Heureusement, il y avait Anita, Anita qui la comprenait sans qu'elle ait besoin de s'expliquer. La seule pensée de son amie lui apportait un grand réconfort, et parfois faisait même apparaître un sourire sur ses lèvres. L'envie de la voir la prenait à certains moments. Une envie furieuse. Car elle savait que, par sa seule présence, Anita lui insufflerait la force nécessaire pour traverser des heures obscures.
Neela passait ses week-ends seule, à lire en général. Elle fréquentait assidûment la bibliothèque municipale trouvant auprès des livres les meilleurs compagnons. Chaque fois qu'elle finissait un roman, elle éprouvait le sentiment d'avoir véritablement accompli quelque chose. Non seulement la langue ne lui posait plus de problème, mais elle ne se laissait plus décourager par la complexité de l'histoire. Les personnages, qu'elle comparait aux gens qu'elle connaissait, l'aidaient à mieux cerner ces derniers, et à mieux comprendre la nature humaine.
Un week-end que j'étais venu voir mon fils, ma mère m'a dévisagé, sans doute effarée par mon état, et m'a dit avec énormément de douceur que seul le faible buvait pour noyer son chagrin, tandis que le sage acceptait la vie comme un mélange de douleur et de plaisir. Elle m'a expliqué que c'était normal de tomber après la tempête, mais que le sage se relevait toujours.
Elle affirmait également que, si l'on ne se remettait pas d'une tragédie, cela valait la peine d'essayer au moins, et d'apprendre à vivre avec.