Citations sur Save the date (9)
Elle ne savait pas ce que c'était que de regarder un garçon de loin, de rêver, de désirer, toujours dans l'ombre deux pas derrière lui. De se tenir à côté de quelqu'un pour qui on n'existe pas. De penser à lui mille fois plus qu'il ne pense à vous. De n'être qu'un visage perdu au milieu des autres tandis que lui occupe le devant de la scène. Et puis, soudain, de devenir visible, de sortir de la masse des figurants, de se retrouver au centre de ce qu'on avait toujours regardé depuis les coulisses. De ce qu'on éprouve à ce moment-là, quand ça tombe du ciel alors qu'on s'y attendait le moins, un cadeau qu'on a presque peur d'ouvrir.
– Mais pourquoi m’avoir appelée, moi, au fait ? Lui ai-je demandé.
– Euh... Parce qu’on savait que tu viendrais, m’a dit Danny comme si la réponse allait de soi. Parce que… Parce que c’est toujours toi qu’on appelle, quoi.
Rodney et Linnie ont hoché la tête.
En les regardant tous les cinq, j’ai soudain senti quelque chose se dénouer en moi. Finalement, je n’étais peut-être pas juste la petite dernière, celle à qui on cacher les secrets des grands. J’étais aussi celle sur qui on pouvait compter, qui essayait de faire avancer les choses et qu’on appelait quand il y avait du grabuge.
Parfois, plus on s’accroche au passé, moins on voit les choses autour de soi.
En les regardant tous les cinq, j’ai soudain senti quelque chose se dénouer en moi. Finalement, je n’étais peut-être pas juste la petite dernière, celle à qui on cachait les secrets des grands. J’étais aussi celle sur qui on pouvait compter, qui essayait de faire avancer les choses et qu’on appelait quand il y avait du grabuge.
J’éprouvais déjà la sensation de plénitude qui me gagnait quand ils étaient tous
autour de moi. Et puis c’était le dernier moment qu’on passerait ensemble dans
cette maison, et il fallait que ce soit parfait. C’était obligé. Je ferais tout
ce qu’il faudrait pour.
J’étais dans une pièce qui se résumait essentiellement à un lit, avec un garçon dont j’étais amoureuse depuis toujours – un garçon en deuxième année de fac, avec de l’expérience, pas un gars qui aurait mis des semaines avant de me prendre la main. Il m’avait embrassée, portée sous la pluie. Je savais qu’en m’en allant maintenant, je rentrerais chez moi heureuse, avec assez de souvenirs pour m’occuper la tête pendant des mois – tellement tout ce qui venait d’arriver dépassait déjà ce que j’aurais pu rêver.
À la seconde où nos lèvres se sont touchées, j’ai su qu’il savait s’y prendre. C’était autre chose que les baisers timides que j’avais connus jusque-là. Tandis qu’il m’embrassait fougueusement, j’ai retenu mon souffle en essayant d’intégrer que c’était vraiment en train de m’arriver. Je priais pour qu’il ne s’aperçoive pas de mon manque d’expérience. Si oui, ça n’avait pas l’air de le déranger.
Mais embrasser Jesse Foster pour de vrai dépassait tout ce que j’aurais pu espérer. Pour commencer, il embrassait comme un dieu, collant la honte aux quatre garçons que j’avais embrassés avant, hésitants et tâtonnants. Il maîtrisait totalement la situation et prenait la peine de s’arrêter de temps en temps pour me regarder, comme pour s’assurer que tout allait bien de mon côté ; jusqu’à ce que je tende les lèvres pour recommencer et me perdre en lui.
Quand notre rêve de toujours se concrétise, le plus souvent, on est déçu. La réalité est rarement à la hauteur du fantasme, où tout est parfait, où on n’a jamais faim ni mal aux pieds. Or, les choses se passaient aussi bien que j’avais pu l’imaginer, voire mieux.