De ce roman, j'ai surtout adoré l'atmosphère, les personnages (des gredins attachants au grand coeur qui détroussent les nobles de la ville avec des combines aussi brillantes que complexes) et Locke Lamora est une sorte de « Fantomas » avant l'heure, roi des acteurs, du grimage et des mensonges (d'où le titre de ce premier tome).
J'ai également trouvé le style de
Scott Lynch très bon, à la fois irrésistible et vivifiant : c'est cru, follement truculent et ça tinte aux oreilles en faisant rougir les jeunes filles mais c'est une langue délicieusement scabreuse qui est pratiquée et ce ton très enlevé participe à la réussite et à la drôlerie de ce roman digne d'un roman populaire qu'un Dumas ou un Gauthier n'aurait pas dédaigné.
Scott Lynch écrit vraiment très bien en faisant passer dans ses mots beaucoup d'humour, d'émotion et de souffle.
La construction du roman sous forme d'épisodes (parfois très courts) accentue ce côté roman d'aventure d'antan. Et lorsque le suspense et l'angoisse atteignent leur paroxysme chez le lecteur, hop !, l'action dévie sur un autre personnage ou une autre époque car l'auteur entrecroise présent et passé en intercalant des chapitres relatant l'enfance et l'adolescence de Locke Lamora et de ses comparses dans le déroulement de l'intrigue principale.
Bien entendu, nous nous retrouvons projetés dans un monde médiévo-imaginaire de toute beauté, et pourtant, j'ai eu la sensation d'être à la Cour des Miracles telle qu'elle existait au XVIIème siècle à Paris avec ses bandes de voleurs et d'assassins, ses rivalités et son code d'honneur. le grand Coer s'incarne manifestement dans l'impitoyable personnage de Barsavi, le roi qui gère et supervise le petite monde des détrousseurs, un peu comme un parrain à la Don Corleone.
Même si je ne peux pas dire que j'ai accroché de la première à la dernière ligne, vu que je me suis ennuyée au début et que j'ai trouvé certains chapitres concernant le passé sans trop d'intérêt, j'ai quand même trouvé cette lecture excellente mais raccourcie, elle aurait pu être encore meilleure.
J'ai souri, ri, et eu une petite larmichette de temps en temps. J'ai tremblé pour nos salauds gentilhommes, écarquillé les yeux de surprise aussi. En résumé, j'ai vécu ce livre.
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