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Citations sur La Tour de guet (13)

Il me semblait que, de même les pétales flottant et se groupant dans l'eau, je tournai sans poids dans le doux et fallacieux tourbillon d'un monde nourri de reflets, d'échos de voix, d'ombres de corps, fragiles empreintes sur le sable mouvant de l'oubli.
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Je me promis de ne jamais plus participer à une vie qui n'était pas ma vie, me mêler et me confondre à une race qui subsiste et gravit à force de coups, de ruses, de renoncements, de désespoirs, de haine, d'amour et de mort.
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Quand la suite prit le départ et que l’air s’emplit de l’aboiement des chiens, des voix des rabatteurs et des ululements du cor qui ouvrait la journée de chasse, je ressentis un très violent désir de monter au sommet de la tour de guet ; il en était parti, une fois, un cri d’alarme me saisissant au point de ne pouvoir le reléguer au royaume de l’immatériel ou de l’humain. Le soleil se levait à présent derrière les créneaux et me parut plus brillant que jamais. Je me souvins alors que l’époque de la vendange était maintenant très proche, que j’accomplirais vite ma quinzième année et que, d’après tous les indices, je serais armé chevalier.
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Je n’avais pas encore neuf ans que je dus passer, sans transition majeure, de l’alcôve de ma mère au poste le plus bas de la servitude. Et comme le donjon de mon père s’écroulait de place en place et que la paresse et l’incurie se promenaient à leur fantaisie dans les chambres, je n’eus, de ce jour-là, ni lit fixe ni quelque aliment sûr pour me nourrir convenablement. Comme j’étais de nature aussi vorace que mon père et mes frères, j’y trouvai bien de la souffrance, même en dépit de ce que ma mère ne m’eut jamais distingué par des cajoleries d’aucune sorte.
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Une neige fine se mit à tomber. Le baron leva le visage vers le ciel et une scintillante pluie de flocons lui couvrit le front et glissa sur ses joues. Le jeune homme gisait à terre, secoué par un long râle chaudement animal. Mohl tendit alors le bras, brandit sa lance savamment et la précipita sur le corps étendu. L’arme s’enfonça au centre de cette belle et fragile créature : elle la transperça et la cloua au sol. Le baron fait un signe au laquais et celui-ci lâcha les chiens.
Lorsqu’ils le dépecèrent avec des grognements de sauvage plaisir, le baron éperonna son cheval : autour de l’informe gâchis de sang et de chair déchirée qui palpitait encore entre les crocs des chiens, il effectua et répéta encore son fameux galop circulaire, antique et funèbre. A plusieurs reprises, je ne puis savoir combien, il serra et ceignit en son cercle l’informe haillon, hier encore source d’une douceur si profonde, éperdue et infiniment triste.
Au sommet de la tour de guet, l’aube illumina les restes de celui qui fit risquer à un aussi noble chevalier, aussi pondéré, orgueilleux que le baron de Mohl de montrer à des yeux indiscrets la solitude de son cœur.
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Apparut alors, au sommet d’une colline, la baronne, ma dame, sur son blanc coursier. Elle avait disposé ses tresses autour de sa tête comme un diadème d’or et ses yeux affichaient leur singulier dédain étonné. Elle portait un faucon au poing et se couvrait d’un manteau qui, dans la lumière du matin, semblait d’argent. Elle était accompagnée de la plus jeune de ses nièces, celle pour qui j’avais éprouvé un amour modeste et vain ; et je vérifiai à l’instant même que ce sentiment, s’il avait existé, s’était complètement évanoui. Auprès du visage froid, fin et si blanc de ma dame, la robuste et juvénile figure de la jeune fille ressemblait à un pâté.
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« Ces cheveux blonds et ce regard nous restituent l’héritage du passé : personne, des confins les plus lointains de la terre, ne peut rencontrer des cheveux aussi blonds et des yeux aussi bleus et aussi féroces. En contemplant ce jeune homme, je sens sur ma nuque l’haleine des dieux perdus. »
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Toute la furie de la terre était sienne et elle ne trouvait pas suffisamment de quoi se nourrir pour assouvir la meute qui confondait son esprit et son corps en une seule fièvre: faim et soif de sang le soutenaient et le torturaient à la fois depuis des origines très reculées de sa vie. Mon seigneur traînait cette soif et cette faim et n'arriva jamais à en voir le fond. Mais il n'y avait en lui aucune trace de haine. 
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Les paysans prenaient soin de leurs jeunes enfants et leur offraient même des présents : ils les habillaient de toiles aux couleurs vives, tissées par les mères. Mais cela se passait jusqu’à ce que les enfants eussent atteint un âge où la jeunesse n’est plus qu’un rêve. Ils leur retiraient alors brusquement toute caresse, les jetaient face contre terre et les entrainaient sur-le-champ dans une vie aussi peu enviable que leur propre existence.
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Seigneur de la mort, éclaboussé de sang, Mohl promenait l'obscure gloire de la guerre là où, peu auparavant, le printemps naissant essayait d'éclater.
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