J'ai découvert un
Jean-Patrick Manchette geignard, qui picole, abuse de la cigarette et trouve injuste d'être malade !
"J'ai mal au foie, j'ai la colique, la gueule de bois" se lamente t'il après s'être couché à 2 heures du matin (parfois c'est 4), et découvre stupéfait qu'un enfant rentre à l'école à 8 heures ! (il râle car il doit se lever).
J'ai découvert un
Jean-Patrick Manchette petit bourgeois, digne des rentiers que l'on rencontre chez
Balzac, qui calcule, qui suppute. Il écrit : "OBJECTIF : 10 briques en janvier 74. Achat d'un appartement à 25. Paiement en moins de cinq ans grâce à l'économie de loyer et aux développements de ma Carreer".
Durant tout le livre on l'observe faire des additions alors qu'il est bien loin de la vie misérable d'un
Léon Bloy (par exemple).
Un
Jean-Patrick Manchette grincheux : On lui prête une maison de campagne ? Elle est poussiéreuse forcement !
En vacances à Ibiza ? La nourriture est infâme et l'hôtel bruyant, bien sûr !
J'ai découvert un
Jean-Patrick Manchette qui ne se prend pas pour une merde (c'est volontairement que j'emploie ce terme qui fleurit dans sa bouche à tout bout de champ :
Le film de
Pasolini, L'évangile selon Mathieu ? " c'est une merde abjecte".
Il était une fois dans l'Ouest ? " film merdeux et ridicule ".
Le film de Kazan, L'Arrangement ? " une merde infâme".
Sans lendemain d'Ophuls, Dieu seul le sait de J.Huston, les deux "merdeux" !
Le film de
Jean Yanne ? "une immonde merde Poujadiste. Vraiment à chier ".
Oui,
Jean-Patrick Manchette à une haute estime de lui même : " je me vois intelligent, habile, et cultivé pour l'époque" page 52.
" la conviction que j'ai d'être théoriquement mieux outillé que les gens que j'écoute me coupe d'eux" page 242.
Quelle suffisance !
Francesco Rossi (le cinéaste) ? : "un homme de peu d'intelligence"
Le
journal de
Jules Renard ? : " l'homme s'étudie trop, et il est trop sec. C'est intéressant mais sans envergure ".
Jean-Patrick Manchette ne sort pas grandi de ce
journal. Il n'est pas certain, d'ailleurs, qu'il en avait prévu la publication.
D'autre part, que Gallimard vende ce lourd pavé 26 euros me semble être un vol manifeste. Pas d'index, absence de notes en bas de page. de nombreux passages sont sans aucun intérêt. Un dégraissage conséquent pouvait se faire pour aboutir à un simple livre de poche, afin de satisfaire les inconditionnels de
Jean-Patrick Manchette et les cinéphiles (il est autant, sinon plus, question de films que de livres).
Lisez son livre "
Nada" et "
Sombres vacances" de
John Buell (qu'il a traduit avec brio) plutôt que ce
journal qui va vous paraitre bien long si vous découvrez
Jean-Patrick Manchette.