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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Partis en mer malgré un avis de gros temps, le pêcheur sud-américain Bolivar et son jeune compagnon Hector se retrouvent prisonniers de la tempête, puis d'un bateau avarié dérivant sur l'immensité de l'océan Pacifique. Unis dans un tête-tête forcé, les deux hommes organisent leur survie, autant physique que psychologique.


Après une première partie dominée par la tension de l'action, tandis que Hector et Bolivar, que jusqu'ici tout opposait, réunissent leurs forces contre les éléments déchaînés, puis pour assurer les bases de leur survie, le récit se resserre peu à peu sur la confrontation psychologique des deux hommes, et enfin de chacun avec soi-même. Alors que le temps s'allonge et se vide pour les deux Robinsons, désormais rodés quant à leur précaire organisation matérielle, c'est leur mental qui envahit la narration. Et dans la lutte sans merci entre leur volonté et leur désespoir, on assiste à leur mise à nu jusqu'au tréfonds de leur être, et à leur terriblement tardive prise de conscience de ce qui fait le véritable prix de la vie.


Bien plus qu'une histoire de survie, Paul Lynch nous propose, au travers de ce roman métaphorique, une réflexion d'envergure sur la condition humaine. Car l'errance de ces deux hommes perdus dans une immensité déserte, oscillant entre désespoir et foi en leur survie, torturés par la conscience de leurs fautes dans une expiation préalable à une possible rédemption, n'est autre que celle de toute l'espèce humaine. Ainsi l'aveuglement de notre orgueil et de nos égoïsmes s'assortit de nos doutes et de nos peurs face à notre destinée de mortels. Ainsi nous partageons-nous entre, d'un côté, la perception de notre insignifiance, à la fois écrasante et miraculeuse dans une nature immense et incontrôlable qui nous renvoie à notre solitude dans le vide de l'infini, et, de l'autre, notre espoir et notre foi en une possible issue à notre finitude. Enfin, ainsi cherchons-nous le chemin qui donnera un sens à notre existence, celui qui passe par des valeurs universelles transcendant nos individualités.


A la fois poétique et réaliste, aussi profondément juste dans l'exploration psychologique de ses personnages qu'impressionnant dans son évocation des variations infinies de la mer, et surtout doublé d'une portée philosophique et mystique magistralement suggérée, ce roman a tout pour devenir un monument de la littérature. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Coup de coeur pour ce huis-clos maritime, oppressant et philosophique !

Je ne m'attendais pas à une ambiance tropicale en ouvrant ce livre de l'irlandais Paul Lynch qui a pour habitude de placer ses romans sur sa terre natale. Pourtant, c'est bien sur une plage chaude d'Amérique latine, au bord de l'océan Pacifique, que nous faisons la connaissance de Bolivar, pêcheur expérimenté, un peu paresseux et alcoolique, bourru, attaché à peu de choses, qui est à la recherche de son collègue, Angel, introuvable en ce jour chaud et lourd. Il semble lui avoir fait faux bond et la belle Rosa, dans sa nonchalance et ses gestes ensuqués, n'en sait pas davantage.

« Quand il entre, c'est la Vierge de Gadalupe qui l'observe depuis son étagère en hauteur, comme s'il était une apparition divine se glissant à travers le rideau de perles de la porte.
Rosa est là, dans son hamac, endormie comme toujours. Il allume la télévision pour regarder la retransmission d'un match qui s'est déroulé la veille.
Rosa ! T'aurais pas vu Angel ?
La femme remue en geignant, contrariée. Elle descend du hamac en balançant les jambes et attache ses cheveux, debout dans la semi-pénombre. Lui ne distingue que ses yeux, comme si ceux-ci s'accaparaient le peu de lumière qui les entoure ».

Lorsqu'il convainc le jeune et frêle Hector, lycéen, de partir en pêche avec lui, malgré la tempête qui s'annonce et les alertes de son patron, nous devinons rapidement que cette pêche ne sera pas une sinécure…Pourtant, il ne le sent pas cet adolescent dégingandé Bolivar, de peu d'expérience qui plus est, pourquoi s'obstiner dans ces conditions ? Par provocation ? Par appât du gain ? Par inconscience et bêtise ? Par liberté ? Par peur, un type semblant le rechercher ?

La mer déchainée va malmener la frêle embarcation, le moteur tombe en panne, les moyens de communication sont détruits, imposant, entre ces deux hommes qui ne se connaissent pas, un huis-clos des plus tendus. La survie se met difficilement en place, chacun devant composer avec les faiblesses, le caractère, la nature de l'autre, en plein milieu de l'océan sur quelques mètres carrés ne permettant aucune intimité et imposant de dormir ensemble, dans la glacière à poissons, devenue tonneau de Diogène au milieu des eaux, cage du soleil et cage de nuit et ce silence qui s'accumule entre eux.

Leur vraie nature va respectivement émerger et se confronter. Bolivar va occuper son temps à des activités concrètes (assurer la survie, organiser les outils pour cela, s'imposer des activités physiques pour ne pas s'engourdir) plein d'espoir, tandis que le jeune Hector sombre vite dans le désespoir, renonçant dès le départ. Les reproches mutuels feront vite place à une forme d'entraide.
Entre espoir d'être sauvés, conditions de survie précaires, rares moments de courage succédant aux nombreux moments d'abattement, entraide et amitié, haine et violence, silences et confidences, les jours, les semaines, puis les mois, s'écoulent.
Eau de pluie, poissons et oiseaux crus pour seuls moyens de subsistance (la chair de fulmar est alors un met appréciée), nous assistons avec fascination à la déchéance graduelle des corps, aux carences et maladies puis au délitement progressif des esprits.

« Chaque perle de pluie qui franchit leurs lèvres, qui se dépose dans les gobelets ou remplit le seau est une goutte de temps et de vie distillée ».

Face à la mer, face à ce désert maritime qui s'étire jusqu'à la ligne d'horizon, les deux hommes seront surtout face à eux-mêmes, les questionnements des consciences bien plus à vifs dans cet entre-deux entre la vie et la mort. La folie aussi s'invite au voyage par touches subtiles et croissantes. C'est tragique et percutant, captivant et glaçant de réalisme. le poids de nos actes passés, totalement mis à nus, sans amers derrière lesquels se cacher, prend alors tout leur sens, aussi dur que le constat soit. J'ai été étonnée d'y trouver mes propres interrogations, mes propres faiblesses enfouies, ce roman s'est imposé en moi et à moi, avec force et émotion, avec stupéfaction et gêne aussi. Ce jugement implacable sur soi est également entrecoupé de belles leçons de lâcher prise et d'acceptation.

« Viennent ensuite des jours où il est habité par une joie de plus en plus intense. Un sentiment jailli de l'intérieur, fait de liberté et de possibles, convoqué par chaque aube brûlante, le monde se relevant de ses cendres pour exister de nouveau. Muets de saisissement, Hector et lui regardent le monde se recomposer dans une magnificence de couleurs. Comme s'ils étaient les premiers à contempler des ciels pareils ».

Mais surtout, ce questionnement sur soi provoquée par l'isolement le plus extrême laisse peu à peu la place à un questionnement sur le vide existentiel et sur la condition humaine. Cette dimension, abordée avec finesse et subtilité, rend ce livre d'une richesse inouïe car il va bien au-delà du simple récit de survie. La survie place les personnages dans une telle position de vulnérabilité et de petitesse au sein de l'immensité et de la puissance de la nature, que la conscience se déplace, du nombrilisme elle prend de la hauteur pour convoquer l'universel. Les questionnements sur la vie germent et portent leurs fruits alors que les protagonistes flirtent avec la mort. Ce livre révèle alors avec brio sa véritable nature existentialiste à laquelle je ne m'attendais absolument pas.

« Sans y mettre de mots, il comprend qu'une tempête trouve son véritable sens dans ce qu'elle dévoile, que le chaos exprime ce qu'il est et donne forme à ce que l'oeil ne saurait percevoir ».

« Seul un homme libéré des exigences du corps peut comprendre le sens du mot liberté ».

La présence d'une sensibilité écologique est bien amenée, avec ses innombrables déchets plastiques trouvés par notre duo au fur et à mesure de leur divagation, pneus, sacs en plastique, collants, futs et barriques d'huile, dont ils se serviront parfois comme outils de pêche ou de chasse, ou encore comme récipients. Par ailleurs, les oiseaux et tortues attrapés et dépecés ont l'estomac remplis de boulettes plastique.

L'écriture, à la fois factuelle et poétique, épouse le récit et alterne son rythme suivant les soubresauts du périple, donc tour à tour lente et contemplative, puis hachée et haletante. Paul Lynch ne dit pas abruptement les choses, le tragique se devine au détour d'une phrase avec élégance et finesse. J'ai vraiment aimé le style de Paul Lynch, ses tableaux qu'il compose, ses images saisissantes faisant penser à Hémingway par moment.

« Des crevasses de lumière mourante dans le ciel. Les deux hommes finissent de poser les appâts, se dissolvant peu à peu dans l'obscurité. Pendant qu'Hector se dépêche d'en accrocher un à la ligne alanguie, Bolivar fait virer le panga de bord. Les bidons de Javel qui servent de flotteurs ressemblent à des méduses un peu ternes ».


A noter que Paul Lynch s'est inspiré d'une histoire vraie, celle d'un pêcheur salvadorien retrouvé en 2014 sur un atoll des îles Marshall, au milieu de l'océan Pacifique après treize mois à dériver. Un fort orage avait en effet détruit son moteur et ses moyens de communication. Son coéquipier était mort pendant l'aventure.
L'auteur, à partir de ce fait divers, nous livre un huis-clos réaliste, poétique et philosophique marquant interrogeant nos propres questionnements intimes, notre condition humaine devenue alors si peu de chose dans l'immensité de la mer.

Ce livre, un phare guidant la conscience ayant plongé son faisceau dans le puits de mon être…


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C'est l'un des livres dont on parlera très certainement beaucoup lors de cette rentrée littéraire 2021. Attendue par de nombreux lecteurs déjà conquis par la plume contemporaine de l'auteur irlandais Paul Lynch, c'est une fantastique odyssée intérieure poétique qu'il nous offre par la parution de son quatrième roman.

Alors que la rentrée littéraire ne commence « officiellement » que le 18 août pour les Editions Albin Michel, j'avais pu déjà lire par-ci par-là, des lecteurs qui attendaient impatiemment la parution de ce livre, du fait qu'ils avaient beaucoup aimé un des précédents bouquins de cet écrivain. Je ne vais pas vous mentir : pour ma part, même si je connaissais de nom l'auteur, Paul Lynch, je n'avais lu aucun de ses autres livres. Ce fût donc une découverte, mais quelle découverte!!!

Ses trois premiers livres trouvaient leurs décors en Irlande. Pour la première fois, l'écrivain a décidé de planter son récit ailleurs : au début dans un petit village côtier sud-américain mais surtout au milieu de l'Océan Pacifique. Afin d'y parvenir, il s'est inspiré d'un fait divers réel survenu en 2013 : après qu'un ouragan ait emporté deux pêcheurs très loin des côtes dans leur petite embarcation, l'un d'eux échoua près d'un an plus tard sur une des îles Marshall. de cette image, l'auteur a souhaité en tirer « un laboratoire expérimental idéal où il pourrait créer pour eux un vide existentiel ».

Bolivar est pêcheur et un jour, par besoin d'argent, malgré qu'une tempête se prépare à l'horizon, il se décide quand même de prendre la mer en compagnie du jeune Hector. Alors qu'ils se trouvent au milieu de l'Océan Pacifique, ils vont devoir faire face aux éléments naturels et à l'impossibilité de rentrer au port. C'est alors tout un voyage que nous fait vivre ces deux pauvres êtres, tant sur la mer qu'au plus profond d'eux-mêmes.

C'est une totale immersion dans cette terrible épreuve que vont subir ces infortunés pêcheurs. On tremble avec Bolivar et Hector sur ce bateau de fortune lors du mauvais temps, lors des jours qui suivent au moment où ils se rendent compte petit à petit que les secours n'arrivent pas et que leurs vivres se réduisent à peau de chagrin.

Cette façon dont l'auteur a de décrire cette immensité de l'océan Pacifique est tout à fait exceptionnelle. On ressent les courants marins, on perçoit le clapotis des vagues sur l'embarcation, on hume les embruns marins,… mais aussi on frémit lorsque les requins s'approchent du bateau, lorsque la tempête manque de le faire chavirer, lorsque le soleil brûle les peaux qui se décharnent au fil des jours.

Sans identifier vraiment le pays ou la ville de Bolivar, c'est toute l'ambiance de l'Amérique latine qui y est façonnée savamment avec beaucoup de talents. Ceci nous conte cette histoire regorgeant de sujets tellement actuels, tels que la solitude ou les terribles changements climatiques que la Terre subit.

Je ne peux que vous conseiller vivement ce livre, empreint de philosophie et d'humanité. Je suis certaine qu'on en parlera beaucoup et c'est amplement mérité au vu de ses très nombreuses qualités.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Un des livres les plus attendus de cette rentrée littéraire n'est nul autre que le nouveau roman de l'auteur irlandais Paul Lynch, son quatrième roman pour un auteur unanimement salué par la critique pour ses trois précédentes oeuvres. Nul doute que « Au-delà de la mer« , publié par les éditions Albin Michel, va encore renforcer ce capital sympathie auprès de la critique et du grand public. Un ouvrage saisissant, hanté, aux frontières du rêve et de la réalité, aux confins de la vie et de la mort. Un récit tel un cri déchirant sur l'âpreté de la vie, le poids de la culpabilité et un roman servi par une plume écorchée, qui nous ronge jusqu'à l'os, à l'image de ces deux êtres perdus en pleine mer. Bolivar est un pêcheur sud américain endurci, à la peau tanné et au cuir épais. Il en a vu d'autres. La vie n'est que satisfaction des besoins primaires pour lui. Sa compagne est d'une tristesse mais il ne veut pas le voir. Ainsi alors que le manque d'argent se fait criant, Bolivar va jouer au dé son destin et celui d'un adolescent, Hector, qui se décide à partir finalement avec celui-ci. Pourtant, la tempête s'annonce, elle rugit et menace au large. Mais je vous l'ai dit, Bolivar est un être comme un roc sur qui tout ruisselle, même le danger d'une tempête ne l'effraie nullement. Les voilà partis, Hector et Bolivar, deux êtres qui ne se connaissent pas. La mer est très agitée, les vagues déferlent contre l'embarcation. C'est la lutte venant du fond des âges, celle menée en face à face entre l'homme et la nature implacable et féroce. L'Hybris , la démesure de Bolivar confronté à ce que l'homme craint le plus, l'imprévisibilité de la mer, son basculement entre beauté et vagues gigantesques, creux de plusieurs mètres qui mettent en péril l'embarcation. Bientôt, le moteur et le système de communication ne fonctionnent plus et voilà Bolivar et Hector perdu en pleine océan. Ils vont devoir apprendre à s'apprivoiser mutuellement. Jusqu'où iront-ils pour survivre ? Hector, l'adolescent fragile et torturé, et Bolivar, l'homme revenu de tout. Chacun est ancré dans deux réalités totalement distinctes. La soif les ronge au bout de quelques jours..

« L'espoir ce n'est rien qu'une petite flamme, pense Bolivar. On le nourrit d'une petite chose et puis d'une autre. C'est ainsi que nous vivons.«

Dans ce tête à tête, alors qu'Hector recherche la rédemption, Bolivar lui continue d'être uniquement préoccupé par la survie, et ce à tout prix. Une plongée en apnée dans la psyché de Bolivar et Hector. Qui est Bolivar ? Que cache t'il derrière cette muraille infranchissable ? Ce roman est un questionnement sur le fil ténu entre la vie et la mort, la folie qui nous guette, une réflexion philosophique sur le sens de nos actes et le poids de la destinée, de la culpabilité. Bolivar et Hector sont les marionnettes de quelque chose de plus grand, qui les dépassent totalement. On songe à Hemingway bien évidemment et à Camus. Porté par un souffle certain, ce huis clos en pleine océan est d'une grande justesse et d'une beauté redoutable, de celle qui nous ensorcelle. On termine ce roman « Au-delà de la mer » la gorge sèche et le souffle court. Un roman inoubliable et qui fait partie des livres indispensables à lire en cette rentrée littéraire. Laissez vous tenter.
Je remercie très chaleureusement les Éditions Albin-Michel et sa collection « Terres d'Amérique » pour cette lecture et leur confiance !


Lien : https://thedude524.com/2021/..
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Un rivage d'Amérique du Sud, côté Pacifique, (quel joli nom en fonction de ce qui suit) terre des cartels également.
Bolivar doute de son avenir avec Rosa. Bravache, inconscient, les deux peut-être, il part pêcher et emmène avec lui le jeune Hector. Une tempête, pourtant annoncée se déchaîne et va souder les deux pauvres humains malgré les limites de l'Espérance.
Grâce à une écriture cinématographique ,j'ai été tenue en haleine de bout en bout dans ce voyage désespéré. Beaucoup de talent ce P.Lynch.
Merci aux Edts A.Michel pour cette belle lecture.
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Bolivar, vieux pêcheur, possédant son propre bâteau décide de partir en mer bien qu'une tempête ait été annoncée. Il persuade Hector, jeune pêcheur peu expérimenté à prendre la mer avec lui. Quand la tempête arrive, beaucoup plus violente que prévu, ils se retrouvent tous deux seuls au milieu de la mer, le moteur ayant rendu l'âme peu après les déferlantes. Les deux personnages vont être obligés à une cohabitation non désirée, passant d'une haine féroce à une collaboration de survie. Lorsque s'apprivoiser est indispensable à la vie...
J'ai adoré ce livre extrèmement bien écrit. (Bravo d'ailleurs au traducteur qui a su rendre la fluidité de la langue originale en français)! J'y ai retrouvé une intensité qui m'a rappelée le Vieil Homme et la mer d'Ernest Hemingway avec en plus une tension dramatique entre les deux protagonistes digne de Huis-Clos de Jean-Paul Sartre. Un vrai coup de coeur! Je remercie les éditions Albin Michel pour leur envoi en avant-première!
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Que vous dire de ce roman de Paul Lynch.je fais ma critique " à chaud" ,j'ai été surprise du virage qu'il a pris .Ayant lu deux de ses romans :Un ciel rouge le matin et La neige noire qui en fait est une saga racontant l'histoire d'une famille Irlandaise émigrant aux States et puis finalement revenant en Irlande .J'avais beaucoup aimé l'histoire et le style de l'auteur .Là c'est tout à fait différent : un pêcheur Sud -Américain:Bolivar,malgré un avis de tempête va embarquer un jeune :Hector ,car son matelot est introuvable.Ilsvont prendre des risques car tous deux vont se retrouver au milieu d'éléments déchaînés.Contraint de vivre dans un espace réduit, ils vont au début s'affronter pour finalement s'étudier, chacun ayant des réactions différentes face à la mort qui les guette.Un face à face décrit d" une magnifique plume .Une analyse du comportement humain face à certaines situations décrite avec subtilité ,finesse ,une introspection de l'homme ,magistrale .C'est un roman qu'il faut lire ,au calme ,confortablement installé(e)au coin d'une cheminée,en faisant abstraction de tout ce qui nous entoure et en faisant le vide dans notre esprit ,afin d'en mesurer toute la beauté, vous l'aurez compris ,j'ai adoré et je pense que je le relirai pour en apprécier davantage ,certains passages.⭐⭐⭐⭐⭐
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Ce jour-là Bolivar, un pêcheur sud-américain aguerri, doit impérativement prendre la mer pour rembourser un type auquel il doit de l'argent et qui a promis de lui couper les oreilles ; c'est une affaire sérieuse. Angel, son acolyte, cuve ses excès de la veille, alors c'est Hector, un adolescent dégingandé qui embarque sur le panga avec Bolivar, au mépris de la tempête qui gronde au loin.

Mais bientôt, au coeur des éléments qui se déchaînent, Bolivar perd le contrôle de l'embarcation. Les deux pêcheurs se réfugient dans la glacière et attendent. Quand le calme revient, ils sont perdus, sans eau, sans nourriture, gps et radio sont hs. Ainsi débute la dérive de ces deux êtres si diamétralement différents et de leur bateau.

Ils vont devoir puiser au plus profond d'eux-mêmes les ressources qui peuvent leur permettre de survivre au milieu de ce tout meretciel confondus, immensément bleu, qui enveloppe, enserre, emprisonne, empoisonne, étouffe, asphyxie. Chacun d'eux s'interroge sur l'homme qu'il a été et qui l'a conduit là, entre espoir et désespoir, entre foi en Dieu ou en la vie. Un face à face suffocant, brutal et animal, d'amour et de haine fragmentés.

C'est un roman terrifiant, angoissant, bouleversant, fascinant, qui a fait remonter en moi des questions existentielles, philosophiques et nécessaires. L'écriture de Paul Lynch est intense, il sait raconter merveilleusement les histoires les plus terribles, les plus extra-ordinaires. Après Grace, que j'avais aimé, mon amour pour cet auteur est absolument confirmé. 

Voici le lien qui raconte (beaucoup moins bien ;) l'histoire incroyable de Salvador Alvarenga, pêcheur saldorien, qui a dérivé 438 jours sur le Pacifique suite à la tempête de novembre 2012. http://www.slate.fr/story/109625/pecheur-seul-mer-438-jours



Lien : http://www.levoyagedelola.com/
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Un récit surprenant, dur et intense, dont l'écriture sait se réduire à l'essentiel ou faire preuve d'un beau talent poétique. J'ai beaucoup aimé le style à la fois très visuel et introspectif. J'ai pu terminer le livre sans me précipiter à sa fin mais ma lecture était avide d'y arriver pour … savoir : une fois embarquée avec les deux protagonistes impossible de les abandonner.
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Au-delà de la mer… oui ce roman nous emmène bien au-delà…
Quand l'homme est à la dérive en mer, son âme suit le même chemin, le poussant profondément dans ses retranchements.
La mer isole. le temps agit. Lentement. Les âmes à la dérive voient progressivement les consciences se révéler, s'ouvrir et se confronter à elles-mêmes.

L'intrigue : Alors qu'une tempête s'annonce, Bolivar, pêcheur expérimenté, décide de partir et embarque avec lui pour l'aider Hector, un jeune homme qui a toute la vie devant lui. Mais trop sûr de lui, Bolivar doit se rendre à l'évidence, ils sont à la dérive ; mais pour combien de temps et dans quelles conditions, dans un face à face avec ce garçon qu'il ne connait pas.

Au-delà de la mer, c'est aller au-delà de ce que nous pensons être, c'est se confronter à soi, c'est affronter ses démons, ses peurs, ses erreurs, c'est aller aux confins du rêve parce que le temps solitaire nous y pousse et parce que le compagnon de voyage nous guide vers notre propre vérité, vers celle qui est enfouie et que seuls les éléments puissants comme ceux que l'on affronte en mer et une autre âme à la dérive parviennent à extraire de notre conscience toujours cadenassée.

Dériver en mer c'est accorder un espace immense au vide. Bolivar et Hector vivent de l'inaction ou juste de l'action de survie : des gestes répétés et une lassitude qui s'étire sans fin… foyer idéal pour une introspection profonde même quand on la refuse, et qui peut aller très loin… Et Hector et Bolivar iront bien au-delà de ce qu'ils avaient imaginé, se poussant l'un et l'autre à regarder leur profonde réalité.

Mes hésitations en début de lecture ont rapidement été balayées par la tempête qui a précipité le roman vers une toute autre dimension. Peu à peu j'ai de plus en plus aimé les mots de Paul Lynch, son écriture analogique faite de métaphores et de poésie, qui m'a littéralement embarquée sur ce bateau aux côtés de Bolivar et d'Hector, ces deux personnages vivant une expérience hors du temps et hors du monde, seuls, en tête à tête, au milieu de l'immensité écrasante de l'océan.
J'ai vibré au récit d'une lucidité humaine fragile glissant inéluctablement vers un état hallucinatoire. J'ai tremblé quand le désespoir et la peur s'invitaient avec insistance. Bref j'ai été totalement séduite et saisie par cette écriture qui de mon point de vue surfe avec la perfection (et sa traduction également !) et cette intrigue qui m'a tenue en haleine jusqu'au bout.

A lire absolument pour un huis clos immersif saisissant, perdu au-delà de la mer.
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