AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Nos cabanes (33)

Peut-être "nous" est-il alors quelque chose comme le pluriel de "seul" : il ne se fait pas à partir de nos "je" affirmés ou vacillants, mais à partir de nos solitudes ; il les met en commun, c'est-à-dire qu'il les rassemble, les surmonte en les rassemblant, et à certains égards les maintient. Nous faisons et défaisons des collectifs avec ces solitudes et non pas malgré elles. Nous ne nouons rien d'autre, et c'est déjà tellement, que notre égal tremblement, nos égales potentialités.
Commenter  J’apprécie          80
Gilles Clément nous a réappris ce que c'est que jardiner : c'est privilégier en tout le vivant, "faire" certes, mais faire moins (ou plutôt : faire le moins possible contre et le plus possible avec), diminuer les actions et pourtant accroître la connaissance, refaire connaissance (avec le sol, avec ses peuples), faire place à la vie qui s'invente partout, jusque dans les délaissés...
Commenter  J’apprécie          80
Or c'est bien pour ça que l'on fait des cabanes : pour prendre soin de ce qui mérite que l'on y tienne, que l'on s'y tienne, et dire ce que l'on a besoin de protéger pour préserver notre amour de la vie.
Commenter  J’apprécie          50
Une noue est un fossé herbeux en pente douce, aménagé ou naturel (l’ancien bras mort d’une rivière par
exemple), qui recueille les eaux, permet d’en maîtriser le ruissellement ou l’évaporation, de reconstituer les
nappes souterraines et de ménager les terres. C’est un abri végétal qui limite la pollution, et s’est mis à protéger
des inondations les villages
Les noues


Les noues, les noës comme autant d’arches, arches d’eaux vives et de pratiques, où conserver non pas des choses
mais des forces, où faire monter des inquiétudes, des pensées, des combats.
Commenter  J’apprécie          30
Nouons-nous ; cette formule emporte, entraîne, elle a la justesse du poème, infaillible. On y reçoit le « nous » comme une sorte d’appel : oui, faisons-le, nouons-nous ! Le pronom y devient une modalité du verbe, que l’on conjugue de beaucoup de manières : nous-ons, accomplissons des « nous », nouons encore, imaginons d’autres façons d’être à plusieurs, de se lier, de se toucher, peut-être juste de se frôler... On y entend que dans le mot « nous » quelque chose (mais quoi au juste ?) se noue, doit se nouer et pourra donc aussi bien se dénouer ; on se dit que « nous » est une affaire de liens, d’attachements, de mêlements, d’interdépendance et d’arrachements, et de démêlements et de dénouements - plutôt que d’appartenance ou d’identification.
Commenter  J’apprécie          30
Nos cabanes en effet, c’est dans ces espaces ovidiens devenus lieux de lutte qu’il faut les élever, comme le poème s’élève, lui qui jamais ne s’étale ni ne viendra vous retomber sur les pieds. Au cœur d’espaces et d’attachements défendus dans l’exacte mesure où ils sont écoutés. Il faut récrire à même les landes abîmées, les glaciers saccagés, au milieu des oiseaux morts mais aussi des techniques de tous ordres, des imaginations et des projets, le grand poème d’Ovide. Ovide à Sivens, dans les environs de Bure, dans les forêts subarctiques, dans le val de Suse, dans les jardins furtifs, Ovide sur toutes les places, vates chantant et nous chantant, nous, nos liens et nos cabanes.
Commenter  J’apprécie          20
Il y a toute une science des noues, même s’il n’y a pas de code cartographique pour les identifier ; une science qui se transporte aujourd’hui jusque dans les villes, en hydraulique alternative, pour qu’on puisse se passer des tuyaux et des canalisations enterrées (on fait, ou l’on voudrait bien faire, des noues au cœur des villes ; à Boston, par exemple, où des fossés plantés permettent désormais de stocker l’eau en plein quartier, et sur ces traits de verdure réapparaissent des insectes, des oiseaux…). Il y a toute une science des noues, comme il y avait jusqu’à peu des « gardiens de la Loire », sur les levées sableuses qui la bordent. Ils gardaient le fleuve en effet, le surveillaient, attentionnés et vigilants ; et ils se gardaient du fleuve, de cette Loire non pas exactement sauvage, elle qui fut au contraire le premier fleuve aménagé (le premier à susciter des pratiques, des techniques, des soins, un savoir-vivre avec l’eau), mais peu à peu réensauvagée.
Commenter  J’apprécie          20
L’écologie aujourd’hui ne saurait être seulement une affaire d’accroissement des connaissances et des maîtrises, ni même de préservation ou de réparation. Il doit y entrer quelque chose d’une philia : une amitié pour la vie elle-même et pour la multitude de ses phrasés, un concernement, un souci, un attachement à l’existence d’autres formes de vie et un désir de s’y relier vraiment.
Commenter  J’apprécie          20
Faire des cabanes : imaginer des façons de vivre dans un monde abîmé.
...
C’est décidément d’un monde abîmé qu’il s’agit, et abîmé par des pratiques précises, celles du capitalisme avancé et de ce qu’il fait aux vivants, aux sols, au sentiment même du commun. Et l’enjeu est bien d’inventer des façons de vivre dans ce monde abîmé : ni de sauver (sauvegarder, conserver, réparer, revenir à d’anciens états) ni de survivre, mais de vivre, c’est-à-dire de retenter des habitudes, en coopérant avec toutes sortes de vivants, et en favorisant en tout la vie. Vivre dans ces saccages ou, plus simplement, imaginer des pratiques et les loger dans les interstices du capitalisme, dans ce qu’il permet sans le viser, dans ce qu’il ne sait pas qu’il autorise...
Commenter  J’apprécie          20
Une noue est un fossé herbeux en pente douce, aménagé ou naturel (l’ancien bras mort d’une rivière par exemple), qui recueille les eaux, permet d’en maîtriser le ruissellement ou l’évaporation, de reconstituer les nappes souterraines et de ménager les terres. C’est un abri végétal qui limite la pollution, et s’est mis à protéger des inondations les villages qui y sont continûment exposés depuis les campagnes de remembrement, c’est-à-dire d’industrialisation de l’agriculture et de dévastation écologique.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (197) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    853 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}