Le coeur cousu

Frasquita, ou la femme aux mains d'or, aux fils et aux milles tissus. Transmis de mère en fille, elle obtiendra ce don d'une boîte mystérieuse renfermant secrets et prières, approchant du monde des morts et servant le monde des vivants. Une couturière hors du commun, qui brode et qui tisse les fils de ses ouvrages autant que les liens humains. En alliant souffrance et beauté, elle fait naître de ses mains les plus belles parures, et de son corps, toujours avec ardeur, ses cinq filles. Un don pour chacune, qui révèle leur personnalité et fera de leur vie un fil conducteur, dans la joie et dans la douleur. La magie et la poésie qui opèrent à chaque page nous emportent sur une autre planète, quitte à nous bousculer pendant le voyage... Si la perplexité est de rigueur, l'imagination bat son plein dans l'esprit de l'auteur. Les portraits de femmes qui nous sont livrés sont travaillés avec soin, chacune comportant sa touche d'originalité, sa fragilité, sa force, tandis que les portraits masculins sont souvent représentés de façon à les ridiculiser, les idéaliser ou les blâmer. Devant la complexité du récit, comment ne pas osciller entre le ravissement, l'émerveillement, puis parfois l'incompréhension, le dégoût, et l'ennui. Rien n'était figé : je pouvais me délecter d'un chapitre et ne trouver aucun intérêt à l'autre.
Si bien que j'ai perdu de nombreuses fois le fil, fil pourtant si bien tissé entre cette couturière et toutes ses filles, où la féminité est à la fois si souvent sublimée, et à la fois si violemment bafouée nous plongeant brutalement dans la réalité. J'avoue avoir été submergée par ces histoires abracadabrantes et improbables poussées parfois à l'extrême, bien qu'elles regorgent d'amour, de délicatesse, et d'instants autant incongrus et cruels, qu'empreints de poésie et de sensibilité.