5h00 jusqu'à Cherbourg.
Encore 2h00 de voiture et il faudra affronter la maison pleine de Jenny sur tous les murs...
Les meubles ... dans tous les tiroirs ...
Reprendre le travail. Consoler Petite Lilie.
Encore travailler.
Encore consoler Petite Lilie.
Et ne jamais pleurer.
Je suis le refuge.
(pages 22 et 23)
Attendre.
Je n’ai plus que ça.
Attendre... sans horizon.
Sans raison.
Sans plus de raison.
(p. 128-129).
- Si tu viens avec moi, c'est le vrai sérieux.
- Le vrai sérieux ?
- Je veux une bébé fille who's called Lilie and une maison dans la Normandie pour manger le camembert toute la vie.
Sourire à la maladie, c'est lui laisser le temps de disparaître.
Personne ne comprend. Personne n'a de réponse. Lui, moi, la médecine.
- Papa...je suis désolée.
- Ma Lilie...
- Je n'aurais pas dû, je me suis trompée de colère.
-Alors, Monsieur Vaste,ça va mieux ? On a fait une petite balade, c'est ça ? C'est pas gentil, on a déjà bien du travail, on va vous augmenter le Zoloft si vous n'êtes pas sage... Si c'est pas malheureux d'être obligé de vous mettre les sangles, un grand garçon comme vous... Le médecin va passer voir si on peut vous les enlever. On fait ça pour votre bien vous savez... Avec toutes ces bêtises, vous êtes bien capable de m'avoir attrapé du mal, hein ? HÉÉ ?!
-Pourquoi ?
-Lachez-moi tout de suite, Monsieur Vastel !
-Pourquoi vous me parlez comme si j'étais un môme ?
-Tu préfères que je sois directe, c'est ça ? Alors évite bien de me faire chier aujourd'hui ! Je suis pas d'humeur à me faire emmerder par un vieux con !
CLAAAC !
-Je préfère...
- Merci, j'ai bien compris qu'on ne guérit pas d'Alzheimer !
- Nous faisons ce que nous pouvons pour...
- Pour quoi, hein ? POUR QUOI ?! Pour empêcher une fin inéluctable ? Pour retarder son isolement dans ses putains de vieux souvenirs à la con ?!
"J'ai passé ma vie à le fuir ... Et me voilà aujourd’hui incapable de passer une semaine sans le voir."
Je préfère attendre. Je n'ai plus que ça... attendre...sans horizon.