Très clairement, les Robinsonnades sont une entreprise qui ne connaîtra pas la crise.
C'est un genre littéraire jeunesse qui continue d'inspirer les récits d'aventure et de mésaventure.
Pour le début de celle-ci, nous sommes directement mis dans le bain d'eau salé (et la douche de sable fin), la détresse est installée en scène d'entrée.
Nous nous demandons comment les jeunes enfants héros se retrouvent échoués sur une île (déserte, dirions nous, pour la formule, mais nous n'en savons encore rien).
Ce qui est aussi étonnant, c'est que l'un deux est équipé d'un manuel de survie pour s'en sortir en pleine nature (manuel de débrouillardise en forêt qui se transforme, du coup, en guide en milieu hostile), nous avons cette impression incongrue que la chose était prévue ce qui est évidement une hypothèse à écarter.
Alex est un peu prévoyant pour sa sortie en voiles (ou heureusement très pessimiste).
Le premier gamin est futé, le deuxième l'est un peu moins (la petite dose d'humour, un adorable boulet) et le troisième est retiré de la "lumière"et mis en réserve par les auteurs, puisqu'il n'apparait pas au réveil des héros mais que nous faisons sa connaissance à la chasse des bêtes sauvages des premières pages.
Celui-ci est le distributeur de misères du premier dans la cour de récré.
La survie et le huis-clos auront tendance à rapprocher et créer les amitiés improbables.
Ils sont cinq qui devront se retrouver petit à petit avant de saisir où ils sont.
Alex, Charly, Faiza, Byron et Dieter.
Les auteurs usent d'habiles Flashbacks pour nous passer des informations qui vont nous permettre d'obtenir quelques repères, de la cour de récré (ce sont donc des enfants qui se connaissent de l'école) au réveil de l'île dans le passé proche, jusqu'au présent avec la capture des bestioles à longs poils de l'île.
C'est bien vu et futé comme forme de narration.
Nous ne nous jetons pas à corps perdu dans l'intrigue, Mao et Waltch posent une ambiance, à la sauce Koh lanta, et nous avons droit à quelques trucs pour se sortir de cette posture de Crusoé à la hauteur de (Castors) Juniors. C'est la minute scout, prenez des notes!
La BD est pleine de surprise et à la façon de sa narration en mise en abîme, l'intrigue va aussi jouer de la poupée russe emboîtée.
Sommes-nous vraiment sur une île?
C'est un peu fou, il y a un navire de pirate, un cinéma, des créatures marines mécaniques, des rues, une nature de pierre et de fer, tout semble construit de la main de l'homme et dangereusement très varié.
Deus Ex Machina en titre, traduit du latin par « dieu sorti de la machine ».
Quel espèce de savant fou peut nous attendre aux recoins de... l'île, de la rue, nous ne savons plus?!?
Un univers d'aventure plutôt original et sympathique.
Cela rappelle le style de la série "Seuls"de
Gazzotti et
Vehlmann.