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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la France avait besoin de main-d'oeuvre BON MARCHÉ pour reconstruire les villes détruites. On "accueillit" ainsi beaucoup d'hommes d'Afrique du Nord et d'Europe du Sud. Ils étaient parfois rejoints par femmes et enfants, d'autant plus surpris d'atterrir dans des bidonvilles qu'ils pensaient arriver dans un logement confortable - fantasme associé aux pays "riches", et images mensongères données par leurs compatriotes émigrés, honteux d'être si mal traités... Non seulement leurs conditions de vie étaient épouvantables (froid, insalubrité, pas d'eau courante ni d'électricité, cabanes branlantes), mais de plus les autorités prétendaient ignorer l'existence de ces quartiers (en 1962, celui de la Garenne à Nanterre comptait pourtant près de 2 000 personnes !), et empêchaient consolidation et réparation des baraques... le lecteur est invité à suivre quatre années de la vie de Kader et de ses proches, sur fond de guerre d'Algérie.

Honte à moi pour mes lacunes en Histoire. Naïvement, je pensais que les cités HLM avaient été construites au fur et à mesure de l'exode rural et de l'immigration. Cet album remet fort utilement les choses en place. Il est le fruit du témoignage de Monique Hervo - qui partagea le quotidien des bidonvilles à la périphérie de Paris dans les années soixante - scénarisé et mis en image par Laurent Maffre.

Ouvrage instructif mais aussi poignant, bouleversant. Et d'autant plus révoltant lorsque l'on connaît le sort des générations suivantes, pour lesquelles l'intégration est restée souvent bien difficile, ceci plusieurs décennies plus tard. Hypocrisie des "terres d'accueil", y compris lorsqu'elles ont besoin de bras, ségrégation, opposition Occident/pays défavorisés, riche/pauvre, oppresseur/victime, natif/étranger... Les évocations de la guerre d'Algérie soulèvent également le problème de la colonisation et de ses ravages. J'ai particulièrement apprécié les quatre articles de journaux (Paris Jour, L'Humanité, L'Aurore, Libération) qui présentent des visions très contrastées de la manifestation meurtrière du 17/10/1961.

Encore un superbe album, totalement réussi. le graphisme est fin, net et précis, et riche de détails. le sujet est captivant, clairement exposé à travers le sort d'une famille algérienne. L'ouvrage est complété par une postface enrichissante sur le rôle de Monique Hervo - postface qui donne envie de se documenter encore davantage sur les bidonvilles mais aussi sur la manifestation d'Algériens à Paris en octobre 1961. A lire : le documentaire 'Nanterre en guerre d'Algérie' de M. Hervo et F. Maspero et le roman de Didier Daeninckx 'Meurtres pour mémoire'.

Très bel "objet-livre" également, couverture souple et pages épaisses, de qualité, très agréables à feuilleter.
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Superbe ouvrage !
Mais quelle claque ! Même si intellectuellement je n'ignore plus ce qui s'est effectivement passé dans ces années où des familles entières de maghrébins sont venus apporter leurs forces de travail à la reconstruction dans l'urgence et ont été systématiquement repoussés, relégués à la frange de la société. Il n'empêche qu'à cette lecture, les souvenirs remontent : les interdictions de jouer avec leurs enfants, les regards soupçonneux etc...Ce n'était pas le temps des 30 glorieuses, mais la misère et la peur de la guerre d'Algérie.

Excellente idée d'avoir adapté le témoignage de Monique Hervo avec autant de précision et d'humanité. le gris et le noirs s'imposent dans ces années d'après guerre. La ville était aussi grise que les bidonvilles, sous un ciel plus souvent pluvieux que lumineux. Et Laurent Maffre fait bien ressentir cette pesanteur de gris qui contraste tant avec la lumière du Maghreb. le rêve des enfants devant les cartes postales de Paris, qui imaginent des immeubles en or...

Et l'histoire s'arrête quand, enfin, la famille obtient un logement.

La dernière page, c'est la petite Samia qui s'amuse à éteindre et allumer un plafonnier dans une pièce pas encore meublée...sept cases sombres contre cinq cases claires ! Ils sont toujours entre ombre et lumière, et à cet instant, ce n'est pas encore la lumière qui gagne sur la nuit !
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"Kader! on ne va pas vivre là dedans!"...."Ici, même les murs pleurent".
Cette bande dessinée de Laurent Maffre (dont le trait noir et blanc s'accorde parfaitement avec l'insalubrité des lieux décrits), suivie de photos et témoignages de Monique Hervo, relate les conditions de vie précaires, dans le bidonville de la Folie de Nanterre, de familles d'ouvriers algériens durant la guerre d'Algérie. C'est un pan d'histoire qu'il nous est donné de voir.
"Pas d'eau! Pas de lumière! Pas de vue! Rien du tout!"
Quelle déception pour Soraya et ses enfants auxquels Kader avait envoyé une photo de l'opéra nimbé de lumières factices et qui s'étaient, naïvement, imaginés vivre entourés de "meubles en or"!
"Paf" On s'énerve. "Plic ploc" Il pleut. Aaahh! Un rat. "Kof kof" On tousse.
Et puis il y a la police pas commode, les dessous de table pour obtenir une HLM,les incendies fréquents, l'analphabétisme des parents incapables de remplir les formulaires...mais la volonté que leurs enfants étudient car...Demain, demain....sera un autre jour! Une BD enrichissante et touchante car l'espoir survit à tout grâce à la convivialité et au sens de la famille.
Une belle leçon de vie!
A signaler que Laurent Maffre, professeur agrégé d'arts appliqués, a vu sa BD, L'homme qui s'évada, sélectionné en 2007 pour le grand prix de la ville d'Angoulême.
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En 1959, Monique Hervo, travaillant au Service civil international, se rend à La Folie, un bidonville de Nanterre. Elle y découvre des centaines de familles de travailleurs immigrés, maintenus à l'écart de la société française. La plupart sont Algériens mais aussi Marocains et Tunisiens. Les conditions de vie sont cauchemardesques. Elle décide de s'installer au sein du bidonville et jusqu'en 1974, date à laquelle il sera rasé, elle aidera ces familles, comme écrivain public, soutien scolaire pour les enfants, assistante sociale à l'occasion… Par la tenue d'un journal quotidien, par ses reportages photographiques, ses interviews enregistrées sur son magnétophone, elle sera le témoin de ce pan de l'Histoire de France, pour qu'il ne tombe pas dans l'oubli.

Aidé de ces précieux documents, Laurent Maffre a imaginé « Demain, demain. Nanterre bidonville de la Folie. 1962-1966 ». Il retrace, durant quatre ans, la vie de la famille Saïfi, une famille ordinaire. le père, Kader, ouvrier dans la construction employé à La Défense, travaille aussi après journée dans un garage pour pouvoir faire venir sa famille d'Algérie.
La France, en pleine relance économique liée à la reconstruction, favorise alors l'immigration pour jouir d'une main d'oeuvre bon marché. Mais personne n'a pensé au logement !!
La femme de Kader, Soraya, et leurs deux enfants, le rejoignent bientôt, imaginant vivre dans un bel appartement. Quel cauchemar quand Soraya découvre que son quotidien se passera désormais dans un baraquement sans fenêtre, sans eau et sans électricité. Au prix d'immenses sacrifices, ils n'auront de cesse de lutter contre leurs conditions de vie inhumaines pour que leurs enfants puissent s'instruire et se soigner et pouvoir un jour leur offrir un logement décent.

Ce roman graphique est une merveille en tant que témoignage sur le vif d'une époque douloureuse dont personne ne semble vouloir se souvenir aujourd'hui. Les dessins en noir et blanc sont le support visuel idéal pour raconter cette histoire, cette vie où tout est gris et sombre, sale et mal odorant.
Le trait précis et vif de l'auteur suffit à faire passer émotions et sentiments. Pas de dialogues inutiles, les dessins vont déjà à l'essentiel.

Ce récit social et historique est un petit bijou de concision et d'humanité. Pas de pamphlet, pas de critique moralisatrice, pas de pathos mais l'accompagnement d'une famille dans son combat quotidien. Ce récit est touchant, fort et humble à la fois. Engagé aussi, dans ce 21e siècle où la xénophobie revient en force et où les conditions de vie des marginaux sont de plus en plus insoutenables.

Après le récit Laurent Maffre, l'ouvrage propose un dossier constitué de photos et de témoignages recueillis par Monique Hervo, 127 rue de la Garenne
Lien : http://argali.eklablog.fr
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Sous la forme d'une bande dessinée en noir et blanc très agréable à lire, Laurent Maffre nous offre un témoignage historique essentiel sur la vie dans le bidonville de Nanterre entre 1962 et 1966. C'est grâce au journal de Monique Hervo qui a choisi de vivre à La folie (nom évocateur du bidonville) pour accompagner les familles des travailleurs émigrés relégués aux portes de Paris, qu'il a pu reconstituer l'histoire de Soraya et de Kader.

Soraya arrive à Nanterre pour rejoindre son mari Kader en 1962 avec ses deux enfants Ali et Samia. Ils viennent d'Algérie et ce qu'ils trouvent ce n'est pas la maison dorée à laquelle ils s'attendaient mais une cabane où il pleut et il fait froid. Les conditions de vie sont épouvantables. Ce qui est terrible, entre autres, c'est que la police intervient pour empêcher les réparations de ces habitations de fortune afin qu'elles ne s'étendent pas.
Même si Kader travaille sur les chantiers des HLM en construction sa demande de logement à la préfecture de Paris n'avance pas car il ne faut pas trop en demander, il est là comme main-d'oeuvre bon marché !
Heureusement, il y a la solidarité, l'amitié et le dévouement de bénévoles comme Françoise qui aide les enfants à faire leurs devoirs.
Et puis il y a le contexte politique avec la guerre d'Algérie et des rappels historiques comme la participation des français musulmans d'Algérie à la deuxième guerre mondiale ou à la guerre d'Indochine mais aussi la manifestation organisée par le FLN le 17 octobre 1961 à Paris. Cette marche pacifique pour le droit à l'indépendance s'est terminée par une répression sanglante et l'assassinat de dizaines d'Algériens.

Ce docu-fiction comme l'éditeur le présente à un titre qui sonne comme l'espoir d'un avenir meilleur « Demain, demain - Tome 1, Nanterre, bidonville de la Folie, 1962-1966 ». J'attends le tome 2 avec impatience.


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Kader, Algérien, habite en France, sa femme et ses deux enfants le rejoignent. Il ne leur a jamais dit qu'il habitait dans un bidonville...

Ils vont découvrir cette vie au bidonville de la folie en même temps que le lecteur : ni eau courante, ni électricité, saleté, insalubrité, incendies.

Les demandes de logement restent en attente, ils rêvent d'un appartement tout simple avec le confort minimum qui sera toujours mieux que cette vie-là.

Tous ces personnages croisés sont très attachants, cette vie est révoltante, ils sont courageux, tenaces et parfois découragés.

J'étais toute jeune à l'époque où se passe cette BD et j'ai l'impression d'avoir été drôlement privilégiée.

Une BD instructive qui est presqu'un documentaire. C'est vraiment très bien fait car bien que ce soit des dessins en noir et blanc, on imagine très bien de vraies personnes vivant de cette façon. L'auteur nous les rend proches.

Une belle découverte.
Lien : http://pages.de.lecture.de.s..
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Jusqu'à cette année, j'ignorais qu'un bidonville avait existé à Nanterre. C'est en tombant sur le travail de l'architecte Léopold Lambert que j'ai eu envie d'en découvrir plus. Lambert parle de "géologie politique" lorsqu'il étudie un espace et tout ce qui y a été successivement construit, détruit, remplacé. Aujourd'hui, il ne reste pas de trace du bidonville de la Folie à Nanterre, si ce n'est dans ce genre de travail de mémoire.
Dans Demain, Demain, on suit Kader, un ouvrier algérien qui vient d'être rejoint en France par son épouse Soraya et leurs enfants. Soraya découvre avec effroi les conditions de vie qui vont être les siennes. Malgré la chaleur et la solidarité des familles voisines, qui ont elles aussi quitté leur pays pour la promesse d'une vie meilleure, le quotidien dans le bidonville est éprouvant. Au milieu d'une zone où se construiront bientôt des tours d'immeubles, les baraquements sont considérés comme des habitations provisoires et à ce titre, les forces de l'ordre interdisent toute réparation et toute nouvelle construction. Les fuites d'eaux, les incendies et la dégradation des cabanes sont bien sûr nombreux et les habitants doivent sans cesse s'organiser pour réparer les dégâts sans être repérés. A la préfecture pour appuyer leur demande de relogement, Kader comme ses voisins font face à la violence d'une institution qui les considère comme des citoyens de seconde zone. Malgré tout, ce qui ressort également du récit et qui m'a beaucoup touchée c'est l'entraide réelle et constante entre les familles. le partage des repas, le soin apporté aux enfants, ou encore la volonté de mentir aux parents restés au pays, en leur faisant croire que tout va bien, en font un récit vraiment émouvant.
C'est une belle bande-dessinée qui souligne le climat profondément raciste de la France des années 60. Suivie d'un dossier de Monique Hervo, militante qui a largement documenté l'histoire du bidonville, c'est une lecture forte et instructive, que je recommande vivement.
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Très belle bande-dessinée (ou roman graphique, je ne sais pas vraiment) qui met en dessin le bidonville de la Folie où étaient entassés des Algériens et des Marocains qui avaient émigré en France.

Par un trait simple et en noir et blanc, Laurent Maffre signe une BD très réussie et à l'histoire bien construite, en plus d'être une source documentaire passionnante et riche.

J'ai hâte de lire le deuxième tome et conseille à ceux qui n'ont pas lu le premier de le faire !!
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En refermant cette bd, une seule envie, hurler.
Cette BD nous montre la vie au quotidien dans un bidonville, en France, en région parisienne, dans les années 60, pour des dizaines, des centaines de familles maghrébines. Ces familles n'espèraient qu'une chose, jour après jour, une vie meilleure et un logement...espoirs souvent déçus.
Le noir et blanc sublime la dureté de ces vies, il ne manque que le rouge, le rouge du sang versé...
A lire absolument !!!
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Laurent Maffre reconstitue l'itinéraire d'une famille algérienne dont le mari est venu travailler à la construction des villes nouvelles jouxtant paris à la fin des années 50.

Concentrés dans le bidonville de Nanterre avec d'autres ouvriers algériens et portugais, Kader fait venir "du pays" sa femme Soraya et leurs deux enfants, Samia et Ali. Ceux ci découvrent avec stupéfaction leur nouvelle maison construite avec des matériaux de récupération, humide sans eau courante ni électricité accolée à d'autres cabanes sur un terrain boueux. Un quartier nommé "La folie" dans lequel chacun tente de se faire une place en attendant, en espérant avoir un jour le droit d'accéder aux H.L.M que les maris bâtissent à longueur de journée.

Cet album a été réalisé grâce aux archives de Monique Hervo qui a passé douze ans dans le bidonville aux côtés des immigrés. J'ai cette BD document magnifique, les dessins sont d'une justesse poignante. le sujet est traité intelligemment, il s'agit d'un témoignage instructif que tout un chacun devrait lire afin d'enrichir ses connaissances...
Lien : http://edea75.canalblog.com/..
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