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EAN : 9791021055193
416 pages
Tallandier (21/03/2024)
4/5   2 notes
Résumé :
Juillet 1789, la France est parcourue par des paniques et des révoltes d’une violence inattendue, liées aux événements politiques des débuts de la Révolution. Les rumeurs les plus folles circulent : les Anglais prépareraient un débarquement, les aristocrates prendraient les armes contre le peuple, les « accapareurs » spéculeraient sur le prix des grains… À ces peurs se mêlent destructions de châteaux, agitations urbaines, incendies, émeutes et assassinats qui embras... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les brigands arrivent !

Une étude précise sur l'évènement qualifié de "Grande Peur" qui se déroula du 20 juillet au début août 1789 sur le territoire français durant quelques semaines où presque partout en Province, on a craint l'arrivée des brigands, recherché des armes, incendié des châteaux et des titres… et qui ont amené à la nuit du 4 août 1789 où les députés abolissent certains privilèges (rachetables).

Quand un historien (JC Martin) trouve les notes d'un collègue (Georges Lefebvre), que fait-il ? Il rédige un nouvel essai !

Georges Lefebvre a étudié la Grande Peur de 1789 dans un ouvrage paru en 1932.

Après avoir rappelé les évènements de juin à juillet 1789, Jean-Clément Martin argumente son propos selon le plan suivant :
- Première partie : comment les acteurs ont compris les révoltes de juillet 1789 en les amalgamant avec la prise de la Bastille
- Deuxième partie : que furent ces émeutes, révoltes et peurs et les réactions qu'elles ont suscitées ?
- Troisième partie : la compréhension de la Grande Peur à partir de la fin du XIXe siècle.
- Quatrième partie : l'historiographie de la Grande Peur.

La notion de "Grande Peur" n'a pas passionné les historiens avant qu'Alphonse Aulard invente ces termes en 1887.

Jean-Clément Martin étudie cette Grande Peur sous tous les aspects : rappel du contexte historique, notions de révoltes, émeutes, lieux, conséquences, les contestations et les différences entre différentes révolutions.

Cet historien, à la lecture parallèle des notes de Lefebvre et de son ouvrage, remet en cause les choix de cet historien : il oublie certains évènements (qu'il avait pourtant notés), il distingue les peurs de la Grande Peur.
Il démontre que les paniques, rumeurs et insurrections n'ont eu d'existence que là où les liens communautaires étaient fissurés.

JC Martin explique que ces émeutes reprennent les formes anciennes des révoltes en y amalgamant des formes de la Révolution (prise de la Bastille).

JC Martin explique qu'il ne peut y avoir de point de départ unique et régional à ces mouvements de panique ; il montre, malgré les répressions des émeutes, une cohésion sociale très forte et la fermeté des élites dans certains départements …

JC Martin en profite pour répondre à Emmanuel de Waresquiel (pour qui la Révolution s'est faite en sept jours en juin 1789) : la Révolution est faite après la prise de la Bastille quand l'Assemblée demande le rappel de Necker.

Un ouvrage complexe malgré un plan précis et de courts chapitres.

J'aurais aimé, même si cela n'était pas le thème de cet ouvrage, que l'auteur explique plus précisément l'abolition des privilèges lors de la nuit du 4 août.
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Pendant la grande peur, une jeune châtelaine se retrouve face à une foule de paysans. Ils ont capturé son chasseur de père et lui proposent un accord. Si elle boit un verre de sang de sanglier, son papa sera libéré. Elle s'exécute, ils rient : l'aristocrate vient d'avaler le sang de son propre géniteur.

Voilà la petite anecdote qu'avait raconté mon professeur d'histoire de première lorsqu'il m'a enseigné la révolution française. Je n'ai jamais réussi à la vérifier sur internet ou dans un des nombreux livres sur la révolution que j'ai lu. J'espérais donc la trouver dans cet ouvrage. Ce ne fut pas le cas. La faute peut-être à cet enseignant, royaliste assumé, qui fabulait parfois ? À moins que ce soit ma mémoire qui ait déformé ses explications...

En revanche, des anecdotes vérifiées, on en trouve beaucoup dans ce livre ! Il commence par les premiers mois de la révolution à Paris : une histoire vue et revue mais bien racontée, sous forme de chapitres très courts (3-4 pages chacun) avec leurs lots d'informations originales.

Viennent ensuite les troubles qui ont eu lieu dans le reste du royaume entre juin et août 1789. C'est plus ardu et pas toujours aussi limpide. La thèse est bien connue : à partir du 14 juillet, une vague de fausses nouvelles touche les provinces et pousse les paysans à incendier des châteaux, des titres de noblesses et mettent à mort quelques aristocrates. Ce mouvement s'arrête avec la nuit du 4 août qui, en abolissant les privilèges, met fin aux désordres.
L'auteur veut mettre fin à cette narration. D'abord parce que les révoltes provinciales commencent avant le 14 juillet, ensuite parce que les motifs des soulèvement n'ont pas toujours grand chose à voir avec les évènements parisiens, enfin parce que les violences ne sont pas commises que par des paysans et ne touchent pas que les nobles mais les "élites" en général. de plus, la répression, plusieurs centaines de pendus, est probablement plus efficace que la nuit du 4 août pour expliquer la cessation (relative) des violences. J C Martin estime donc que l'intérêt géographique de ces divers soulèvements, sorte de jacquerie générale, n'est pas tant de montrer la diffusion d'une rumeur mais plutôt les zones où les élites arrivent à canaliser les peurs, à les réprimer ou les subissent. La carte en question est à la 16 de l'ouvrage. Elle est "moche", incompréhensible au premier abord, mais prend tout son sens au fur et à mesure de la lecture de l'ouvrage.

Dans une dernière partie l'auteur aborde les façons dont ont été analysé ces évènements par les différents historiens, du XIXe siècle à nos jours. Si on a déjà entendu parlé de Taine, de Michelet, de Lefebvre, de Soboul etc... on peut se régaler. Sinon on risque de se perdre.

C'est d'ailleurs un constat qu'on peut partager pour l'ensemble de l'ouvrage. Il est destiné à des personnes connaissant déjà bien l'histoire de la révolution et, de préférence, les débats qui l'accompagnent.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Alors que les contemporains n'ont jamais qualifié les paniques et les émotions de "Grande Peur", le mot apparaît dans les polémiques historiques et politiques de la fin du XIXe siècle, avant d'être consacré par Georges Lefebvre pour désigner cette seconde quinzaine de juillet 1789.
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Redisons-le, juillet 1789 n'innove pas en comparaison avec les grandes vagues de révoltes qui ont marqué la France de 1624 à 1709; sauf sur un point essentiel : la lecture qui en est faite depuis la convocation des Etats généraux, surtout après le 14 juillet.
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Il serait vain de chercher ici la preuve que la Révolution est en marche. Juillet 1789 est d'abord et avant tout un affaiblissement du pouvoir central, comme il y en eut beaucoup auparavant, au moment de la Fronde, au milieu du XVIIe siècle, lors de la mort de Louis XIV et de la Régence, vers 1714.
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Lefebvre qui estimait que la convocation des Etats généraux et la rédaction des cahiers de doléances avaient ouvert une "grande espérance", libérant par contrecoup, "la vengeance (accumulée) pendant des siècles dans des cœurs ulcérés (contre) les grands, les riches, les seigneurs", permettant aussi que la haine s'exprime avec le vocabulaire tout neuf de 1789.
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Dans cette atmosphère oppressante, rumeurs et paniques, vengeances et violences se répandent, s'entremêlent et s'exacerbent les unes les autres, reproduisant des scènes de chaos et d'affrontements ordinaires dans des moments d'inquiétude et de crise politique.
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