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Citations sur La compagnie des menteurs (161)

Si un homme veut la compagnie d’une personne de mauvaise humeur, il peut d’ordinaire la trouver chez lui ; nul besoin de payer pour ce privilège.
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Le chemin montait doucement et continuait de dissimuler le village à notre vue, mais dès que nous eûmes atteint le sommet, non seulement nous le vîmes, mais nous le sentîmes aussi. Chaque rue et chaque village d'Angleterre a sa propre odeur. On peut reconnaître les rues des bouchers et les allées de poissonniers, les boutiques de tanneurs et de teinturiers et de charpentiers les yeux fermés, et pour ceux qui y vivent, aussi infecte soit-elle, la puanteur est l'odeur familière de leur foyer.
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Pendant la nuit des morts, les bons chrétiens sont soit dans leur lit, bien à l'abri sous les couvertures, soit à l'église, cherchant la protection des saints et des prières. Car on dit que c'est la nuit où, entre le coucher et le lever du soleil, les portes du purgatoire s'ouvrent en grand afin que les morts reviennent furtivement sous la forme de crapauds ou de chats, de chouettes ou de chauves-souris, tourmenter ceux qui les ont oubliés ou négligés.
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Il m’a fallu des mois, voire des années, pour trouver la réponse. Chez soi, c’est l’endroit où l’on retourne quand on a finalement perdu son âme. Ce n’est pas notre lieu de naissance, mais l’endroit où la vie naît, celui où l’on cherche à renaître. Quand on ne sait plus ce qui, de son passé, est vrai ou est une invention, quand on est soi-même une invention, quand on sait qu’on est une invention, alors il est temps de chercher ce lieu. Et peut-être n’est-ce que lorsque l’on a pleinement compris cela que l’on peut finalement rentrer chez soi.

Chapitre 31
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« Quel est le mensonge ? » avait-elle demandé aux runes. Il y en avait tant, mais mes intentions avaient toujours été bonnes.
Mes mensonges avaient fait naître l’espoir là où il faisait défaut. J’avais cru que mon art était le plus grandiose, le plus noble de tous les mensonges. Je croyais que l’espoir pouvait tout vaincre, mais je me fourvoyais. L’espoir ne peut pas vaincre la vérité. Ils ne peuvent coexister. La vérité détruit l’espoir. Les actes les plus cruels sont commis au nom de la vérité. Mon dernier mensonge avait été le plus honnête, le plus honorable de tous, car il est un art encore plus grandiose que la création de l’espoir. Et cet art est la destruction de la vérité.

Chapitre 30
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J’avais un jour dit à Rodrigo que nous étions tous des exilés du passé. Je pensais n’avoir nul besoin d’un passé. Je pensais que si l’on se coupait de son passé, on se recréait. Mais se couper du passé, c’est se couper du seul fil qui nous rattache à ce monde et à notre existence. Quand on se coupe du passé, on se coupe de soi-même. Et maintenant qu’étais-je ?

Chapitre 26
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Le jour où j’avais quitté ma maison, j’avais prié pour que mes enfants m’oublient. Je voulais leur épargner la douleur du souvenir. Mais cette nuit-là, tandis que je veillais dans la brume blanche, je compris que ce que je voulais plus que tout, c’était qu’ils se souviennent. Je voulais continuer à vivre dans la mémoire de quelqu’un. Si personne ne se souvient de nous, nous sommes plus que morts, car c’est comme si nous n’avions jamais existé.

Chapitre 26
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La brume froide et humide m’entoura lentement, jusqu’à ce que je ne puisse plus ni voir ni entendre la moindre créature vivante. Je ne percevais plus le murmure des roseaux. Un silence étouffant m’avait enveloppé, lourd et palpable, comme le silence qui avait suivi les hurlements du loup la nuit où nous avions campé dans la ravine. Des formes apparaissaient dans la brume, mais elles se dissolvaient avant que je puisse les toucher. Jamais je n’avais éprouvé plus grande solitude. J’étais au pays des morts, dans les limbes où errent les âmes sans nom ni forme, incapables de parler ou de toucher. Et dans ce silence aveuglant, je sus que ce n’était pas la mort en elle-même qui m’effrayait, mais ce qu’il y avait après ; pas le paradis, ni l’enfer, mais la conscience sans forme, sans refuge. Je ne serais nulle part. Je ne serais rien.

Chapitre 26
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Le marais est un endroit semblable à nul autre. Il vous appelle nuit et jour. De jour, sa voix est le cri des oiseaux, strident et sanglotant, charrié par le vent ; la nuit, le murmure des roseaux provoque de gigantesques sifflements ondulants, comme si d’énormes serpents rampaient vers vous à travers la vase. Quand la lune perce à travers les nuages, vous les voyez se soulever et se tordre, et la lumière des étoiles se reflète sur leurs écailles. Des lueurs pâles glissent à travers les marais dans les ténèbres, comme si des personnes invisibles les traversaient alors que vous savez pertinemment qu’aucun homme ne peut y marcher  – des feux follets menant les hommes à leur mort. Le marais est toujours affamé, et il a mille manières de vous attirer dans sa gueule. Dans cet endroit vos pensées ne vont pas à Dieu, elles vont aux créatures monstrueuses qui habitent ce monde crépusculaire qui n’est ni solide ni liquide, ni terre ni mer.

Chapitre 26
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De toute manière, je n’avais aucune intention d’abandonner la relique. Elle était devenue mon talisman, notre protection contre cette chose qui nous suivait. Peut-être rirez-vous en voyant qu’après toutes ces années je plaçais dorénavant ma foi dans un fragment d’os. Il est aisé de se moquer quand le soleil brille. Mais quand il commence à décliner et que les ombres rampent vers vous depuis les arbres, quand vous frissonnez dans l’obscurité en attendant que quelque chose se passe, alors croyez-moi, vous vous raccrochez à n’importe quoi pour vous protéger de ce que vous craignez le plus.

Chapitre 26
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