Très prolifique,
Masterton fut, durant les années 80 et 90, un des principaux pourvoyeurs de littérature horrifique et une des têtes de gondoles des éditions « Terreur ». Au début du XXIème siècle, l'écrivain accuse la perte de vitesse de l'épouvante et, après un passage par le Fleuve Noir, publie quelques romans chez Bragelonne. Ajoutons que ces derniers titres (notamment le moyen
WENDIGO et le très décevant
LA CINQUIEME SORCIERE) sont largement en deçà des classiques de l'écrivain que furent
LE TRONE DE SATAN,
DEMENCES,
LE PORTRAIT DU MAL, etc.
Après
GHOST VIRUS, nous sommes donc heureux de retrouver, avec
LES ANGES OUBLIES, un
Masterton nettement plus en verve et en forme. Et qui ne se gêne pas pour patauger dans la fange, au propre comme au figuré, puisqu'une partie de l'intrigue se déroule dans les égouts londoniens envahi par un Grasseberg, autrement dit un immense tas d'immondices, qui les bouche carrément. Or dans les sous-sols rôdent également des sortes d'enfants monstrueux, des « anges oubliés ». Dans le même temps des femmes se retrouvent mystérieusement enceintes de créatures tout aussi horribles. du coup les autorités se retrouvent débordées d'appels pour des phénomènes inexplicables et on appelle à la rescousse Jerry Pardoe et Jamila Patel, héros de
GHOST VIRUS.
Avec
LES ANGES OUBLIES,
Masterton revient à l'horreur bien sanglante, à du gore crasseux, parfois franchement dégeu, bien plus violent que ce qu'il proposait avec sa série Jim Rook par exemple. Ici, l'écrivain s'autorise toutes les audaces et ne pratique aucune censure, imaginant de nombreuses scènes particulièrement gratinées quitte, à trop vouloir écoeurer, à verser dans une forme de semi-parodie excessive. C'est un retour vers le
Masterton des débuts, celui dont l'imagination macabre débordante n'était aucunement freinée par des contraintes de réalisme et qui ne s'embarrassait pas de rester crédible lorsqu'il se laissait emporté par ses outrances. Les lecteurs de TRANCE DE MORT et
RITUEL DE CHAIR seront donc en terrain connu !
Comme souvent avec l'auteur, l'intrigue s'emballe durant les derniers chapitres, un peu expédiés et globalement moins convaincants (
Masterton éprouve souvent quelques difficultés à livrer des « fins » à la hauteur des événements antérieurs). Mais dans l'ensemble et malgré ses défauts (quelques longueurs, des passages trop excessifs ou moins convaincants), voici un bon roman de
Masterton qui, s'il ne hisse pas à la hauteur de ses plus grandes réussites, n'en reste pas moins fort efficace. On est donc bien heureux de le retrouver sur nos étagères !
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