Une mère sous influence

Un mari attentionné, une belle maison, un nouveau né, tout semble sourire à Claire mais elle souffre d’un baby blues qui s’aggrave chaque jour. Quand son amie Morgan reçoit un coup de fil de Claire qui s’accuse du meurtre de son mari et on fils, elle ne sait que penser... mais elle ne peut pas laisser son amie dans une telle situation et va mener son enquête. L’intrigue est prenante, j’ai dévoré ce roman en un dimanche. La fin manque un peu de crédibilité mais on passe un bon moment de lecture.

La jeune fille avait donc une raison supplémentaire de haïr le père qui l’avait rejetée, et son propre grand-père avait la conviction qu’elle n’était pas saine d’esprit. Morgan testait cette idée comme on tâte de la langue une dent douloureuse. Et si Eden avait voulu se venger ? Claire avait un cœur d’or. Poussée par un sentiment erroné de responsabilité et de pitié, n’aurait-elle pas pu décider de sauver la jeune fille et d’endosser la terrible faute ? Pour Morgan, c’était plus plausible qu’imaginer Claire, même vaincue par la dépression, tuant son mari et son enfant.

Ce psychologue nous pique notre pognon, voilà tout ce qu’il fait. Eden tourne pas rond, Helene. C’est la vie. Elle a la cervelle… débranchée.

Certes, des gens avouaient parfois un crime qu’ils n’avaient pas commis. Mais il s’agissait en général d’individus atteints de déficience mentale. Ou de jeunes. Et il restait toujours un doute. Pourquoi s’accuser de pareilles atrocités si l’on était blanc comme neige ?

Un innocent n’avoue pas un crime atroce, voyez-vous. Jamais de la vie. Ce sont les coupables qui passent aux aveux. Donc, votre amie est coupable.

Vous confondez la vraie vie et les séries télévisées, mademoiselle. Vous voyez un peu ces dossiers ? questionna Heinz, inclinant sa tête chauve vers une tour de chemises cartonnées en équilibre sur le coin du bureau. Ce sont des enquêtes toujours en cours. Des broutilles, pour la plupart. Cambriolages. Arnaques. Violences domestiques. Chacun de ces dossiers doit être réglé. Et voilà pourquoi, non, je n’ai vraiment pas le temps de continuer à chercher, comme vous dites, vu que j’ai une confession filmée. Pour n’importe quel tribunal de ce pays, c’est le top. Bingo, on tire un trait.

Quand une femme est dans cet état d’esprit, elle n’est pas réellement responsable de ses actes. Elle cherche uniquement à faire taire les voix dans sa tête, à ne plus souffrir. Une mère atteinte de psychose post-partum croit, en tuant son bébé, agir pour le bien de son enfant. Elle est convaincue d’exécuter les… la volonté de Dieu, si vous préférez.

Dans notre système judiciaire, ce crime est passible d’une peine moins lourde que le meurtre du mari… On ne nous accordera pas la liberté sous caution. D’autant qu’on la surveille en permanence, au cas où elle tenterait de se suicider. Une bonne initiative, à mon avis.

Le monde réel lui paraissait irréel, tout ce qu’elle voyait semblait n’être qu’une trompeuse façade. Toutes ses certitudes étaient mensongères. Elle fouilla dans sa poche et tendit sa carte d’embarquement à Tanisha.

— Il a été marié. Il a eu un enfant !
— Je sais, je sais. C’est un terrible choc pour toi. Mais bon, ça s’arrangera. Ce n’est pas la fin du monde. Après tout, chacun de nous a un passé. Et Eden n’est qu’une gamine. Tu ne peux pas lui en vouloir...
Une fraction de seconde, Morgan se félicita d’être célibataire, sans toutes ces complications.