Demain, demain, tome 1 : Nanterre, bidonville de la folie 1962-1966

Une bande dessinée qui met en scène la tâche des trente Glorieuses : les bidonvilles où les autorités ont laissé des immigrés portugais, magrébins.. venus travailler pour répondre au besoin de main d'oeuvre ouvrière des années 1960.

On suit donc le périple d'une famille algérienne dans son quotidien sans confort, sans eau courante et sans électricité alors que les foyers français de plus en plus s'équipent en électroménager. On voit les efforts des parents pour que leurs enfants soient propres et travaillent à l'école.

Certaines scènes m'ont rappelées des épisodes que l'on racontait dans ma famille comme les queues interminables pour renouveler les papiers à l'Hôtel de ville qui demandait des réveils très matinaux. Et l'accueil méprisant des fonctionnaires de mairie mais aussi les bakchich pour obtenir un logement descend dans ce qui est aujourd'hui les "cités".
Bien sûr, puisque c'était d'actualité, l'auteur revient sur les violences coloniales en Algérie et surtout en France, avec la brutalité policière, les manifestations pour l'indépendance de l'Algérie et les Algériens jetés dans la Seine...

Demain, demain retrace donc un épisode de l'histoire française où les immigrés "utiles" ont été traités avec bien peu de respect. Si ce aspect était intéressant, j'ai eu plus de mal avec la construction de la narration parfois un peu fouillis , de même que le graphismes au bic sur tant de pages..

Tout au long de cette BD en noir et blanc, nous suivons une famille d'Algérien. le mari est arrivé en France alléché par "l'argent facilement gagné". Il fait venir sa femme et ses deux enfants pour le rejoindre. Malheureusement, il n'a pas réussi à leur dire qu'ils seraient logés dans un bidonville à Nanterre, La Folie. S'ensuit une description du quotidien dans ce bidonville. Les conditions de vie vétustes, les descentes de policiers qui surveillent que les habitants ne fassent pas de travaux pour améliorer leur conditions d'habitation, les longues attentes (toujours d'actualité) à la préfecture pour les demandes de relogement.

Nous avons aussi des flashbacks sur les visites des hommes au Bled et les rêves qu'ils font naître dasn la tête de ceux qui restent. Nous voyons aussi la difficulté pour les immigrés de ne pas pouvoir dire la vérité sur leur vie en France, car ils ne sont de toute façon pas crus par leur famille et leurs amis restés au pays.

Basée sur des faits réels (un dossier documentaire complet est présenté à la fin de la BD), nous revivons avec les personnages la grande manifestation qui a fait de nombreux morts et de nombreuses arrestations en 1961. Nous ressentons avec eux le racisme très présents chez les fonctionnaires de l'administration, chez les policiers, l'absurdité de certaines lois, comme le couvre-feu pour les arabes. Tout ça très bien illustré.

J'ai pourtant été gênée par la chronologie, ou plutôt la non chronologie, de l'histoire. J'ai eu du mal à faire la différence entre les passages racontés au pays (qui ne peuvent faire que quelques cases) et les passages en France, qui sont bien sûr plus longs. Plus d'une fois je me suis demandé où j'en étais dans l'histoire. Bien que l'histoire et le sujet étaient passionnants, ce détail m'a beaucoup perturbé.

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Dans le contexte du développement économique d'après-guerre lié à la reconstruction, la main-d'oeuvre étrangère est accueillie à bras ouverts en France. Il y a du travail pour tous mais, malheureusement, pas de logements pour tous.
Nombre d'immigrés s'installent donc, provisoirement pensent-ils, dans des baraques, à côté des grands chantiers.
Pas d'eau courante, pas d'électricité, des murs et des toits précaires de tôle et de bois, c'est bien ce que l'on appelle un bidonville.
On recense alors pas loin de 200 "îlots insalubres", grands et petits, autour de Paris.
En France, au milieu des années 60, on estime à environ 100 000 le nombre de personnes vivant dans ces bidonvilles.
Il faudra attendre 1970 pour que le gouvernement commence à prendre des mesures concrètes pour mettre en place une politique de résorption des bidonvilles et de relogement progressif des familles.

De 1950 à 1971, plusieurs milliers de personnes, pour l'essentiel venues d'Algérie et du Maroc, habitent le plus vaste et le plus insalubre des bidonvilles de Nanterre, baptisé La Folie, du nom de la gare voisine.
Un unique point d'eau pour huit à dix mille habitants...

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Le récit, au travers d'illustrations très travaillées et riches en détails, de la vie d'immigrés maghrébins dans un bidonville de Nanterre dans les années 1960. Un document fort sur une situation scandaleusement peu connue.