça marche ! Juste après la lecture, j'ai effectué quelques recherches sur internet à propos des communardes… Je tiens donc à féliciter les auteurs pour le sujet et la façon dont il est amené…

Le récit ne parle pas uniquement des événements de la Commune de Paris en 1871 : on va d'abord suivre Marie dix ans plus tôt, lorsqu'elle était une jeune servante au service d'Eugénie et de sa famille. Hélas, elle était loin de douter que sa maîtresse laisse parler son amour dans les bras de M. Edouard et que cette histoire la marquerait à vie. Pour la punir, les parents d'Eugénie ont envoyée leur fille chez les bonnes soeurs… J'ai été particulièrement émue lorsque Marie a retrouvé Eugénie des années plus tard… Quelle horreur ! À vrai dire, les trois-quarts de ce récit sont à la fois révoltants et intéressants. Les batailles n'épargnent pas le regard du lecteur qui devra être confronté à plusieurs scènes sanglantes et bouleversantes… Sans parler du procès final… En ce qui me concerne, je ne suis pas restée de marbre ! Bien que court, le récit de Marie m'a beaucoup touchée… À noter que l'on voit apparaître Elisabeth Dmitrieff, une autre héroïne de la saga qui a réellement existé. J'ai apprécié le clin d'oeil entre les deux tomes. Je suppose que « Les éléphants rouges » a le droit également à sa petite référence, mais comme ne possédais pas cet opus, ce n'est qu'une supposition…

Même si j'ai eu du mal au début, le coup de crayon de Xavier Fourquemin n'est pas désagréable. Au contraire, c'est finalement sympathique de voir une femme avec un gros nez, une allure peu suave et un air parfois bourru. Cela change et c'est plus crédible ! Les décors sont également bien travaillés, je me suis régalée à observer les détails. Si vous n'avez pas peur des batailles bien retranscrites et aimez le Féminisme ainsi que les récits historiques, n'hésitez pas à découvrir « Nous ne dirons rien de leurs femelles… » ! Pour ma part, je vais de ce pas découvrir la bande dessinée mettant en avant Elisabeth Dmitrieff. Même s'il ne s'agit pas du même illustrateur, je suis certaine que j'apprécierai la découverte…

Lien : https://lespagesquitournent...
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1871 - Paris - La Commune

Ce n'est pas par le biais des trois bandes dessinées que regroupe cette mini série qu'on découvre avec précison le contexte, les enjeux et les revendications de cette insurrection historique.

Il s'agit plutôt de trois photographies prises durant cette période. Elles ne peuvent raconter tout le pourquoi et le comment, mais elles ne manquent pas de nous faire palper un instant T par la posture d'un individu.
Dans ces conditions, on observe trois personnages féminins enrôlés dans cette période de l'histoire, volontairement ou pas.

Si en lisant ce constat, l'idée ne vous déplaît pas, je peux vous garantir que les trois photographies sont belles à voir.
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« Nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour les femmes à qui elles ressemblent - quand elles sont mortes. » C'est par cette phrase pleine de dédain qu'Alexandre Dumas fils exprime la faible estime qu'il porte aux communardes, ces femmes qui combattirent aux côtés des révolutionnaires lors de la révolte de 1871. Cette citation est aussi le titre d'une bande dessinée publiée cette année dans une nouvelle collection lancée par Vents d'Ouest et consacrée au rôle que tinrent les femmes lors de l'épisode de la Commune. Deux albums sont d'ores et déjà parus : le premier relatant l'histoire d'un personnage fictif, la petite Victorine, confrontée à l'abattage des animaux du jardin des plantes lors du siège de Paris ; le second mettant à l'honneur Elizabeth Dmitrieff, figure historique et emblématique de la lutte des femmes lors des combats de 1871. Si on retrouve une fois encore Wilfrid Lupano au scénario, l'illustrateur, lui, varie à chaque album. A Lucie Mazel et Anthony Jean succède donc Xavier Fourquemin qui fait ici un très beau travail, même si l'héroïne n'est pas forcément le personnage le mieux réussi esthétiquement. Comme dans « Les éléphants rouges », Lupano opte pour un protagoniste fictif mais néanmoins réaliste puisque nous avons affaire à la jeune Marie, membre de l'Union des femmes et très remontée contre son ancien employeur, un riche colonel particulièrement soucieux de sa réputation et de celle des membres de sa famille.

Ce troisième album de la collection « Communardes ! » se révèle à mon sens bien plus touchant que les précédents car plus dramatique : difficile de ne pas s'émouvoir du sort de cette farouche jeune femme bien décidée à se battre pour ses convictions. Difficile également de rester de marbre face au destin de la belle Eugénie qui, par amour, rencontrera une fin tragique, hélas partagée par beaucoup d'autres dans cette société patriarcale ne faisant aucun cas du droit des femmes. Ce troisième tome nous donne également l'opportunité de recroiser les deux héroïnes des précédents albums, à savoir Victorine et Elizabeth Dmitrieff, toutes deux présentes sur les barricades lors de l'offensive lancée par les Versaillais à l'occasion de la Semaine sanglante. L'un des principaux attraits de la bande dessinée réside également dans le fait qu'il nous donne à voir pour la première fois l'« après » Commune. Si l'on sait tous que la révolte a été écrasée dans le sang, que connaissons-nous du traitement de ceux qui prirent part au combat sans y mourir ? le procès de la jeune Marie nous fournit ainsi l'occasion d'en apprendre beaucoup sur le sujet, notamment en ce qui concerne les peines infligées aux milliers de personnes arrêtées (34 952 hommes, 819 femmes et 538 enfants) ainsi que sur les discours tenus à l'époque par l'élite de la société et quelques « spécialistes » (le socialisme est une maladie mentale, les femmes sont de pauvres êtres aisément manipulables et incapables de faire de la politique…).

Un troisième tome aussi documenté que les précédents et qui lève un peu plus le voile sur l'épisode de la Commune dont on découvre à chaque album un aspect différent. Espérons que les prochains volumes ne se feront pas trop attendre et qu'ils seront du même acabit.
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Je pensais que ce tome de la série "communardes" serait celui qui me plairait le plus, donnant le 1er rôle à une femme du peuple. Hélas, j'ai été très daçue par ce 3ème volet qui s'avère le plus faible.

Après la Commune vue à travers les yeux d'une petite fille puis le destin d'une aristocrate acquise à la cause prolétaire, j'étais ravie à l'idée qu'une histoire de la série de Lupano mette enfin à l'honneur une femme du peuple, se battant pour sa propre classe. J'ai très vite déchanté. Il ne s'agit pas ici du destin d'une militante convaincue mue par l'espoir d'un monde meilleur et plus juste. L'histoire s'appesantit sur le lien qui unit Marie, la servante, et Eugénie, la bourgeoise au grand coeur. Par la suite, si Marie rejoint la Commune c'est plus par colère que par conviction. Et je regrette vraiment que la série n'ai jamais mis à l'honneur une femme du peuple agissant par conviction. le 1er volet, "les éléphants rouges", avait pour héroïne une petite fille qui ne comprenait pas forcément tous les enjeux, le 2ème tome, "l'aristocrate fantôme, mettait en scène une femme de conviction mais issue de l'aristocratie. Finalement, j'aurais peut-être préféré que soient mises à l'honneur des grandes figures de la Commune comme Louise Michel, Nathalie le Mel ou Blanche Lefebvre... Cela aurait été moins original mais aurait peut-être été un plus bel hommage à la Commune qui, encore une fois dans ce tome, n'est qu'un décor, un arrière-plan. Les espoirs, les idées qui sous-tendaient la Commune ne sont jamais vraiment évoquées.

Je n'ai pas non plus adhéré au dessin que j'ai trouvé sans charme.

Bref, une grosse déception que ce "nous ne dirons rien de leurs femelles" (quel dommage de livrer un ouvrage si lisse avec un tel titre). Je ne sais pas si d'autres tomes sont prévus mais il faudrait vraiment que la série de Lupano s'améliore pour continuer à m'intéresser.
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Pour ce troisième album de la série Communardes, Wilfrid Lupano s'associe à Xavier Fourquemin. Nous ne diront de leurs femelles est différent de l'album précédent Les éléphants rouges, ressemblant davantage à L'aristocrate fantôme et lui fait d'ailleurs quelques clins d'oeil.

L'album dispose pourtant d'une identité propre puisque nous suivons les mésaventures de Marie qui passe du statut de servante à celui de rebelle. Même si la quatrième de couverture vante le statut modeste de l'héroïne, il faut bien reconnaître qu'elle côtoie le milieu de la haute société et c'est d'ailleurs en grande partie ce monde-là qui est responsable de ses déboires. Voilà qui nuance déjà beaucoup le programme annoncé.

Et le constat ne s'arrête pas ici puisque l'on nous offre un scénario classique qui brasse quelques clichés tout aussi convenus que prévisibles. Voilà Marie qui tente de sauver une amie, victime de son monde, de sévisses, de son statut de femme… Si l'on ne peut que compatir au destin et surtout aux malheurs d'Eugénie, leur mise en scène peine à convaincre. Il s'agit ici d'une piste commode et d'un moyen tout trouvé pour placer l'évolution psychologique du protagoniste. La fibre sentimentale a du bon, toutefois car l'on ne reste pas insensible non plus… Quelques incohérences doivent également être identifiées.

Le sentiment de révolte sera d'ailleurs omniprésent. Assurément l'on ne peut que partager le point de vue de Marie, compatir à ses idées, l'admirer et haïr bon nombre de personnages. Dommage qu'il n'en est pas de même de cette bande dessinée qui est franchement décevante puisqu'elle accumule des scènes d'actions, entraînant une lecture trop rapide. le contenu se révèle assez maigre, ponctué par une introduction et une conclusion plus dense. Une mise en scène plus travaillée aurait été la bienvenue.

Les dessins ne sont pas vraiment à la hauteur non plus. La série nous avait habitués à mieux, beaucoup mieux. Si les séquences d'extérieur sont sympathiques et détaillées, il n'en est absolument pas de même pour les visages et les personnages. le style est ici très particulier… l'usage immodéré de la couleur gêne plus qu'elle n'apporte quelque chose.

Cette baisse de régime est assez regrettable car elle s'appuie sur des bonnes idées. L'idée de faire des amis d'hier, des ennemis ne parvient pas à rattrapera le tir. Il s'agit ici d'une lecture rapide qui tente de faire passer un message et il faut reconnaître que celui-ci est bien compris, malgré les faiblesses accumulées ici.
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La BD peut se révéler un judicieux support de vulgarisation. L'ouvrage présent le confirme avec force. Si la Commune est le fil rouge de cette série de portraits de femmes, la problématique principale est davantage la condition féminine dans la deuxième moitié du XIXème siècle. L'analyse de cette révolution est un axe secondaire et il est par contre nécessaire d'avoir en tête quelques repères historiques sur cette période qui ne sont pas rappelés ici. L'intrigue débute bien avant les événements de 1871 et se termine après. En revanche, « Communardes ! Nous ne dirons rien de leurs femelles » permet de mesurer l'étendue de l'oppression masculine à cette époque. L'ouvrage rappelle que cette discrimination s'exerçait avec la complicité de certaines femmes qui s'accommodaient de cet état de fait pour en tirer quelques avantages ou parce qu'elles avaient intégré les mécanismes de pouvoir mis en oeuvre et, se faisant, s'avéraient incapables de les questionner pour les remettre en cause. Mais, surtout, par le biais de ces deux portraits, celui de la femme du peuple Marie et celui d'Eugénie, l'aristocrate, le scénariste montre que les violences faites aux femmes ne connaissaient pas de barrières sociales. L'auteur ne verse pas dans une analyse manichéenne : le camp réactionnaire, lié à l'Eglise et à l'armée était probablement le plus hostile à l'émancipation féminine mais, dans les milieux républicains, la domination masculine était également très présente et l'idée, selon laquelle, l'intelligence des femmes était moindre que celle des hommes ne rencontrait guère de contradicteurs. Dès lors, il n'y a rien d'étonnant à ce que la France ait mis si longtemps à permettre aux femmes de voter ou de pouvoir ouvrir un compte en banque sans l'aval de leur mari ! Rien se surprenant non plus à ce que la France du XXIème reste en retard dans le domaine de l'égalité hommes/femmes… le petit-fils de suffragette que je suis ne pouvait qu'apprécier à sa juste valeur le travail de mémoire auquel se livre avec beaucoup d'intelligence Lupano.
Si j'ai trouvé la composition des planches très dynamiques, j'ai moins apprécié les expressions des personnages qui sont trop caricaturales à mon goût. Il me semble qu'une représentation plus neutre des personnages aurait davantage servi le propos du scénariste.
C'est une toute petite réserve par rapport à l'immense intérêt que cet ouvrage représente et le plaisir de lecture qu'il suscite.
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J'ai déjà lu le premier tome de la série, mais comme ils peuvent être lu indépendamment les uns des autres, je passe directement au troisième qui était dispo à la médiathèque.
La commune n'est qu'un prétexte pour présenté la façon dont pouvait être traité les jeunes femmes qui auraient "fauté", avec l'aide des institutions religieuses. C'est totalement sordide. Étrangement ce n'est pas un sujet particulièrement évoqué dans la littérature que j'ai pu parcourir. On y parle surtout des classes populaires, est ce parce que si elles étaient issues des classes supérieures on considèrent qu'elles avaient de la chance et que leur sort était donc moins terrible que celui des plus pauvres ?
Dans cette histoire c'est pourtant la petite bonne qui semble plus libre que sa patronne.
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