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Critique de montmartin


Michel 13 ans, vit avec maman Pauline et papa Roger ses parents dans une maison en planches à Pointe-Noire. Papa Roger travaille dans un hôtel et il passe son temps à écouter sur sa radio Grundig la voix de la révolution congolaise. « Une radio ne doit pas mentir, surtout si elle a coûté très cher et que les piles sont encore neuves. » Maman Pauline fait le commerce des bananes.

Michel est un garçon qui passe son temps à rêver, à noter des choses sur des bouts de papier, comme si des cafards se battent à l'intérieur de son cerveau. Il perd en permanence la monnaie lorsqu'il va faire les courses à l'épicerie de Mâ Moubobi. « Les prix ne sont pas fixés pour de bon, ça dépend de si vous connaissez ou pas Mâ Moubobi, voilà pourquoi la boutique s'appelle “Au cas par cas”. » Michel évite de parler de ce qui se rapporte au sexe, car il ne veut pas que l'on pense qu'il exagère toujours et être impoli sans le savoir.

Avec ses mots à lui, remplis d'innocence et de poésie Michel nous raconte les trois jours qui ont suivi l'assassinat du camarade président Marien Ngouabi, le chef de la révolution socialiste congolaise. Trois jours qui vont changer sa vie et celle de sa famille. « Il faut que je pleure moi aussi, j'essaye, mais c'est difficile. La seule façon c'est de mettre du piment dans les yeux comme font les veuves quand elles n'arrivent pas à pleurer leur mari. »

J'ai beaucoup aimé la façon dont Alain Mabanckou nous raconte l'Afrique post-coloniale. Il utilise la voix naïve et toujours teintée d'humour d'un jeune garçon pour nous raconter l'indépendance, les luttes entre ethnies pour prendre ou garder le pouvoir, la corruption, les arrangements, l'importance de la famille, l'influence de l'ancien colonisateur qui décide qui sera président. Un sujet grave donc, mais traité avec légèreté. L'auteur nous raconte le quotidien pittoresque de cette famille congolaise et c'est un monde coloré qui s'agite devant nous, où la polygamie fait partie de la vie.

À travers le jeune Michel, il sait se moquer des pays occidentaux dont les présidents sont incapables de rester chefs jusqu'à leur mort, il rend hommage à la langue française « Les fables de Jean de la Fontaine qu'on aimait parce que dedans il y avait des animaux intelligents qui parlaient le français sans faire de fautes de grammaire ou d'orthographe, comme s'ils étaient allés à l'école. »
Ce roman est donc avant tout un témoignage qui nous ouvre les clefs du fonctionnement politique des pays africains, en choisissant comme narrateur un jeune garçon dont la fraîcheur, la spontanéité et le naturel nous emportent, Alain Mabanckou réussit son pari de ne jamais nous ennuyer.




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