Le grand révélateur d’un être, ce n’est pas le devoir, c’est l’amour, et les maladroits sont souvent des gens à qui il n’a pas été donné de mettre la main à une œuvre qu’ils auraient aimée.
La vérité est que, comme tous les Français d’aujourd’hui, tu es un jobard. J’écrirais volontiers un traité sur la jobardise du peuple français, toujours mené par le nez, toujours dupe et amoureux de ses dupeurs. Hier, quand l’Allemand bivouaquait dans nos villages, la France savait quelle était occupée. Aujourd’hui, l’ennemi nous occupe derechef, mais c’est un ennemi invisible, et qu’il ne faut pas nommer.
Les Français ne savaient pas préparer le thé. Il n’y a que les Chinois, les Arabes et les Russes qui le sachent.
La douleur du monde, on peut s’employer à la vaincre, soit par le combat, si on est un homme d’action, soit par la prière, si on est un homme de foi, mais en aucun cas elle ne devrait être un prétexte à polir des phrases.
L’abîme qui sépare les Orientaux des Européens, c’est que les Orientaux aiment le bonheur, et que les Européens ne l’aiment pas. Je parle de l’Europe d’aujourd’hui, bien entendu. En 1972, être heureux, c’est être suspect.
Une civilisation se juge à ses jardins. Il n’y avait pas de grilles autour des jardins, dans l’ancienne Rome, et il n’y en a pas davantage autour de ceux de l’Orient arabe, in hortis operosissimus.
La seule existence de ces grilles, autour de nos rares jardins parisiens, est un scandale. Toujours des barrières ! toujours des interdits ! On croirait que les hommes ne peuvent se passer de bastilles, et qu’ils n’en détruisent une que pour en bâtir une autre à côté, encore plus solide, et encore plus bête.
Que l’on soit dévot ou libertin, ce n’est pas l’avenir qui est intéressant, mais le présent.
Le pire est toujours certain.
L’hygiénisme nous invitait à prendre conscience du bon usage des maux : les furoncles purifiaient le sang, la fièvre délivrait les tissus de leurs toxines, la diarrhée nettoyait les intestins.