D'une manière générale, je déteste les surprises. C'est comme les cadeaux de Noël, ça fait beaucoup plus plaisir à celui qui les fait qu'à celui qui les reçoit.
Je peux le dire sans trop de forfanterie, lecteur, si un jour tu le tiens dans tes mains, ce roman tu vas le dévorer, te l'arracher à toi-même, t'en faire des insomnies et t'y brûler les yeux.
Mon livre, c'est le grand consensus, la grande réconciliation. Que tu lises d'ordinaire du Lévy naze ou du Levinas, ou les deux, tu en auras pour ton compte. Crois-moi. Mon livre réconciliait l'inconciliable, juifs et musulmans l'adoraient. De Gaza à Tel Aviv on n'avait jamais rien lu d'aussi juste sur la guerre, sur la paix, sur la vie, merde, quoi. Mon livre faisait rire en cœur le pédé et le curé, se gondoler la pute et vibrer les cardinaux dans un dernier spasme parkinsonien. On a vu des matons le refiler avec un sourire ému aux détenus enragés.
Pas un chef d'état du dernier G8 qui n'aura eu son exemplaire, offert par José Bové, avec ses compliments.
L'effet dépend toujours de celui qui lit. Je crois que le lecteur apporte au moins 50 % de ce qu'il y a dans le texte. A moi, en tant qu'auteur, de savoir trouver des lecteurs talentueux.
Toujours se méfier des comiques ; rien de plus sinistre au quotidien. Les sosies de comiques, je n'en parle même pas ...
Y a une thèse à écrire sur la méchanceté du lecteur attentif. Le bon lecteur est distrait, il surfe sur les phrases, il se refout un coup d’indice 12, il emprunte Gala à sa voisine, il file une baffe à son gosse, il va chercher une bière, il reprend deux pages, il va pisser dans la mer et il vous remet au lendemain. Voilà le bon lecteur, pas chiant, pas exigeant, toujours content de vous retrouver.
– Au fait…
– Oui ?
– C’est toi ?
– C’est moi quoi ?
– Ben… le… toi, quoi ?
– Mais moi QUOI ? m’échauffai-je un peu, en secouant les glaçons de mon LoungeLagoon.
– Non, mais, tu me connais, tu as ma confiance, je te loge, je te coache, je t’adore, t’es un peu comme mon fils dans une chanson de Maxime le Forestier, tu vois…
– C’est un frère, pas un fils.
– M’embrouille pas.