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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est un grand roman par la qualité du récit et aussi un gros roman (1139 pages dans l'édition de poche). Karl Marlantes s'est inspiré de l'épopée mythologique finnoise “Kalevala”, pour bâtir cette saga familiale, une transposition au début du XXème siècle. A travers elle, l'auteur, d'origine finlandaise par sa mère, retrace l'histoire peu connue de ces finlandais opprimés par les Russes au tout début des années 1900, qui immigrèrent sur la côte ouest des Etats-Unis dans les États de Washington et de l'Oregon pour tenter leur chance comme bûcherons ou pêcheur de Saumons.
L'histoire retrace les aventures d'une fratrie dont les trois membres suivent des chemins différents tout en conservant l'esprit de tribu: le personnage principale, Aino,une jeune au caractère bien trempé, déjà passionaria révolutionnaire marxiste en Finlande, devient meneuse syndicale aux Etats-Unis alors que ses deux frères Matti et Ilmari suivent des voies opposées: Matti tente sa chance comme petit entrepreneur d'une scierie et son frère Ilmari fermier s'accroche à sa foi luthérienne. A travers les combats d'Aino Karl Marlantes fait revivre certains conflits comme la grève générale déclenchée à Seattle en 1919 par le syndicat révolutionnaire IWW ( Industrial Workers of the World). C'est un monde dur où les conditions de travail sont dangereuses et la répression féroce. On revit également les trafic liés à la prohibition et les violences d'un monde où tout semble permis pour se faire une place au soleil, notamment pour les vétérans de la première guerre mondiale de retour dans un pays qui se construit à une vitesse folle. Saissisant de vérité le roman nous dépeint à la fois les beauté de la forêt primaire (une vieille indienne se lie d'amitié avec Ilmari et une de ses fille, personnifie le respect de la nature) et l'âpreté des moeurs de l'époque.
Karl Marlantes a vécu dans cette ouest américain où les pionniers n'ont pas toujours respecté la nature en n'hésitant à raser des parcelles d'arbres millénaires, et connaît parfaitement les techniques d'abattage du bois où de pêche aux saumons, d'où un vocabulaire précis dans des descriptions parfois un peu longues. Cela étant, il a parfaitement rendue l'ambiance de l'époque avec un intéressant panorama de cette histoire de l'ouest américain au nord de la Californie bourré de références historiques souvent peu connues en Europe. Il en est de même pour le début du roman en Finlande sous le joug russe.Les personnages de son roman sont très attachants, ce qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la fin.
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Fuir la répression russe en Finlande pour tomber dans le libéralisme forcenée des Etats-Unis naissant, la vie est dure pour les pionniers et particulièrement pour les femmes, surtout si elles ont des idées socialistes et émancipatrices.
Mais ce qui frappe le plus dans cette épopée familiale, c'est la manque totale de considération pour l'environnement, les nécessités de la survie et la recherche du profit conduisant à exploiter totalement les ressources naturelles d'un endroit avant de se déplacer vers un autre, phénomène qui mène inexorablement vers le désastre d'aujourd'hui mais qui était totalement inconnu à l'époque tellement la nature paraissant inépuisable.
Mais comment prendre en compte l'avenir de la planète quand on lutte chaque jour pour avoir de quoi se nourrir et avoir un endroit pour dormir sans mourir de froid.
Cet engrenage fatal rend pessimiste que l'avenir de l'humanité.
Et pourtant il y a quand même des moments de bonheur et cette rage de ne pas baisser les bras.
Ce récit âpre et très bien écrit est prenant jusqu'au bout.
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Il y a les sagas qui tirent à la ligne. Celles qui peignent des dynasties auxquelles les épreuves ne servent qu'à prouver la résilience. Celles où le cours de l'histoire consacre toujours l'intuition et la droiture des personnages du récit. Opportunément blancs de toute faute, miraculeusement et éternellement du bon côté. Ce qui est bien plus facile lorsqu'on écrit a posteriori, évidemment.
Et puis il y a Faire bientôt éclater la terre. On suit durant quelques décennies le parcours heurté de Finlandais obligés d'émigrer aux Etats-Unis pour fuir la répression russe qui sévit dans leur pays. Aino, jeune femme aux engagements politiques communistes fortement affirmés, son petit frère Matti, travailleurs et tête brûlée, Illmari leur aîné déjà installé tout au nord, sur la côte ouest depuis quelques années. Askel aussi. Et, déjà regroupés en une petite communauté, Kyllikki qui vend des chaussures dans la boutique de ses parents, Rauha la fière, Lena, Jouka le beau joueur de violon. Et tous les autres.
Le temps est à l'exploitation forestière par des self made men. Pour soutenir les besoins toujours galopant de la construction, on fait tomber des pins gigantesques, on abat des monstres d'arbre. Les campements sont précaires, insalubres. Les salaires misérables. le travail dangereux. On y parle suédois, norvégien ou finlandais. Un peu anglais aussi. On crache sur les autres immigrés, grecs ou italiens que la faim rend capables d'accepter des salaires encore plus indigents que ceux dont on ne peut pas se contenter.
Pas vraiment une success story donc. Pas non plus un récit misérabiliste. Les personnages de cet épais roman subissent les affres d'une existence chahutée par le cours du bois, la première guerre mondiale, la crise de 29. Ils rencontrent des deuils, des pertes, des blessures.
Tout l'intérêt de cette histoire, outre son aspect profondément romanesque et dépaysant, réside dans la relation des mouvements sociaux qui émaillent ces années.
Je m'étais toujours demandé comment on pouvait expliquer que les idées de gauche aient eu aussi peu de prise aux Etats-Unis. J'avais bien en tête la plus tardive chasse aux sorcières de McCarthy mais, sans penser qu'elle pouvait avoir surgi ex nihilo, je ne la rattachais à aucun phénomène antérieur dont j'aie connaissance.
Les immigrés finlandais du début 20e siècle étaient, pour certains, porteurs d'un idéal communiste que la révolution russe viendrait mettre au pouvoir dans leur pays d'origine quelques années après (avec les suites totalitaires que l'on sait). On était encore à un moment de l'histoire où on pouvait espérer, aux Etats Unis aussi, une révolution prolétarienne qui installe l'égalité heureuse, les lendemains qui chantent.
Karl Marlantes met magnifiquement en scène cette opposition frontale entre les intérêts individuels de quelques pionniers arrivés avant, bien décidés à incarner un avatar du rêve américain, et les tentatives d'union des ouvriers récemment immigrés. Il raconte la douloureuse mise en place des syndicats, les bastonnades organisées par les shérifs à la botte des puissants patrons, la répression constante, le déni de la liberté d'expression dans une Américaine puritaine, libérale et raciste. L'écrabouillement pur et simple des idéaux collectifs au profit de la sacrosainte liberté d'entreprise individuelle.
En filigrane, on lit aussi la dangereuse marche forcée vers une exploitation toujours plus radicale des ressources qu'offraient ces terres encore quasi nues de présence humaine. On découvre des portraits de femmes fortes, loin des logiques de subordination à l'oeuvre dans les couples Wasp. Et on se prend d'affection pour ces tempéraments insupportables, capables de ne se laisser guider que par leurs idéaux au détriment de leurs affections. Bref, on vibre, on frémit et on a l'impression de comprendre un peu mieux l'histoire de l'Amérique, le moment où les choses auraient pu prendre un autre tour. Une lecture enrichissante !
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Début du XXe siècle en Finlande sous domination russe : la famille Koski va être durement confrontée à la répression de la police du tsar contre toute tentative de rébellion ou toute revendication et chacun à leur tour, les 2 frères, Ilmari et Matti, et leur soeur Aino, devront fuir leur pays pour les Etats-Unis. Ils se retrouveront dans le Nord Ouest américain encore quasi vierge où chacun essaiera de construire sa vie : c'est l'époque où tout semble possible pour les pionniers si on est prêt à travailler dur et à se taire. Aino l'idéaliste refusera d'abandonner ses idéaux de justice sociale et en paiera parfois le prix fort.

Faire bientôt éclater la terre est une magnifique saga familiale dans un contexte et une période historique assez peu connus (en tous cas qui étaient nouveaux pour moi) : le développement de l'Ouest américain dans les territoires les plus au Nord avec les campagnes effrénées de bucheronnage pour fournir suffisamment de bois à la construction des villes (comme à San Francisco après le terrible tremblement de terre de 1905), aux lignes de chemin de fer puis à la grande guerre de 1914. On découvre la région par les yeux des frères et soeur Koski qui se retrouvent tous dans le même petit bout de territoire encore sauvage près de la Columbia River. L'auteur nous offre de magnifiques descriptions de cette nature encore sauvage et grandiose, menaçante, de ces arbres immenses (la photo de couverture du roman est juste impressionnante), de ces forêts qui paraissent infinies face aux maigres moyens des hommes pour les exploiter (scies manuelles, "mule électrique" pour convoyer les troncs puis chemin de fer ou flottage). le récit de ces efforts des hommes pour dompter la terre hostile et en tirer de quoi vivre, de leur vie frugale où on n'hésite pas à parcourir 10 kilomètres à pieds pour aller au bal le samedi soir, où une femme peut rater le mariage de son frère quand le vent trop fort empêche le bateau de circuler, où les ouvriers n'ont d'autre vie que celle de prendre des risques insensés pour abattre les arbres géants qui les entourent, de se coucher épuisés juste après le dîner et de se relever aux aurores pour recommencer, est totalement passionnant et résonne étrangement par rapport à notre époque d'abondance où par contraste on prend enfin conscience de la finitude de la nature et de sa surexploitation continue.

En parallèle de ce côté presque "documentaire" il y a aussi tout l'aspect saga familiale lui aussi très réussi avec de vrais personnages, étoffés, qui évoluent au fil des années et qu'on finit par avoir l'impression de connaître depuis toujours. Chacun des 3 frères et soeur a sa propre personnalité et on se plaît à les voir évoluer, tenter de se construire petit à petit une vie décente dans une époque où le moindre coup dur pouvait encore vous menacer de la déchéance immédiate. C'est un vrai plaisir de voir l'évolution de la famille, les mariages, les naissances, les amitiés, racontés de manière très simple et à la fois très attachante et réaliste. Et au milieu il y a ce magnifique personnage de Aino, la seule fille de la fratrie, la rebelle, celle qui fera passer ses convictions avant tout le reste quitte à y sacrifier sa vie. C'est un personnage qui m'a parfois (souvent) agacée de par son intransigeance et ses combats permanents. J'ai souvent eu envie de la secouer, de lui dire de penser un peu à ceux qui l'entourent et qui l'aiment au lieu de courir après un idéal de justice sans doute inatteignable et pour lequel personne ne la remerciera jamais. Et en même temps c'est celle qui me reste le plus en tête une fois ce roman refermé, un bel exemple de courage et un personnage suffisamment complexe pour porter tout le reste du roman sur ses épaules.

Vous l'aurez compris, malgré quelques longueurs (près de 900 pages quand même !) et une lecture parfois exigeante tant le récit abonde en descriptions et prend son temps pour construire sa trame, Faire bientôt éclater la terre a été pour moi un grand livre. Un de ceux dont on se rappelle longtemps, un de ceux qui vous permettent de vraies découvertes, une belle histoire, bien construite et passionnante. Si les pavés ne vous font pas peur, n'hésitez pas à vous lancer et à découvrir ces Finlandais exilés qui eux aussi ont participé à l'histoire des Etats-Unis, vous ne le regretterez pas !
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Loin de la contemplation et de la défense de la nature dont notre siècle se préoccupe, le roman de Karl Marlantes nous plonge chez des immigrés finlandais fuyant leur pays sous le joug russe.
Nous sommes en 1904 quand la fratrie Koski arrive à la frontière entre l'Oregon et l'Etat de Washington pour travailler dans l'industrie forestière.
Pas de mythe américain avec le cow-boy et les grandes plaines mais des bûcherons à la tâche dix heures par jour et vivant dans des conditions misérables; leurs existences dépendant du patronat.
Mille dangers attendent ces hommes maigres perchés sur des planches fichées dans les énormes troncs d'arbres. Ils triment sans relâche pour survivre sans perspective de lendemains radieux.
Aino, le fille de la fratrie Koski s'insurge contre cette précarité, la pauvreté, le manque d'hygiène et le travail esclavagiste de ces homme courageux et travailleurs.
Ses frères Matti et Illmari projettent tout de même des désirs. le benjamin Matti doué en mécanique profite des opportunités pour avancer dans l'échelle sociale.
Illmari, l'aîné où des visions existentielles le taraudent sera aider par une chamane indienne et construira son église.
Beaucoup d'autres personnages gravitent autour de ces trois finlandais qui vont traverser les grèves du syndicat IWW, la première guerre mondiale, la Prohibition et le krach bousier de 1929.
Aino est le ciment de cette famille soudée même si parfois cette badasse met en péril son entourage.
Faisant partie des Wobblies, membres du syndicat IWW, elle participe activement au recrutement de travailleurs.
Son combat contre l'injustice l'entraîne à négliger son couple et sa fille. Cependant les années passent et les idéaux de Aino se concrétisent par une coopérative dépendante d'une scierie.
Cette héroïne flamboyante, révoltée contre le capitalisme m'a entrainé vers la grande Histoire du syndicalisme où les grèves, les violences, les arrestations et l'injustice s'entremêlent pour faire vaciller les patrons et même le gouvernement au point que police et plus tard FBI interviennent auprès des" anarchistes "

Ce roman qui éblouit par sa maîtrise est un hommage aux ancêtres de l'auteur installés en 1890 dans l'Etat de Washington.
J'ignore si ses aïeux étaient bûcherons mais avec cette saga familiale nous partageons les vicissitudes de ces travailleurs acharnés qui souhaitaientt une intégration tout en gardant leur culture finlandaise ( la lirette est leur invention).
Ces parcours douloureux seront contrer par la ténacité, les convictions politiques, la corruption engendrant de nouveaux citoyens américains où le business est roi.
Marlantes donne une vision du capitalisme du XIX siècle et un regard particulier sur ces bûcherons sans se soucier de déforestation.
Il ne néglige pas la condition de la femme dont le seul avenir en général est le mariage. Accouchements difficiles, très peu de contraception et le dur labeur de ménagère sont le quotidien de ces femmes au foyer.

Avec cette saga j'ai beaucoup apprécié le déroulement de vie de cette fratrie .

Roman de combat où chante une symphonie wagnérienne : puissant , énergique.
Un bonheur de voyage dans la grande Histoire des Etats-Unis.
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J'ai 5 ans et je joue avec Nathalie dans un bruit de fureur, des éclats stridents de scie, les camions déambulent, déchargent du bois, les grumes sont entassés, les voix sont couvertes. Mais surtout l'odeur de la sciure, le bois toujours présent.

J'ai 8 ans, je suis avec ma famille dans une grande maison en bois en Finlande dans la région des 1000 lacs et elle donne sur l'un de ces derniers, du moins je m'imagine qu'il en fait partie. Il n'y a absolument rien d'autre autour si ce n'est la forêt.

J'ai 44 ans, et je découvre « faire bientôt éclater la terre » de Karl Marlentes, 853 pages de l'épopée d'une fratrie obligée de quitter la Finlande au début du 20ème siècle et qui repart à zéro dans l'Oregon. On suit plus de 50 ans de leur histoire, on apprend beaucoup sur l'occupation russe, le sisû des Finlandais, la force intérieure d'un individu, son courage, bref ses tripes pour faire face à l'adversité avec stoïcisme, encore mieux que le hygge danois et le lagom suédois ! On assiste au début des développements des grandes scieries et conserveries de poissons, de l'exploitation massive de la nature, sa mise sous coupe réglée.

Les personnages ne sont pas manichéens, il y a différentes facettes de l'être humain, avec leurs défauts, les histoires sont rudes mais on s'attache autant à l'intransigeante Aino, au mystique Ilmari au réfléchi Matti qu'à Aksel épris de liberté….On patauge dans la boue, on dort souvent à la belle étoile, on construit des saunas, on se bat contre les consortiums capitalistes, mais on danse aussi, on boit, on se bat et on tombe amoureux.

En dernier chapitre, l'auteur apporte des précisions sur l'une de ses sources d'inspiration : le Kalevala, poème épique qui retrace les aventures des figures chamaniques du pays Suomi où se trouve l'actuelle Finlande, et auquel le peuple finlandais s'est raccroché notamment lors de l'occupation russe.

Un grand roman sur la liberté qui s'arraché autant par la lutte syndicale que des rêves poursuivis en forêts et en mer.

Il fait la démonstration que la nature façonne l'âme humaine. Après tout ce que l'auteur fait subir à ses personnages, leur caractère héroïque dans les épreuves donne tant de vertu magique à ce « sisûs» invoqué tout au long du récit que l'on a envie de s'approprier.
Lien : https://lechameaubleu.fr/
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Ce gros roman, traduit de l'anglais - Etats-Unis, nous plonge dans des univers peu courants et sur une fresque historique de près d'un siècle, décrit du point de vue d'une seule famille.

La première partie qui concerne la fin du XIXème siècle nous plonge en Finlande, un pays occupé depuis 1809 par les Russes. La Russie est combattue par les finlandais et l'échec de la guerre contre le Japon en 1905 affaiblit le Tsar. La Révolution russe couve et touche Aino qui s'entiche d'un activiste finlandais. Que de malheurs dans cette première partie : deux soldats russes envahissent la maison, Matti, le frère d'Aino est arrêté et parvient à s'enfuir, la soeur Aino est arrêtée et torturée. Suite à une rixe entre les deux soldats russes et la famille, un des soldats tue le chien, le père Taippo s'interpose, blesse le soldat, et est emmené pour ne plus jamais revenir.

En parallèle, un attentat se prépare; Aksel est au coeur de l'action mais son frère Gunnar prévient l'usine, cible de l'attaque, il doit fuir aussi car si les activistes s'en aperçoivent, ce sera la mort assurée.

Et puis il y Imalen, le frère ainé de Aino et Matti, qui est parti aux Etats-Unis, dans un coin perdu du Nord-Ouest, près de l'Etat de Washington.

On se rend compte à la fin de la première partie, que par des voies détournées, Matti, Aino et Gunnar convergent tous vers Deep Water (le titre anglais du livre), l'endroit paumé où Imalen fait le bûcheron.

Un périple incroyable d'une famille finlandaise que l'on suit sur la côte ouest des Etats-Unis. Au final c'est surtout Aino que l'on suivra principalement de 1893 à 1932 avec un codicille situé bien plus tard, au moment de sa toute fin en 1969.

Ce roman (récit?) se veut total et embrasse une histoire de la Terre aux États Unis, dans le milieu de bois puis de la pêche. L'érudition de l'auteur est incroyable et nous entraîne dans une plongée immersive tout au long des 840 pages de cette somme. Bien entendu, les « petites » histoires (les rencontres, les mariages, les enfants, les conditions de vie,…) rencontrent à tout moment la Grande histoire, celle de la guerre et de la crise de 29. Surtout à travers l'histoire d'Aino, on côtoie toute l'histoire du syndicalisme au début du XXe siècle. Aino syndicaliste extrême de l'IWW (les wobblistes) qui met de côté sa famille (puis sa fille) pour les besoins de la cause. L'auteur est très pédagogue et prend soin de tout expliquer et de suivre les événements qu'il décrit en notant régulièrement les dates de manière précise, ce qui permet de ne pas perdre le lecteur, malgré les complexités techniques qui sont décrites. Un magnifique roman qui fera date.

Si l'on devait trouver un défaut à ce livre c'est sans doute que ce type de livre, de « péplum » devrait-on dire, a déjà été fait, que ce soit au cinéma et en littérature et que certains effets sont assez attendus, en particulier dans les relations entre les personnages. Mais c'est un défaut mineur et pour ceux qui sont épris de grande littérature, ils seront comblés.


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Dans les dernières années du XIXe siècle et au tout début du XXe, Ilmari, Matti et Aino Koski quittent leur Finlande natale et immigrent séparément en Amérique. La Finlande est alors sous domination russe, et la brutalité de la répression contre la moindre contestation a entraîné la disparition de leur père. Un à un, pour fuir la pauvreté et les persécutions tsaristes, les deux frères et la soeur vont s'embarquer l'un après l'autre pour les États-Unis, et s'installer dans l'état de Washington. Ils rejoignent nombre d'immigrants des pays scandinaves venus travailler dans les métiers du bois ou de la pêche, et ce, dans des conditions à peine imaginables aujourd'hui. On suivra la fratrie pendant quarante ans (1893-1932), mais la farouche activiste « rouge » Aino tient assurément la première place dans ce roman.
***
J'ai commencé Faire bientôt éclater la terre avec une légère inquiétude à cause de la liste de noms présentée au début. S'il y a effectivement beaucoup de personnages dans ce long récit, je n'ai pas éprouvé de difficulté à m'y retrouver. J'ai apprécié que la liste donne des indications de prononciation sur les noms et prénoms. le premier des 5 prologues est glaçant, et on comprend tout de suite que le terrible événement qui y est relaté va influer sur tout le reste du roman. D'ailleurs, chacun des prologues des 5 parties revêt une importance particulière et oriente la lecture. Mon total enthousiasme après la lecture des 200 premières pages s'est trouvé tempéré par la très grande quantité de détails techniques et didactiques sur la coupe des arbres gigantesques de la forêt primaire comme sur les balbutiements du syndicalisme et son évolution, détails qui peuvent être répétitifs. Mais les personnages que l'on côtoie m'ont sincèrement passionnée. Ilmari réussit presque toujours à concilier son mysticisme et son esprit pratique, alors que Matti se comporte souvent comme une tête brûlée, trop prompt à sortir son suukko (couteau finlandais multifonctions). Aino se révèle plus difficile à cerner : excessive, parfois infantile, têtue, curieuse, elle peut passer d'un solide égoïsme à un total altruisme. Grâce à eux, Karl Marlantes nous entraîne dans une aventure extraordinaire, avec des personnages fouillés, aux caractères différents voire antagonistes, aux buts et aux espoirs divers, dont le parcours lui permet de retracer certains pans de l'Histoire américaine pour notre plus grand plaisir.
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Une épopée sur la première moitié du vingtième siècle, dans laquelle on suit l'histoire d'une fratrie de la Finlande aux États-Unis. Les finlandais ne sont pas réputés pour être primesautiers, et ce livre ne montrera pas le contraire.

Aïno, jeune fille dans une Finlande soumise à la domination russe, est attirée par les idées de Karl Marx, pour une société plus juste et des conditions de vie moins précaires, en cela aidée par l'amour qu'elle porte au jeune leader de la section locale des socialistes. Mais, la réaction de l'ordre établi sera terrible : morts, prison, torture et elle fuira en Amérique où elle rejoint ses deux frères sur la côte Ouest, non loin de la Columbia River.
Elle sera là aussi confrontée à la précarité pour les hommes en bas de l'échelle, bucherons ou pécheurs, et fera de sa vie un long combat pour défendre leurs droits, aux dépens de son propre bonheur parfois.

Mon intérêt pour l'histoire s'est montré quelquefois un peu moindre, certaines parties étant trop détaillées (j'avoue ne pas avoir tout compris aux explications techniques sur le travail des bucherons), certaines se répétant un peu. J'ai eu aussi du mal à m'attacher au personnage d'Aïno très idéaliste, faisant passer ses convictions avant le bonheur de ceux qui l'aiment.

Mais ce pavé de plus de 800 pages reste une épopée instructive et passionnante. Elle remet en mémoire la dureté du début du vingtième siècle, pour les travailleurs, ne disposant d'aucune sécurité, travaillant dans des conditions pénibles et dangereuses pour des salaires de misère. Elle décrit aussi comment certains au péril de leur vie se sont battus pour faire progresser les droits des travailleurs, dans un pays qui se voulait libre, mais qui a souvent été dominé par le pouvoir de l'argent.

J'ai aussi apprécié les nombreux personnages qui peuplent ce roman au côté d'Aïno. Beaucoup sont finlandais d'origine, et l'auteur inclut dans son roman un peu de ce pays, par les termes utilisés, par les traits de caractères de ces hommes et femmes, par des allusions à leur mythologie. Les trois membres de la fratrie vont suivre un chemin différent, mais ils resteront tous unis. Il rend aussi hommage par le très beau personnage de Vasutäti, aux indiens, anciens occupants des lieux, à leurs connaissances en matière de médecine et à leur conception de la vie et de la mort.

J'ai aussi aimé la place accordée à la nature, entre mer, rivières et montagnes. L'auteur nous montre aussi comment l'homme va peu à peu domestiquer cette nature, détruire ces forêts majestueuses, fermer les rivières aux migrations des saumons.

Une fresque réussie qui par l'histoire d'une famille et de ses proches nous raconte tout un pan de l'histoire du Nord-Ouest des États-Unis.
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Je n'étais pas loin du coup de coeur jusqu'aux 74% de la lecture !

Même romancé, ce livre aborde des pans de l'Histoire mondiale du début 20ème avec l'installation en masse d'immigrés finlandais dans le nord-ouest des Etats-Unis fuyant la domination et la répression de la Russie blanche !

Nous suivons la vie d'une fratrie au pays des bûcherons qui enrichissent les propriétaires des abattages à grande échelle. La plus jeune, Aino, est politiquement engagée et une défenseuse ardue du communisme russe. Elle va passer sa vie à militer et à tenter de faire évoluer un syndicat unique l'IWW (Industrial Workers of the World).

Les travailleurs sont sous-payés, logés pire que des cochons et les tentatives pour faire évoluer leurs conditions sont réprimées dans le sang.

Karl Marlantes déroule l'histoire américaine et son évolution sur le dos d'une masse indiscernable de travailleurs, pas toujours assimilés ! En parallèle, la famille Koski poursuit son adaptation au fil des ans.

Très captivant et très intéressant, j'avais du mal à sortir de cette histoire jusqu'à ce que l'auteur s'étende longuement sur les états d'âme et l'attitude encore plus détestable que d'habitude d'Aino ! Avoir consacré autant de pages à ce personnage absolument pas sympathique m'a démotivée et déséquilibré le roman qui jusque-là ne l'était pas !

Il m'a fallu quelques jours pour m'y replonger, difficilement, mais la suite a quand fait remonter mon plaisir ! Je pense que si ça n'avait pas été un livre offert par l'éditeur je n'aurais pas pris la peine de le finir.

#Fairebientôtéclaterlaterre #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022

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