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Critique de JeanPierreV


Livre étonnant et magnifique, à lire surtout si on a tendance à se plaindre de la vie….une leçon de Lumière intérieure…une leçon de force
Jacques Lusseyran…. vous savez ….c'est cet auteur connu du grand public depuis que Jérome Garcin l'a sorti de l'ombre avec son ouvrage « le Voyant«
Un homme au destin extraordinaire, le mot n'est pas trop fort, qui nous livre dans « Et la lumière fut » les 21 premières années de sa vie

Un gamin comme tous les autres, ni meilleur ni plus mauvais, qui se fortifia de son handicap, la cécité totale, survenue après un accident à l'école, à l'age de 8 ans. Un gamin qui nous donne des leçons de courage, un gamin qui malgré sa cécité nous explique comment il voyait en couleurs, comment cette cécité, loin de l'isoler lui permit au contraire de s'ouvrir aux autres:
« Mais au total, je suis redevable à la cécité de m'avoir forcé au corps à corps avec mes semblables, et d'avoir fait de lui, bien plus souvent un échange de force et de joie qu'un chagrin. Les chagrins que j'ai eus, presque toujours je les ai eus dans la solitude. » (P. 63)
Pour lui, tout est couleurs, y compris la musique. Un regard étonnant sur le handicap, sur les handicapés, un regard pour nous autres les considérions différemment….
Un livre en deux parties : son enfance d'une part, son adolescence d'autre part, qui coïncida avec l'invasion de la France par les nazis en 1939
L'autre personnage principal est la Lumière, oh pas celle que nous voyons lorsque nous admirons un paysage, pas celle que nous recherchons lorsque nous faisons une photo…non…la Lumière intérieure, celle qui nous permet de passer les obstacles de la vie, cette force qui devrait faire notre personnalité
Ce gamin Jacques a réussi a suivre une scolarité normale, dans le même lycée que tous les gamins de son âge…il n'a pas connu les établissements spécialisés pour non voyants…il a appris le braille, et à taper à la machine pour rendre ses devoirs aux professeurs, obtenu ses diplômes. Il intégra même Normale Sup…il aurait pu devenir l'un de nos profs de littérature, si un texte et une décision personnelle d'Abel Bonnard, ministre du Gouvernement de Vichy ne l'avait pas écarté, comme tous les autres infirmes, des métiers de l'Éducation Nationale et de l'Administration française…
Un homme courageux qui nous fait partager son engagement dans la Résistance après l'invasion de la France par les armées nazies. Encore étudiant il mobilisa quelques amis et créa un réseau de résistance, de six cent jeunes, filles et garçons comme lui, qui distribuaient clandestinement et à la sortie des églises un journal de quelques pages qui devint France-soir.…un résistant qui fut dénoncé, déporté à Buchenwald, dans les baraquements des infirmes, ceux dans lesquels les rations étaient inférieures de moitié à celles qui étaient donnés aux autre détenus. il y passa 14 mois.. Buchenwald où il faillit plus d'une fois perdre la vie….Seule cette force et cette Lumière intérieure lui permirent d'en sortir vivant.
« Personne autour de nous ne ment, personne ne cherche son intérêt. La Résistance est une affaire de dignité, d'honneur. Et l'honneur n'est pas que dans la Patrie, mais dans tous nos actes….la Résistance protège ceux qui la font. Elle interdit la saleté. C'est la volonté de ne pas faire n'importe quoi, mais quelque chose qu'on a choisi une fois, qu'on voudrait encore, même si l'on a été torturé, bafoué »
Il vivait dans le même monde que nous, mais ne voyait pas les autres avec ses yeux. Il avait acquis un sens inné des autres, ces autres dont il percevait la personnalité, le courage ou la lâcheté, l'engagement ou la passivité selon l'intonation de la voix, la façon dont l'autre lui serrait la main..
Il n'a jamais été « suiveur », mais toujours leader….il réussissait à attirer à lui les autres, à les fédérer autour de lui, à rayonner.
Un message d'amour, de courage, de force, d'ouverture aux autres, d'engagement…A compléter par la lecture de » le monde commence aujourd'hui » qui nous fait découvrir la troisième étape de sa vie. On en apprend un peu plus sur ses conditions de vie à Buchenwald. On apprend que l'Éducation Nationale n'ayant pas voulu de lui il devint professeur de littérature française quelques temps après sa libération…. aux États unis
« La joie ne vient pas du dehors. Elle est en nous quoi qu'il arrive. La lumière ne vient pas du dehors. Elle est en nous même sans les yeux » (dernière phrase du livre – P. 282)
Une personnalité qui ne peut laisser indifférent, un homme qui fut tout sauf banal :
« François m'ayant un jour demandé quel était le défaut que je supportais le moins facilement chez les autres, la réponse avait jailli de moi comme la balle sortie du revolver : la banalité » (P. 184)
A découvrir
Lien : http://mesbelleslectures.com..
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