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Critique de Heval


Il m'a fallu plusieurs semaines pour le lire car sa lecture n'a pas toujours été agréable. Les premières pages, surtout, sont difficiles. Elles sont dures, rudes, douloureuses, horribles. Elles écrivent, sans fard, la violence qui s'est exercée sur la population arménienne lors du génocide perpétré par les Unionistes qui considéraient les chrétiens comme des ennemis de l'intérieur et qui, de ce fait, ont procédé à un véritable nettoyage ethnique pour créer une Turquie « turc » et « musulmane ». Les Arméniens ont péri par milliers sous le regard et le silence assourdissant de tous ces pays qui se disaient préoccupés par « la démocratie » et « les droits de l'Homme ». Ils ont été humiliés, violentés, dépossédés, déplacés. Ils ont été anéantis avec méthode et cette méthode a plus tard inspiré Hitler, allié de cette Turquie ultranationaliste. Ian Manook écrit ici l'histoire tragique d'un peuple meurtri. C'est donc forcément dense, intense et nécessaire.

Toutefois, bémol, sa narration est par certains aspects lacunaires. Il semblerait, en effet, que l'auteur ne sache pas faire la différence entre les peuples turcs et kurdes, confondant à longueurs de pages les deux peuples qui se distinguent pourtant en terme linguistique, historique et culturelle. Sous sa plume, les personnages deviennent tantôt Turc, tantôt Kurde comme si les identités étaient interchangeables et si « le Turc » est un « sauvage » qui peut parfois être « bon », « le Kurde », lui, est toujours évoqué comme un « sauvage ». Autrement dit, il y a, dans ce roman, une détestation flagrante des Kurdes que je ne peux personnellement accepter. Car s'il est vrai que des tribus kurdes ont participé sous l'égide des Hamidiés (Hamidiye hafif süvari alaylari - corps de l'armée ottomane crée en 1891) au massacre de la population arménienne, il est historiquement faux de prêter cette violence à la population kurde en générale qui, elle, a tenté de sauver comme elle le peut ses voisins arméniens. L'auteur devrait donc revoir L Histoire pour nuancer son propos et revoir sa copie car l'identité kurde ne se confond pas avec l'identité turque et l'identité kurde n'est pas ce qu'il en fait.
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