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Critique de Slava


Dans le Madrid du XVIIIeme siècle, dominé par l'Eglise catholique, dans un couvent, réside le moine où plutôt le sieur Ambrosio, un grand dévot admiré de tous, très pieux et chaste, le parfait religieux donc. Ses discours sont bien suivis et tout le monde l'apprécie. Et puis un jour, il découvre que Rosario, proche de notre moine, est... une femme. Oui, oui. Mathilde, une très belle et tentatrice femme qui va le faire vaciller... Au même moment arrive une famille avec à son cortège, Lorenzo, à la recherche d'une femme qu'il a aimé, Antonia, une jeune et pure fille innocente, Elvire, sa mère... tous, y compris Ambrosio, seront frappés par le Mal, un Mal terrible et puissant...
Le Moine faisait partie des romans dont je rêvais de découvrir tant l'histoire et le parfum transgressif mais envoûtant qui émane du livre me séduisait. Il a fallu attendre que je grandit un peu pour découvrir... et quel roman !
En dépit de quelques maigres défauts, le roman est un grand chef d'oeuvre, une création fabuleuse, un monument de la littérature fantastique et horrifique, dont bien des aspect étrangement moderne s'y retrouve dans ce roman datant de la toute fin du XVIIIeme siècle !
La première chose, celle qui fait tout le charme même du roman est... son écriture. Splendide, raffinée, très sensuel à certains moments mais usant de belles métaphores et euphémismes qui non seulement sont très bien écrites mais accentuent encore plus les scènes.
On est en plein récit où on suit plusieurs personnages en même temps. En effet, un des caractéristiques du roman gothique est la multiplication de personnages et donc d'intrigue. Et là, c'est mon seul défaut : certains passages concernant ces multiplications m'ont ennuyé ! Oui ! Les péripéties de Raymond m'ont souvent vidé l'énergie tant j'étais souvent las... Mais au reste, on suit avec plaisir le mystère entourant Agnès, et surtout la chute d'Ambrosio et les événements qui y accompagnent cette avancée.
Les personnages sont justement pourtant très intéressant, avec une grande psychologie et de justesse. Deux m'ont bien touché : Antonia, l'héroïne vertueuse typique des romans du genre, toute pure, en tout honneur... et qui sera victime des atrocités., victime d'une destinée malheureuse. Et Ambrosio...
Ambrosio, qui dépasse le cliché du moine débordé par ses pulsions, tant sa pensée est bien exploitée et tant s'il sombre dans le mal et la perversion, il tente plusieurs fois de revenir à la rédemption, sans succès...
L'étrange et le fantastique sont dominants, tout comme le frisson et l'horreur qu'ils suscitent : attendez-vous à voir des fantômes sanglants, des prédictions troublantes, des cérémonies de magie noire, et même apparition du diable ! Ajoutez à cela quelques clichés bien dosé tout de même comme le couvent abritant le sadisme des nonnes où le moine paillard et voilà !
Par contre, quand on me dit que le roman a été écrit pour divertir la mère de l'auteur, je suis surprise parce que vu les crimes qui s'y produit, je n'écrirais pas cela à ma mère ! En effet, au menu : meurtres abominables, inceste, viols, mort d'enfant... très transgressif n'est-il pas ? Et comme je l'ai dit plus haut, le style d'écriture ne fait que graduer encore plus la teneur de ces moments !
Quand au final... je pourrais dire qu'à la fois, il se termine bien mais seulement pour une moitié des personnages, mais qu'il s'achève d'une terrible manière pour les autres... et je ne dirais rien sur Ambrosio mais sa fin est symbolique. Une fin à la morale claire et implacable.
Lisez ce roman, il vous dévorera complètement et vous en serez tout aussi hypnotisé par le Mal rôdant et s'accomplissant auprès de la religion, corrompant la vertu au plus haut point. Quand on lit ça, on devine la voie ouvert par ce roman à d'autres chef d'oeuvres du fantastique, notamment Dracula de Bram Stoker.
Mais prenez garde aux charmes du démon et à l'orgueil et concupiscence empoisonnant les pages...
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