AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Melmoth (75)

Un temps viendra où, par ennui, [...] vous guetterez le délire de votre voisin, comme vous feriez d'une représentation théâtrale. Tout sentiment d'humanité sera éteint en vous ; les fureurs de ces misérables seront à la fois pour vous une torture et un divertissement.
Commenter  J’apprécie          00
Je faisais seul de longues promenades dans le jardin du couvent. J'inventais des conversations imaginaires. Les pensionnaires me regardaient et, conformément à leurs instructions, ils se disaient entre eux : « Il médite sur sa vocation. Il supplie que la grâce vienne l'illuminer. Ne le troublons pas ».
Je ne jugeai pas convenable de les détromper mais je méditais avec une horreur accrue sur un système qui poussait aussi précocement à l'hypocrisie et faisait si tôt éclore, parmi la jeunesse conventuelle, l'un des derniers vices de la vie.

Bientôt cependant j'oubliai ces réflexions pour me livrer à mes rêveries. [...] j'éprouvais à ces rêveries le plus exquis plaisir que la pensée de décevoir mes compagnons pendant ce temps-là n'était sans doute pas faite pour diminuer. Car la dissimulation nous enseigne toujours la dissimulation, et la seule question est de savoir si nous serons les maîtres ou les victimes de cet art. Question à laquelle l'amour de soi a tôt fait de répondre.
Commenter  J’apprécie          00
J'étais amateur de musique ; je chantais souvent involontairement pendant l'office ; ma voix était belle, et ma profonde mélancolie lui donnait une expression peu ordinaire : ils en profitèrent pour m'assurer que mes chants étaient comme inspirés.
Commenter  J’apprécie          00
Je ne m'aperçus pas que l'on me traitait comme un homme dont la raison était aliénée, et pourtant ces expressions que je répétais si follement pouvaient bien justifier un pareil soupçon.
Commenter  J’apprécie          00
Le directeur venait souvent me voir et ces misérables hypocrites l'accompagnaient à ma cellule. Par manque d'autre occupation ils me trouvaient généralement en train d'arranger mes fleurs ou de regarder les estampes et disaient :
— Vous voyez, il est aussi heureux qu'il le désire, il ne manque de rien ; il est très occupé à contempler ces roses.
— Non, je ne suis pas occupé, répliquai-je. C'est d'occupation que j'ai besoin.
Alors ils haussaient les épaules, échangeaient avec le directeur des regards mystérieux et je me sentais soulagé lorsqu'ils me quittaient, sans réfléchir aux méchancetés dont leur absence me menaçait.
Commenter  J’apprécie          00
Un être humain nu et couvert de sang passa comme un éclair près de moi en poussant des cris de rage et de douleur ; quatre moines portant des lumières le poursuivaient. J'avais fermé la porte au bout de la galerie et je savais qu'ils devaient revenir sur leurs pas et passer près de moi. Toujours agenouillé, je tremblais de la tête aux pieds. La victime atteignit la porte, la trouva close et s'arrêta hors d'haleine. Je me retournai et vis une scène digne de Murillo. Jamais forme humaine ne fut plus parfaite que celle de cet infortuné jeune homme. Il se tenait là, dans une attitude de désespoir, ruisselant de sang. Les moines avec leurs lumières, leurs fouets et leurs robes sombres ressemblaient à un groupe de démons faisant leur proie d'un ange errant — on eût dit les furies infernales poursuivant un Oreste fou. Et vraiment aucun sculpteur de l'Antiquité ne dessina jamais forme plus parfaitement exquise que celle de cet infortuné si sauvagement mutilé par les moines. Ce spectacle d'horreur et de cruauté éveilla en un instant mon esprit du long engourdissement dans lequel il s'était affaibli. Je me précipitai au secours de la victime ; je luttai avec les moines en proférant certaines paroles dont j'étais à peine conscient mais dont ils se souvinrent et qu'ils exagérèrent avec toute la précision de la méchanceté.
Commenter  J’apprécie          00
— Et c'est cela, alors, la vie monastique ?
— C'est cela ; à deux exceptions près : pour ceux qui, par l'imagination, peuvent renouveler chaque jour l'espoir de s'échapper et chérissent cet espoir jusqu'à leur lit de mort ; pour ceux qui, comme moi, diminuent leur misère en la divisant et, semblables à l'araignée, se soulagent du poison dont ils sont gonflés en en instillant une goutte à chaque insecte qui, comme vous, peine et agonise dans leur toile.
Commenter  J’apprécie          00
Une nuit, je me réveillai et je crus voir ma cellule en feu, je frémis en me voyant entouré de démons vêtus de flammes, et qui les vomissaient de toutes parts autour de moi. Je sautai à bas de mon lit et je courus à la muraille que je trouvai froide. Je ne doutai pas que l'on m'eût barbouillé sur les murs de ma cellule des figures hideuses ou phosphore, afin de m'effrayer. En effet, je les vis disparaître par degrés aux approches du jour. Je résolus alors de voir, à quelque prix que ce fût, le supérieur dans la journée.
Commenter  J’apprécie          00
Il parlait ensuite des superbes fêtes données par Louis XIV et décrivait avec une précision qui m'émerveillait le magnifique char sur lequel le monarque personnifiait le dieu du jour tandis que, figurant la racaille de l'Olympe, le suivaient tous les souteneurs et prostituées titrés de la cour.
Commenter  J’apprécie          00
Dans cette vaste masse dont les moindres parties paraissaient être en mouvement, il n'y avait qu'une seule impulsion forte et énergique : celle qui poussait une portion de la foule directement vers l'endroit où la victime, bien qu'enveloppée et défendue par tout ce que la puissance spirituelle et temporelle a de plus respectable, la croix et l'épée, se tenait tremblante jusqu'au fond de l'âme. Le grand inquisiteur vit trop tard la faute qu'il avait faite ; il appela les militaires et leur dit de disperser à tout prix la foule. Ils s'efforcèrent d'obéir ; mais déjà ils étaient eux-mêmes mêlés au peuple. Il n'y avait plus aucune apparence d'ordre et, d'ailleurs, les soldats avaient paru dès le premier moment peu disposés à ce service. Ils essayèrent de charger mais, au milieu du peuple qui s'attachait à leurs chevaux, ils ne purent pas même se ranger en bataille, et la première grêle de pierres les mit dans un désordre complet.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (696) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quiz de la Saint-Patrick

    Qui est Saint-Patrick?

    Le saint patron de l’Irlande
    Le saint-patron des brasseurs

    8 questions
    251 lecteurs ont répondu
    Thèmes : fêtes , irlandais , irlande , bière , barCréer un quiz sur ce livre

    {* *}