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Critique de chrysalde


Un tout petit livre, un essai dense et exigeant.

Cabanes, un mot qui nous rappelle nos souvenirs d'enfance, un mot synonyme de vacances, de plaisir, de plage mais aussi un mot qui convoque les images dévastatrices d'état de précarité contemporaine, de ces migrants installés en bord de périphérique par exemple.
L'autrice est professeur à l'université, elle observe ses étudiants et dit apprendre beaucoup d'eux (ce dont je ne doute pas, j'apprends tous les jours de mes élèves).
Elle cite de nombreuses références pour étayer son texte, ses arguments … cela va de Pavese à Thoreau et, entre autres, Boltanski.

Pour Boltanski une vie vaut une vie, la richesse et le diplôme ne sont rien. Mais pour notre société capitaliste, seul compte la place que l'on peut se faire grâce à son niveau de vie, son statut, son salaire …
Nos jeunes, ses étudiants, les militants écologistes qui s'installent dans les ZAD telles que Notre-Dame des Landes par exemple se trouvent face à la dévastation du monde dont nous sommes responsables, pour attirer l'attention et essayer de s'en sortir, ils construisent des choses plus fragiles à nos yeux mais mieux adaptées à l'état du monde.

Ils se reconnaissent tous dans une même expérience sociale, on leur dit que pour eux il n'y aura pas de place, pas d'emploi, pas de retraite, pas de logement, pas de soins (en tout cas pas comme nous avons eu le « bonheur » de connaître).
Ils n'habitent plus des bâtiments mais des milieux. Ils expérimentent le fait que d'autres vies sont possibles, ils tissent des liens, ils renouent des liens entre les plus anciens et eux, une autre manière de vivre plus large dans l'amitié et le collectif.

Ils tentent de prouver qu'une autre façon de cultiver, de se nourrir est possible. Il ne s'agit pas uniquement d'espaces où l'on réclame autre chose mais où on vit autre chose. Ils ne veulent plus se faire une petite place là où ça ne gêne pas trop mais penser l'espace, les rapports humains dans un monde où l'abondance ne soit plus matérialiste mais soit relationnelle, écologique.
Résumer en quelques lignes toutes ces idées foisonnantes n'est pas simple pour une lectrice lambda mais une chose est certaine, j'ai vraiment apprécié ma lecture et je ne me limiterai pas à le lire une seule fois (deux pour être honnête, pour écrire ma chronique j'ai du m'y replonger presque complètement).

J'ai apprécié le sujet du livre mais aussi son travail sur la langue. L'utilisation du mot « noue » un nom de lieu qui désigne des fossés de rétention d'eau, technique ancienne et respectueuse des sols, un mot qui résonne très fort quand on veut revenir à une agriculture écologique par rapport à l'utilisation massive d'engrais. Elle travaille le mot « noue » avec le pronom « nous », elle croise des extraits de poèmes, des réflexions sociologiques, politiques … des thème que j'affectionne particulièrement.

J'ai d'ores et déjà noté Marielle Macé dans ma liste d'autrice à suivre, à découvrir de façon exhaustive.
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