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Critique de Khalil_Livres


"Jamais l'homme ne connaitra d'ennemi plus dévastateur que le temps".

Troisième et dernier tome de la "Trilogie du Caire", ce volet signe le déclin final d'une époque, de cette Egypte profondément conservatrice, schizophrène, oscillant entre la tradition, la religion et les tentations de la modernité occidentale. La chute s'incarne dans la chair et dans l'esprit de M. Ahmed Abd El Gawwad et ses acolytes, désormais affaiblis et succombant à la torpeur et l'engourdissement de la vieillesse.

Mais le roman dessine également les prémices de la nouvelle société à venir, celle incarnée par les petits fils de notre héros, cette nouvelle génération engagée et assoiffée d'idéaux et de culture. Nous assistons dès lors dans cette fin des années 30 et plus tard durant la 2ème guerre mondiale aux conflits idéologiques entre les frères musulmans ,les communistes, les monarchistes et autres opportunistes corrompus pour guider cette nouvelle Egypte balbutiante, s'interrogeant sur son avenir après l'Indépendance.

Si la toile de fond de ce volet comme celle des deux premiers est politique, ce troisième tome est profondément philosophique. Quelle délectation que les monologues intérieurs de Kamal, désormais instituteur et rédacteur d'articles philosophiques.
S'interrogeant tour à tour sur l'intérêt et la finalité de l'art comme véritable expression de l'univers humain, sur l'impasse des grands systèmes philosophiques, sur le conflit entre la raison et le coeur, sur le sens de la vie, la mort, l'amour, la liberté de l'intellectuel face au conformisme social du mariage, sur le relativisme des valeurs et des idéaux, ce personnage fondamentalement incertain et proie à un doute maladif chemine, non sans difficulté vers ce qui semble être le remède ultime à son angoisse existentielle: la foi, sans distinction d'objet et de tendance.

A l'issue de cette lecture inoubliable, je me retrouve à mon tour tourmenté par tant de questionnements, par le désir de méditer et réfléchir sur certains personnages et leurs choix de vie, car c'est une véritable fresque humaine et intemporelle que nous offre le grand Naguib Mahfouz, ce qui est propre aux oeuvres littéraires majeures !







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