Le patron du Pourquoi-pas me regarde entrer. Je remarque
qu’il réfléchit, tentant de se souvenir où il m’a déjà vue. Son
sourire me fait comprendre qu'il m’a reconnue. Il apporte un
thé. Je m’installe près de la baie vitrée, là où la lumière est la
plus agréable pour étudier les dossiers que m’a remis
Claudine. Ici, rien n’a changé, même l’odeur d’alcool. Jack
Granier aimait venir ici comme pour se ressourcer. Serais-je
en train de faire la même chose pour chercher l’inspiration ?
Louis se demande si le flic a pensé qu’il s’agissait d’un canular ou le corps d’un animal écrasé par une voiture. Par acquit de conscience, il sort de la maison et se plante devant le portail en surveillant l’arrivée d’une voiture banalisée.
Elle tarde à venir. Louis pense que les policiers ont autre chose à faire et qu’ils ne viendront que dans une heure.
Après tout le cadavre ne pourra pas s’enfuir.
C'est étrange pour moi de revenir dans le commissariat
d'Aix-les-Bains après trois ans d'absence. Je ne connais pas
le chef de poste qui m’accueille. C’est un nouveau. Poli,
affable, il est surpris qu’une femme puisse entrer ici avec le
sourire. C’est tout moi. Comme je suis heureuse, j’ai envie
que les autres le soient aussi.
Stella ne porte pas de laisse. Pas besoin. Elle est si
obéissante qu’un coup de sifflet l’arrête aussitôt. Pour le
moment, elle fait ses besoins dans la futaie, entre deux
arbres. Si des crottes se retrouvent sur le chemin, Louis, les
ramasse et les met dans un sac.
La Sûreté étant le service le plus
royal des forces de police. Je dois obéir à la commissaire,
mais en fait, je me trouve au même niveau de grade qu’elle.