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Critique de Chestakova


Perché dans ma bibliothèque depuis pas mal de temps, « les Buddenbrook » attendaient que je me saisisse de leur histoire, écrite à l'aube du 20ème siècle par Thomas Mann qui en sera récompensé du Nobel de Littérature à la fin des années 20. Livre majeur, il met en scène cinquante années de la vie d'une famille de l'aristocratie marchande de Lübeck. le récit se présente comme une oeuvre symphonique où tout se mêle: le quotidien cossu de la maison familiale de la Mengstrasse, le luxe de ses tables, la lourdeur feutrée du salon des paysages qui voit défiler les 3 générations de consuls jusqu'au terme de leur puissance que la vente de la maison à la mort du dernier, viendra solder. En comparaison de la maison, décrite en majesté, la ville est évoquée par des allusions rapides: le fleuve , le port, les bateaux, la grand rue, les toits…La grande histoire résonne au loin, révolution de 48, guerres…Le paysage urbain prend forme dans une atmosphère aux couleurs du temps, à travers une écriture à la fois précise et attentive à brosser chaque chose dans un panorama d'ensemble, vibrant des impressions, des sentiments, des états d'âme 'de tous les personnages. C'est un théâtre où les rôles, principaux et secondaires sont distribués avec une attention égale à tous, les physionomies, les caractères, les tics de langage, les petites manies, tout y prend place avec humour, dans une écriture photographique où les situations et les personnalités prennent tout leur relief. La saga familiale est pourtant une inexorable descente aux enfers , pour Thomas Mann, le commerce ne rend pas heureux, la fragilité des hommes de la famille s'accentue avec le temps. le malaise de Thomas devant les incertitudes des affaires devient existentiel, son fils Hanno, tourne le dos au commerce et choisit la musique. Les femmes sont apparemment plus fortes, elles traversent le temps, étrangères aux logiques financières, plus centrées sur les apparences, on est encore loin de l'émancipation même si le personnage de Tony réussit à tirer son épingle du jeu…
La force du roman est bien dans l'écriture et son inépuisable talent à faire vivre les personnages dans leur individualité profonde, le cheminement de leur pensée. Certaines scènes mêlent avec une précision inouïe, situations et états d'âme, notamment à la fin du roman dans le chapitre consacrée à l'école où Hanno dans une souffrance infinie est confronté à la médiocrité infinie des maîtres.
Un livre virtuose.
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