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Critique de camati


Une belle découverte que ce premier roman de Carole Martinez. Allez savoir pourquoi, d'après le titre, je m'attendais à une espèce de romance sentimentale, mais ce n'est pas du tout cela. Jolie surprise !
Il s'agit en fait d'un étrange récit à la première personne dont la narratrice n'est pas encore née au début du livre. C'est un fascinant mélange de poésie, de magie, de surnaturel, de réalité dure voire sordide, de combat, de fuite, de révolte, de folie. D'une certaine manière, ce roman a fait ressurgir dans mon esprit des pages de « Confiteor » de Jaume Cabré au sens où le lecteur, s'il veut apprécier cette oeuvre, doit se laisser porter par la fantaisie de l'auteur.
Après avoir suivi Frasquita pendant son enfance, le lecteur la suit esentiellement, elle et ses enfants dans leur périple et leur fuite droit devant. Frasquita sait ce qu'elle fuit mais elle ne sait pas où elle va, et dans sa folie, elle entraîne ses enfants dans un voyage pédestre sans fin, un exode rempli de meurtrissures.
Frasquita est couturière : elle coud de magnifiques vêtements à partir de bouts de chiffons, sa robe de mariée tout particulièrement, et cela deviendra par la suite sa spécialité ; puis, un jour de révolution, elle recoud les plaies des hommes. La magie, le merveilleux viennent ponctuer ce récit d'une vie d'un autre temps, celui pourtant pas si ancien où les jeunes femmes étaient vendues par leurs parents ou par leurs époux, pour éponger des dettes.
Dans ce village du sud de l'Espagne, il ne fait pas bon sortir du lot, être belle parmi la laideur, la jalousie et la méchanceté, Frasquita va l'apprendre à ses dépens, que ce soit pour sa robe de mariée resplendissante – bien qu'à l'origine une vieille étoffe grisâtre – ou le drap brodé qui servira de linceul à la Carasco, sa belle-mère. A part cette vieille femme revêche qu'elle est parvenue à séduire grâce à la maîtrise de son art, ses réalisations ne lui ont apporté, dans la première partie du roman, que haine et envie. C'est l'une des raisons qui poussent Frasquita à fuir, vêtue de sa robe de mariée qu'elle ne quittera pas ; je ne révèle pas l'autre motif de sa fuite pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur.
Je termine cette critique avec quelques mots sur l'écriture de Carole Martinez : je l'ai aimée ; elle est poétique, visuelle, imagée, et elle m'a aidée à visualiser sa couture et sa broderie magnifique car c'est sa vie qu'elle a tissée dans ses étoffes. Frasquita a utilisé des gestes ancestraux pour créer ses fils tous plus beaux les uns que les autres. De la même manière, Carole Martinez a tissé son roman avec de belles phrases, de jolies images. Lisez-le , savourez-le. Quant à moi, je vais découvrir ses autres livres.

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