Les croyances ne peuvent jamais exiger le respect. Seuls les hommes y ont droit. Aucune croyance, aucune idée, aucune opinion ne peut exiger de ne pas être débattue, critiquée, caricaturée.
Parce qu’à défaut, on n’accepterait plus de vivre qu’entre personnes pensant la même chose. Et tout débat, toute controverse serait estimée « offensante ». C’est le chemin de l’obscurantisme. Les idées, ça se confronte et ça se débat.
Il n'y a pas de justification au meurtre des innocents. Il n'y a que la guerre éternelle de la barbarie contre la civilisation, et il n'y a pas de cause à cette guerre dans la civilisation. Ce ne sont pas nos dessins qui sont coupables. C'est la barbarie. Et les attentats d'Autriche, du Mozambique et du Nigéria le démontrent amplement.
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Les encyclopédistes ont changé le monde et les valeurs bourgeoises - le travail, la transmission des connaissances - vont remplacer les valeurs aristocratiques - la gloire par les armes, l'élitisme.
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La raison progresse par ses erreurs quand la foi meurt de ses errements.
Le message des terroristes est clair. Ils nous disent:" Vos mots, vos indignations, vos résistances ne servent à rien. On continuera à vous tuer." Ils nous disent:" Vos juges, vos procès nous sont indifférents, on ne les reconnaît pas et on continuera à vous tuer. Vos lois sont des blagues. Nous ne répondons qu'à celle du Ciel et nous n'avons pas peur de mourir. Nous préférons la mort à la vie." Ils nous demandent de renoncer à la liberté, parce qu'avec un couteau ou un hachoir, ils seraient plus forts que soixante-six millions de Français, une armée, une police. C'est l'arme de la peur, pour nous faire abandonner un mode de vie construit au fil des siècles.
Et cela me fait furieusement penser à ce livre d'Umberto Eco, Le Nom de la rose, et au film du même nom. L'histoire part d'un fait réel. Nous sommes en 335 avant Jésus-Christ. Aristote écrit son traité de la Poétique. Le premier volume est consacré à la tragédie, et il est parvenu jusqu'à nous. Le second volume était consacré au rire, mais celui-là a été perdu par l'histoire. Et Umberto Eco se saisit de ces faits et imagine que ce traité a été retrouvé et est conservé à l'abri du regard dans un monastère du nord de l'Italie en plaine Inquisition. Un moine le découvre et comprend que le rire est un tel instrument de vérité et de liberté, un tel instrument de lutte contre le fanatisme que ce traité est le plus dangereux qui soit. Alors il empoisonne le bord des pages pour que toute personne qui le consulte en meure. On a l'impression que cette histoire se rejoue éternellement.
La raison progresse par ses erreurs quand la foi meurt de ses errements.
Qu'est-ce qu'on devrait abandonner ? La liberté, l'égalité, la fraternité ?
C'est à nous, et à nous seuls, qu'il revient de s'engager, de réfléchir, d'analyser et parfois de prendre des risques pour rester libres d'être ce que nous voulons. C'est à nous et à personne d'autre qu'il revient de trouver les mots, de les prononcer, de les écrire pour couvrir le son des couteaux sur nos gorges.
Le sens de ces crimes , c'est l'annihilation de l'Autre, de !a différence.