AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de AgatheDumaurier


1500 pages ! Et je pourrais continuer encore ! En voilà un grand maître, un conteur hors pair ! William Somerset Maugham (quel nom splendide, ma chère ! Et pas même inventé !) a trouvé la formule de la nouvelle parfaite : celle qui ne vous laisse pas sur votre faim, complète et absolue. Elle tient pas elle-même en quelques pages et contient tout un monde. Deux petits traits de pinceau, et voilà un homme, une femme, un paquebot, Londres, Nice, Monte Carlo, Singapour, Bornéo, la jungle, une tasse de thé, Rome...Ce grand voyageur a visité toute l'Europe et tout l'empire britannique, et il en a ramené pour nous la substance, d'un point de vue européen. Car ce qui est le plus fascinant dans ces récits, c'est la confrontation dans cet univers colonial depuis effondré et parti en poussière, de ceux qui se croient civilisés et de l'Inconnu, mystérieux et incompréhensible, de l'Orient. Les Européens se croient tout puissants et s'aveuglent devant une Nature, naturelle et humaine, qui se tient là, menaçante, prête à les dévorer-à l'exception de ceux qui comprennent que le pouvoir colonial est une illusion d'optique. Les nouvelles regroupées dans un autre recueil sous le titre du "Sortilège malais" sont à cet égard exceptionnelles. Elles sont ici dispersées. Je pense particulièrement à un texte extraordinaire nommé "Un poste dans la brousse" (The Outstation, 1924) où un résident permanent à Bornéo extrêmement snob et amoureux de l'aristocratie anglaise et de tous ses rites, se trouve confronté à un nouvel adjoint né aux colonies (et donc a priori plus à même de comprendre ce qui l'entoure). Malgré son snobisme -ou à cause de lui, car infiniment conscient des règles tacites qui régissent toute société, lui-seul est à même de se fondre dans l'étrangeté qui l'entoure et de la maîtriser avec une finesse sidérante.
Somerset Maugham s'intéresse aussi au couple, à l'amour, à l'amitié, à toutes les lâchetés, vilenies et autres vicissitudes de l'humaine nature, avec une subtilité ébouriffante (je commence à manquer d'adjectifs pour exprimer mon admiration). Tout est tellement vrai, et sans ce défaut qui consiste à se regarder écrire, qu'on a envie que ça ne s'arrête jamais. Ah, ces Anglais.e.s qui ont passé leur vie à écrire pour notre plus grand bonheur de lectrice, Barbara Pym, Austen, Brontë, Christie, Du Maurier, Throllope, Dickens, Maugham, Woolf...et tous les autres... Ah, ils sont inimitables !
Commenter  J’apprécie          521



Ont apprécié cette critique (45)voir plus




{* *}