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Critique de Bookycooky


New-York, Brooklyn, dans les années 50 un couple d'épicier juif âgé peine à survivre avec une épicerie misérable dans un quartier tout aussi misérable.
Un soir, un petit hold-up destiné au voisin finit chez eux. L'épicier est blessé. L'un des malfrats " pris de remords", y retourne et aprés maintes détours s'y fait engager comme commis.....une ambience au parfum des pièces de Tennessee Williams.
On se croirait dans une pièce de théâtre. L'histoire confinée à une épicerie et sa rue se déroule dans un décor figé. Mais l'intensité dramatique de l'histoire nourrie par maintes détails qui nous renvoient à l'histoire des juifs, au rêve américain des immigrés, au quotidien banal des personnages qui subissent leur vie, n'arrivant pas à contourner leur destin, nous ancre dans un récit qu'on lit d'une traite. C'est le génie narratif de Malamud, qui s'est fortement inspiré de son enfance. Lui-même, fils d'immigrés juifs, est né et a grandi à Brooklyn, dans l'arrière-boutique de la petite épicerie familiale.
La figure centrale de l'histoire est le commis, le personnage le plus intéressant du récit.Un homme, mal parti dans la vie, qui oscille constamment entre le Bien et le Mal, et une fois le mal fait essaie d'y remédier à tout prix. Il est intelligent, a des ambitions, mais il est victime de son destin et tombe amoureux d'une juive, la fille du couple..........Il n'est pas juif, et même légèrement antisémite sans vraiment savoir pourquoi, et cette vie parmi eux, va lui faire prendre conscience de l'identité juive ("En faites qu'est-ce qu'un juif ? Voilà ce que je voudrais savoir.....mais expliquez-moi pourquoi les Juifs souffrent tant. On dirait qu'ils aiment ça."). Au début, il ne suscite ni sympathie ni d'empathie, mais par la suite......Malamud jouant sur l'ambiguïté du personnage nous manipule aussi nous lecteurs, jusqu'à la fin (......il y avait chez lui quelque chose de fuyant, de caché. Il paraissait tantôt meilleur et tantôt pire que ce que l'on croyait.").
C'est aussi la rencontre de deux mondes, celui de la famille juive encastré dans ses "Lois" et celui du commis dans la seule loi est sa propre conscience souvent perturbée par les circonstances.
La vraie littérature est intemporelle, ce qui vaut pour ce livre publié pour la première fois en v.o. en 1957, et en français en 1961. Il vient d'être réédité dans les éditions Rivages de chez Gallimard. Un seul mot pour résumer mes sentiments, Brillant !

P.s.Si vous auriez l'intention de lire le livre , je vous déconseille de commencer par la Préface d'Adam Thirlwell, qui à mon avis se référant aux points culminants de l'histoire y compris la fin, gâche le plaisir de la lecture.
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