- Ho ! Antoine ! Je vois le jour.
La fine pointe de l'aube perçait à peine, lorsque, chaque matin, maître Laribois me tirait ainsi du sommeil. Les paupières collées, encore mal détaché de mes songes, je m'arrachais à ma paillasse.
J’ai aimé la mer non seulement dans l’infini de ses horizons, mais dans la matière dense et transparente où se creuse la concavité de ses vagues, dans la matière légère, poreuse, solide et instable dont se fait le clair lacis de ses mailles, dans le détail des mouvements qui composent son immobilité sous sa couronne d’écume qui se détruit et se recrée sans cesse.
Ayant pris des hauteurs d'étoiles, j'allai vérifier le cap à la marinette. Je restai un instant à regarder frémir cette lame d'aimant. Elle aussi tendait vers un point mystérieux et insaisissable tout autant que ceux vers quoi s'aiguillent les âmes insaisissables et mystérieuses. Derrière moi j'entendis un soupir. En me retournant, j'aperçus, toute noire sur le ciel laiteux, la silhouette de Brice. Il me sembla que, dans cette nuit de Gethsémani, ce château de poupe balancé sur les mers portait toute la peine du monde. Isolé dans l'aridité de sa passion, le cœur défaillait au malheureux. Il était, hélas, au-delà de tout secours. Car tout homme souffre et meurt seul, et l'abîme autour de nous est tel que toute la tendresse de nos amis ne le saurait combler pour qu'ils puissent parvenir jusqu'à notre agonie.
première phrase :
-Ho ! Antoine ! Je vois le jour.
dernière phrase :
J'espère qu'ils comprendront ce que disent à l'oreille d'un homme ces deux cailloux.
L’un des occupants, le pied coincé entre un baril et le banc de nage, la tête et les épaules sous l’eau, oscillait au rythme de la houle avec cette souplesse particulière qui donne aux noyés un aspect de détente bienheureuse.
— Marion, ma mie, me laisseras-tu pas baiser les douces colombes dont je sens le bec à travers ton corsage ?
La vie ne dure qu'en abandonnant sans cesse ce qu'elle atteint.
Ces jardins, entourés de grilles dorées d’un superbe travail, sont eux-mêmes prolongés pour ainsi dire par ce que les naturels appellent les Jardins sobre el mar (sur la mer) parce que, encadrant une perspective de metsilliers gigantesques fermée par le palais, ils s’avancent au-dessus des eaux vertes en deux terrasses de marbre et d’azulejos formant la pointe extrême de l’île.