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Critique de gruz


gruz
02 février 2015
Les premières aventures de Yeruldelgger ont rencontré un succès aussi phénoménal qu'inattendu, succès qui ne se dément pas avec la sortie récente du roman au format poche.

Lire un tel récit, ce n'est pas seulement plonger dans un roman noir et violent. C'est rencontrer des personnages vraiment atypiques et également une invitation à un voyage extraordinaire au plus profond de la Mongolie.

Yerul 2, le retour (sous-titré Les temps sauvages), enfonce le clou (mais pas avec le même marteau). Il eut été en effet facile de reproduire le même schéma, mais se serait faire injure à Ian Manook.

Bien sûr (et heureusement !) on retrouve les mêmes ingrédients qui ont fait de la recette initiale un thriller (roman noir ?) hors norme : ces personnages étonnants et cette Mongolie si dépaysante, mis en lumière par une plume éblouissante.

Mais l'auteur ne tombe pas dans la facilité et sa tambouille prend cette fois-ci d'autres saveurs et d'autres couleurs, cette fois-ci.

Ne vous étonnez pas si j'use de métaphores culinaires durant cette chronique. La cuisine et les repas prennent une place importante dans ce récit (entre recettes connues ou d'autres beaucoup moins). Et qu'est-ce qu'il peut ingurgiter ce commissaire Yeruldelgger !

Ce choc des cultures culinaires est à l'image de l'intrigue de ce Yerul 2 : une enquête qui peut sembler démarrer classiquement (mais avec des meurtres totalement inhabituels), dans un cadre exotique où se mélangent tradition et modernité. C'est tout le paradoxe de cette Mongolie du XXIème siècle et des romans de Ian Manook.

Comment classer ce roman ? Polar ? Thriller ? Non, juste Yeruldelgger !

Au diable les classifications, Manook propose une nouvelle fois une immersion dans un monde tellement loin de nos « belles » certitudes occidentales.

Un récit original, aux vraies dimensions humaines, sociétales et spirituelles (et j'en passe pour ne rien déflorer de l'intrigue). Bref, une histoire totalement inclassable, absolument rafraîchissante (au sens propre comme au figuré, il fait moins 30°) et qui peut tout à fait se lire individuellement du premier tome.

Je le répète, Yerul 2 révèle une autre teinte de noir, un autre type d'enquête, des personnages qui ont vraiment évolué et même une autre écriture parfois.

Car l'intrigue policière prend assez vite un virage (d)étonnant, avec des enquêtes qui s'imbriquent dans l'enquête. Elle sort de la seule Mongolie pour s'étendre dans la région des trois frontières (avec la Russie et la Chine) et même jusqu'à une contrée bien moins exotique pour nous ;-).

Eh oui, le monde devient ridiculement petit quand on parle d'escroquerie.

Et quels personnages incroyables que ces individus tous plus étonnants les uns que les autres. A l'image de l'inspectrice Oyun qui prend une place prépondérante dans ce second tome (au point d'être sur la magnifique couverture). Avec Yeruldelgger bien sûr ; un Yerul colérique qui a bien du mal mettre en application ce que les moines lui ont inculqué par le passé. Et puis un sacré nouveau venu également, du même acabit que notre commissaire (et je ne parle pas des méchants de l'histoire…).

Les temps sauvages est un roman où se succèdent des scènes plus ahurissantes les unes que les autres, le tout mis en mots de manière éblouissante.

Manook est un vrai conteur qui sait de quoi il parle, donnant une vraie profondeur et ce coté si crédible au roman. Il s'appuie sur ses propres expériences de voyages, complétées par la moisson de témoignages de personnes rencontrées lors de ses pérégrinations. On est très loin du banal recopiage de Wikipedia.

Le ton général est lui-même assez différent du premier tome, plein d'humour (décalé souvent), bourré de traits d'esprit et même de sarcasme. Une écriture spirituelle, parfaitement en phase avec ce coté spirituel qui plane toujours au dessus de cette Mongolie si ancrée dans ses traditions.

Et puis vous en connaissez beaucoup des romans où un personnage scande du Voltaire au fin fond des steppes, en pleine tempête ? ;-).

Alors ce Yerul 2, aussi bon que le premier ? Franchement, bien que la surprise liée à la découverte de ce pays ne soit plus aussi vive, j'ai vraiment envie de répondre par l'affirmative. Oui, mille fois oui, ce roman est un sombre bijoux, une merveille noire, et une lecture tout simplement indispensable.

Alors, mettez vos moufles et habillez-vous chaudement durant ce voyage, parce que vous allez vraiment avoir l'impression d'y être.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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