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Citations sur Et la lumière fut (105)

Les enfants d'un pays heureux n'en finissent pas d'être des enfants. Mais ceux d'un pays qui souffre sont des hommes déjà avant même qu'ils ne l'aient désiré, avant même que leur corps ne le permette. [..]
Ils ont mille fois plus d'interrogations qu'il n'existe au monde de réponses.
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... les poètes ! Ces gens incroyables, si différents des autres, qui racontaient à qui voulait l'entendre qu'un désir est plus important qu'une fortune et qu'un rêve est bien capable de poser plus lourd que la fonte ou l'acier ! Quel toupet ils avaient ceux-là ! Et comme ils avaient raison !
Ils disaient que tout ce qui vient de l'intérieur de nous passe à travers les choses, et retourne en nous, que c'est cela vivre, sentir, comprendre, aimer..
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C'est alors qu'un instinct (...) m'a fait changer de direction. Je me suis mis à regarder de plus près. Non pas plus près des choses mais plus près de moi. A regarder de l'intérieur, vers l'intérieur, au lieu de m'obstiner à suivre le mouvement de la vue physique vers le dehors. Cessant de mendier aux passants le soleil, je me retournai d'un coup et je le vis de nouveau: il éclatait dans ma tête, dans ma poitrine, paisible, fidèle. Il avait gardé intacte sa flamme joyeuse: montant de moi, sa chaleur venait battre contre mon front. Je le reconnus, soudain amusé, je le cherchais au-dehors quand il m'attendait chez moi. (p. 26)
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On eût dit que, de ce Paris occupé, silencieux comme un cercueil, montaient des émanations irritantes. Toutes ces paroles que les gens retenaient parce qu’ils avaient peur devenaient des défis. Presque tous les garçons de mon âge étaient inquiets.
(…) Et notre inquiétude était plus complète que celle des adultes. Elle ne consistait pas à se demander qui gagnerait la guerre, et quand, s’il y aurait des restrictions alimentaires (du reste il y en aurait, elles commençaient déjà), si l’ennemi le plus dangereux était le nazisme ou le bolchevisme. Nous voulions apprendre à vivre. C’était bien plus grave. Et nous voulions apprendre très vite, parce que nous sentions que demain il serait sans doute trop tard. Il y avait des signes de mort sur terre et dans le ciel,de la frontière d’Espagne à celle de Russie. Pas même des signes, des actions de mort.
Cela grondait en nous, cela voulait sortir. Si nous n’étions pas fichus de fabriquer une meilleure vie que celle de nos aînés, l’orgie de sottise et de massacre allait continuer jusqu’à la fin du monde. Qu’ils se taisent, les gens, s’ils pouvaient vivre en se taisant ! Nous, nous ne pouvions pas. Quant à leur peur, elle ressemblait trop à de l’indécence : elle nous écoeurait.
Nous n’étions indulgents ni pour les philosophes, ni pour nos professeurs, ni pour nos familles. C’était mieux ainsi : il nous fallait de la force pour nous préparer.
p 148-149
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A peine étais-je devenu aveugle que j’avais oublié le visage de ma mère, celui de mon père, et généralement de tous les êtres que j’aimais. De temps à autre un visage m’apparaissait en souvenir, mais c’était toujours celui d’une personne qui m’était indifférente. (…)
L’affection, l’amour nous mettraient-ils si près des êtres que nous ne puissions plus évoquer leur image ? Peut-être même, à cause de notre amour, ceux que nous aimons, nous ne les avons jamais vus complètement.
Il est vrai que, à défaut de leurs visages, j’avais contre mon oreille les voix de mes parents et que, depuis l’accident, les formes des gens, leurs apparences m’intéressaient encore, mais d’une façon toute nouvelle.
Il m’était devenu subitement égal que les gens eussent les cheveux bruns ou blonds, les yeux bleus ou verts. Je trouvais même que les voyants employaient beaucoup trop de leur temps dans ces observations inutiles.
Toutes ces expressions de la conversation courante — « il donne confiance », « il a l’air bien élevé » — me paraissaient prises juste à la surface des gens : c’était la mousse, ce n’était pas le breuvage. p 81
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Mes parents étaient la protection, la confiance, la chaleur. Je l'éprouve encore aujourd'hui, quand je songe à mon enfance, cette sensation de chaleur au-dessus de moi, derrière moi, autour de moi. (p. 15)
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Ils [les étudiants collaborateurs] prouvaient que le nazisme n'était pas un mal historique, limité à un temps et à un pays, un mal allemand (tuons tous les boches, et le monde sera heureux !). Le nazisme, c'était un germe omniprésent, une maladie endémique de l'humanité. Il suffisait de jeter quelques brassées de peur au vent pour récolter, à la saison prochaine, une moisson de trahisons et de tortures.
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On s'imagine toujours que les bruits sont des phénomènes qui commencent et finissent brusquement. Je m'apercevais que rien n'était plus faux. Souvent, il m'arrivait d'entendre parler les gens avant qu'ils n'aient pris la parole.
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... je ne vais pas vous montrer Buchenwald. Pas entièrement. Personne n'a jamais pu le faire....Il n'y a pas de " vérité " sur " l'inhumain ", de même qu'il n'y en pas sur la mort.
... Sur deux mille Français qui sont entrés avec moi en cette fin de janvier 1944 à Buchenwald, il reste une trentaine de survivants.
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Extrait de la Préface de Jacqueline Pardon, résistante, devenue la femme de Jacques Lusseyran après la guerre. Ils divorceront en 1954. p 7
"Un petit garçon de huit ans perd définitivement la vue, à la suite d'une bousculade à l'école communale. C'est un malheur irréparable. Il découvre en lui des dons inhabituels. D'abord, il voit toujours le soleil lorsqu'il regarde de "l'intérieur vers l'intérieur", soleil qui "conserve sa flamme joyeuse". Et, dans la lumière de celui-ci, tout revient. Et plus encore, c'est un déferlement de couleurs. Même les chiffres, les lettres, les notes de musique sont colorés.
Quant aux hommes, s'il ne voit plus la forme de leurs corps, c'est une tache colorée qu'il perçoit, différente pour chacun. Les autres sens se développent, l'ouïe en particulier. La voix, pour lui, est beaucoup plus révélatrice de l'être que l'expression du visage. La cécité, loin de le séparer des autres, le rapproche d'eux. Il n'est pas un aveugle, mais un aveugle voyant, qui vit parmi les voyants ordinaires."
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