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Critique de candlemas


Un livre et un auteur surprenants et marquants, découverts grâce à mes amis Babelio.

Surprenante lecture par rapport à la quatrième de couverture. Je m'attendais en effet à une biographie croisée de la grande Catherine de Russie avec des éléments de vie d'un quidam de la Russie contemporaine, version littéraire de mon voisin de palier comparant ses amours et ses emmerdes avec celles de Charles Aznavour. L'idée semblait intéressante, mais la trame de ce roman est en fait bien plus que cela.

Avec un peu plus d'attention, j'aurais remarqué que la femme (aimée ?) de la couverture est de dos, tournée vers une allée couvert de neige... elle est donc anonyme, reine peut-être, par sa tenue, mais avant tout une femme tournée vers un avenir (ou un passé ?) incertain...

La femme aimée de ce roman est en fait multiple et interrogation, portée par Oleg, écrivain puis assistant de cinéma dans l'URSS finissante et la Russie contemporaine. Au-delà de la quête de paparazzi d'Oleg et de ses amis pour tenter de mettre à nu la sulfureuse Catherine dans sa part cachée de fragilité et son désir d'aimer et d'être aimée, c'est sur son propre destin, et sur celui de ses maîtresses que s'interroge Oleg.

Un livre marquant donc, aussi pour cette approche en trompe-l'oeil, renvoyant au jeu de miroir du boudoir de Catherine, à la politique et à la ronde de ses favoris, mais aussi à la réflexion sur le métier d'écrivain, de cinéaste ou d'acteur, ou encore à l'observation critique des hypocrisies du parti unique sous l'URSS, et de celles, plus grandes encore, d'une Russie s'ouvrant brutalement à l'anarchie sauvage des lois du marché.

Un livre marquant pour plein d'autres raisons encore.

Andrei Makine m'y apparaît comme un digne continuateur contemporain des grands écrivains russes du XIXème siècle, qui ont fait connaître au lecteur français cette "âme russe" si particulière, à la fois grave, terrienne, et capable de s'enflammer comme feu de paille. L'écriture est souvent poétique, toujours raffinée, exigeante. le récit est construit, parfois déroutant, mais remarquable d'intelligence et maîtrisé.

Bien que l'y aie d'abord trouvé personnellement une réflexion profonde sur la vie, le destin, l'amour, l'art et la liberté, et que sa construction ne permette pas, à mon avis, de le classer dans ce "genre", ce livre ne décevra pas pour autant les amateurs de biographie historique : on y apprend beaucoup sur la grande Catherine, sur sa Russie, et sur celle d'Oleg.

Un beau roman, donc, que je recommande ; et si vous êtes, comme je le fus, déconcerté par la construction exigeante du récit dans les 40 premières pages, voire même déçu par l'éloignement de plus en plus évident en cours de lecture d'un romantisme facile, persévérez ! Cela vaut la peine...
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