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Critique de DimitriCheval


Pendant la grande peur, une jeune châtelaine se retrouve face à une foule de paysans. Ils ont capturé son chasseur de père et lui proposent un accord. Si elle boit un verre de sang de sanglier, son papa sera libéré. Elle s'exécute, ils rient : l'aristocrate vient d'avaler le sang de son propre géniteur.

Voilà la petite anecdote qu'avait raconté mon professeur d'histoire de première lorsqu'il m'a enseigné la révolution française. Je n'ai jamais réussi à la vérifier sur internet ou dans un des nombreux livres sur la révolution que j'ai lu. J'espérais donc la trouver dans cet ouvrage. Ce ne fut pas le cas. La faute peut-être à cet enseignant, royaliste assumé, qui fabulait parfois ? À moins que ce soit ma mémoire qui ait déformé ses explications...

En revanche, des anecdotes vérifiées, on en trouve beaucoup dans ce livre ! Il commence par les premiers mois de la révolution à Paris : une histoire vue et revue mais bien racontée, sous forme de chapitres très courts (3-4 pages chacun) avec leurs lots d'informations originales.

Viennent ensuite les troubles qui ont eu lieu dans le reste du royaume entre juin et août 1789. C'est plus ardu et pas toujours aussi limpide. La thèse est bien connue : à partir du 14 juillet, une vague de fausses nouvelles touche les provinces et pousse les paysans à incendier des châteaux, des titres de noblesses et mettent à mort quelques aristocrates. Ce mouvement s'arrête avec la nuit du 4 août qui, en abolissant les privilèges, met fin aux désordres.
L'auteur veut mettre fin à cette narration. D'abord parce que les révoltes provinciales commencent avant le 14 juillet, ensuite parce que les motifs des soulèvement n'ont pas toujours grand chose à voir avec les évènements parisiens, enfin parce que les violences ne sont pas commises que par des paysans et ne touchent pas que les nobles mais les "élites" en général. de plus, la répression, plusieurs centaines de pendus, est probablement plus efficace que la nuit du 4 août pour expliquer la cessation (relative) des violences. J C Martin estime donc que l'intérêt géographique de ces divers soulèvements, sorte de jacquerie générale, n'est pas tant de montrer la diffusion d'une rumeur mais plutôt les zones où les élites arrivent à canaliser les peurs, à les réprimer ou les subissent. La carte en question est à la 16 de l'ouvrage. Elle est "moche", incompréhensible au premier abord, mais prend tout son sens au fur et à mesure de la lecture de l'ouvrage.

Dans une dernière partie l'auteur aborde les façons dont ont été analysé ces évènements par les différents historiens, du XIXe siècle à nos jours. Si on a déjà entendu parlé de Taine, de Michelet, de Lefebvre, de Soboul etc... on peut se régaler. Sinon on risque de se perdre.

C'est d'ailleurs un constat qu'on peut partager pour l'ensemble de l'ouvrage. Il est destiné à des personnes connaissant déjà bien l'histoire de la révolution et, de préférence, les débats qui l'accompagnent.
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