Thriller
Auteur : Mallock
Editeur : Fleuve Noir
Parution : Février 2014
Genre : Thriller vigneron
Mallock désigne à la fois l'auteur et son héros, un fameux commissaire de police, expérimenté, perspicace, à l'humour parfois douteux, bonhomme, bourru mais néanmoins fidèle en amitié et épicurien à ses heures.
En bon thriller, l'histoire commence par un assassinat dans le sud Bordelais dans la chaleur orageuse d'un mois de juillet caniculaire. S'ensuit une histoire où s'enchaînent des rebondissements multiples mus par des conflits d'intérêt, des luttes de pouvoir, des secrets bien dissimulés, des séquences de « moyen âge » avec templiers et peste noire. le tout sur fond de vignoble grand crû et de malédiction séculaire.
Mallock (l'auteur) a beaucoup d'imagination, peut-être parfois un peu trop. Je pense par exemple à
Enid Blyton et à son Club des Cinq lors de l'expédition de Mallock (le commissaire) dans les souterrains du château de Renom. Cela dit Mallock (l'auteur) a construit son histoire en s'appuyant sur une solide documentation (culture de la vigne, élevage du vin, évocation véridique du pykrete, rouages police/justice...) qui tend à compenser les faiblesses d'un scénario plutôt tarabiscoté.
Sur la forme, l'écrivain passe du moins bon :
« Regarder le ciel, pour le prendre à témoin. Cou tendu en direction des nuages, Amédée Mallock tentait d'hypnotiser Dieu. » (Page 17) Rien que ça !
Au franchement vulgaire, à propos de l'incarcération de Camille, suspectée de meurtre :
« Alors, forcément, on a eu droit au grand n'importe quoi. Tout ce que l'on savait sur Camille, mélangé à ce que l'on croyait connaître, le tout, saupoudré d'une énorme dose de chiotte » (page 106)
En passant par des trouvailles jubilatoires :
« Et si tout recommençait ? S'il finissait par exister de nouveau ? Par laisser une trace sur le temps qui passe ? La veille, il avait marché sur la plage, étonné, en se retournant, de voir que le sable se rappelait de lui… » (page 458).
Mon impression finale est que «
Les larmes de Pancrace » peut constituer un moment de détente agréable ; toutefois il me semble que l'efficacité narrative de Mallock gagnerait avec plus de sobriété et que son oscillation entre un style la plupart du temps policé, des saillies triviales et des trouvailles poétiques instaure parfois le sentiment d'un auteur qui se cherche.